samedi 23 octobre 2021

En rien promission

60, 50, 30 Km/h en ville. 10 km/h dans certaines rues. Et demain, quoi ? Pour aller jusqu'où ? Une vitesse négative ? On finira bien par nous interdire de nous déplacer ou alors - suprême et paradoxale injonction ! - on nous demandera d'avancer en reculant. Tu me diras, ami lecteur, qu'alors le rêve le plus dingue des pires ayatollahs de la théorie de la décroissance pourrait enfin se réaliser. Mieux reculer pour mieux décroître. A force de réduire l'allure, un jour on risque de devoir tout simplement s'arrêter...

Moins, voir plus du tout de déplacements, constitue l'amorce d'un programme qui, couplé à la fin annoncée par certains de la maison individuelle, nous annonce une ville toute en verticalité qui ressemblerait à s'y méprendre au Los-Angeles futuriste de Blade Runner. Des tours, d'immenses tours où, dans l'idéal, toute la population serait contrainte de vivre. Plus besoin de se déplacer ! Naître, vivre (ou survivre) et mourir au même endroit constituerait alors la promesse ultime d'une vraie "mobilité alternative" pour une population devenue totalement citadine par la force des choses. Mais une humanité immobile, enfermée dans des cités auto-suffisantes, et, dès-lors condamnée au statu quo, pourrait-elle encore évoluer ou sera-t-elle contrainte à une manière de régression (la fameuse "décroissance" prônée par certains) ? Le changement sans mouvement est-il possible ? De quoi se prendre à rêver, non ?

Madame Hidalgo a fait savoir qu'elle souhaitait s'attaquer, si elle était élue, à la vitesse sur les autoroutes. Un frein supplémentaire à la liberté d'aller et venir. C'est de moins en moins la conscience que nous avons de nos actes qui nous autorise - ou pas - à les commettre, mais la multiplication des interdictions qui nous en empêche. L'homme du XXIème serait-il à ce point inconscient pour que son existence ne puisse plus être conçue qu'encadrée par des règlements et des interdits en tous genres. Nous sommes chaque jour davantage poussés à ne plus rien penser mais à obéir pour ne plus jamais avoir à nous tromper.

La "circulation" et l’espace urbain, vus par Hidalgo

Avant de faire, dire et - bientôt - penser quoi que ce soit, il convient d'abord de prendre garde au respect scrupuleux d'injonctions et interdits en tous genres dont la multiplication finit par rendre incompréhensible les raisons même de leur érection. 

Ni loi, ni ordre c'est l'anarchie mais que serait donc un monde exclusivement régi par des interdits ?

Si la loi sans l'ordre peut être l'annonce de l'avènement d'un arbitraire régime de droits sans devoirs, l'ordre sans loi c'est à l'inverse la promesse d'une dictature des devoirs et, partant, de restriction des droits.

Cette séquence où les candidats à la magistrature suprême multiplient les annonces en tous genres synonymes de nouveaux interdits est très révélatrice de l'évolution globale de notre monde.

Fort heureusement, l'expérience nous enseigne qu'en période électorale, accumulation de promesses ne fait en rien promission.