mardi 7 avril 2020

Rien d'une délivrance

Questions sur la mort. 

Nous sommes aujourd'hui bien loin des - pourtant - récents débats qui agitaient notre société sur "la mort de la mort" évoquée par Laurent Alexandre et des promesses prométhéennes de vie millénaire du trans-humanisme. L'heure est au confinement et à la mascarade, ces uniques et moyenâgeuses parades trouvées face au virus qui nous rappellent la fragilité de notre espèce et viennent illustrer la lutte quotidienne, parfois ridicule et toujours recommencée, de l'humanité pour vivre et survivre.

Au moment où, dans le silence assourdissant de l'exil intérieur qui nous est imposé, la mort, ayant repris ses droits, plane au-dessus des foyers en quête d'une proie prochaine, chacun d'entre-nous prend peut-être davantage conscience que, même si notre société moderne fait tout pour tenir la grande faucheuse à distance, en éloigner la vision et nous prémunir de son odeur méphitique, elle est bien là qui rôde et, telle Moloch-Baal, réclame son lot de victimes quotidiennes. La mort est l'unique vérité. Une vérité dégueulasse, insupportable, incompréhensible, mais pourtant, inévitable.

Alors plus que jamais sans doute, le désir se fait sentir chez certains de chercher l’essence même de la vie et de la traquer dans la diversité des manifestations. Essayer de revenir à l’unité non pas au-delà mais bien emmi les différences. Au fond, cette période nous permet peut-être de prendre conscience que rien ne garantit en effet d'avantage l'erreur que la vaine poursuite d'une vérité qu'on voudrait absolue (et donc, unique). 

Si vérité il y a, certaine et partagée par tous, c'est bien celle de la finitude inéluctable de notre existence. En effet, la source de toute vérité - l'unique vérité pourrait-on même dire - ne réside-t-elle pas dans le mystère absolu, et pourtant tellement intime, de notre trépas ? Tout le reste de l'existence n'étant qu'une immense illusion. Une illusion de vie. 

Mais alors qu'y aurait-il de plus triste que d'avoir, au crépuscule de notre être, la révélation qu'en atteignant à cette vérité unique, notre quête de sens trouverait son épilogue, frustrant, définitif et éternel. Exceptés les croyants, ceux à qui la foi chevillée au corps donne une espérance, personne n'a jamais regardé l'au-delà de la mort. A quoi pourra bien s'employer notre pensée, une fois atteinte cette vérité tellement intérieure et pourtant totalement commune ? La révélation de la mort, c'est la fin de la pensée, aussi bien consciente qu'inconsciente. 

Pour autant, si la mort n'est en rien une délivrance, sauf peut-être pour ceux qui tout au long des jours de leur anxieuse existence n'ont cessé de la craindre, doit-on pour autant se contenter de croire qu'elle n'est que le prélude à un face à face vertigineux et angoissant avec le vide, un dialogue imposé et inévitable avec le néant ? Un sommeil éternel sans rêve ?

Pourtant l'espoir...

Alors pleurons, implorons, gémissons, mais restons humains, et, par ce que rien ne vaut la vie, espérons!

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