mardi 14 janvier 2020

Sur l'impression de n'être rien

Une récente discussion de fin de soirée entre amis nous a conduits sur le chemin de ce sentiment de vide qui parfois nous étreignait. Cette douloureuse impression de "n'être rien" que l'on peut ressentir parfois. Je te livre ici les quelques réflexions que ce sujet a, depuis lors, suscité chez moi...

Dans une époque où l’humanité ne semble plus agir qu’instinctivement, dans l’instantanéité de la réponse à un "post" sur un "réseau social" ou la réaction à une image fugace sur un "service de partage de photographies" (convient-il même encore de parler de photographie ?...), où seule compte la satisfaction immédiate des pulsions, il serait bon de nous rappeler que c’est d’abord le fait d’être doté d’un esprit qui fait de nous des êtres humains. Car, n'en déplaise à certains, nous sommes bel et bien des êtres spirituels. Libres et responsables.

En effet, être humain c’est accepter que liberté et responsabilité caractérisent notre existence. Dans le sens où, d'une part, nous avons le loisir et l'aptitude de dompter notre part animale et de nous libérer de l’influence de nos instincts pour faire appel à notre capacité à décider par nous-même et en appeler à ce que Viktor E. Frankl désigne comme « la liberté de la volonté humaine ». Et, d’autre part, qu'en être responsable nous sommes d'abord responsable envers nous-même, pour pouvoir davantage l’être envers les autres, mais aussi à l’égard de l’environnement qui nous entoure et dans lequel nous évoluons. Et peu importe alors le degré d’insatisfaction ou de frustration que nous pouvons avoir vis à vis de l’existence. Le simple fait de nous interroger sur notre vacuité et de porter sur la vie un regard qui peut être, au mieux dubitatif, au pire désenchanté, prouve notre état d'être pensant; doté d'un esprit; pour tout dire, spirituel. Questionner le sens de sa vie et, partant questionner son existence même n’est-ce pas, à l'instar du rire bergsonien, le propre de l’homme?

Car en tant qu'homme, à la différence des autres êtres vivants, nous ne nous contentons pas d’être mais nous pensons et décidons ce que nous sommes. Et que cette décision soit consciente ou inconsciente n’aliène en rien notre liberté de choix. Nous sommes libre de faire, de ne pas faire, voir même de ne rien faire et laisser faire. Et que nous ayons - ou pas - conscience de ce qui nous a conduit à opérer tel ou tel choix importe peu au fond.

L’autre élément constitutif majeur à mes yeux de notre état d’être humain est la conscience de notre finitude d’être mortel. Le caractère temporel et temporaire de notre existence est, en soi, un paramètre tangible et factuel de notre existence. Je suis puisque je sais que demain je ne serai plus.

La seule question pourrait alors être de savoir si cet homme que je suis est bien celui que je rêvais d'être. Mais cette question n’est sans doute pas d’importance car, dans le même temps, comment saurais-je que rien dans l’homme que je suis n’évoque l’homme que j’aurais pu être ?

Je te laisse, cher lecteur, à ta réflexion...