Cioran
jeudi 29 décembre 2022
Rien ne vaut rien ?
jeudi 8 décembre 2022
A peine plus que rien
" Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu'on sait par des gens qui les ignorent."
Chamfort
A-conflicuel : Avec cet alpha privatif en préfixe qui construit et exprime la négation, on dit de moi que je suis "diplomate". Jolie formule pour souligner que je n'aime guère les situations conflictuelles que je cherche, aussi souvent qu'il est possible, le moyen d'éviter.
Cher lecteur, je t'invite à te poser la question suivante : Combien de fois as-tu déjà eu le sentiment de devoir faire semblant pour espérer plaire ? Il est rare, dans les relations extérieures au cercle intime, de pouvoir se montrer tel que l'on est. La vie sociale s'y prête encore moins qui, parfois, nous contraint à nous affubler de masques, à nous protéger derrière le voile d'une forme de paraître. On croit naïvement que ça va le faire et, plus souvent, ça rate...
Prenons, si tu le veux, l'exemple de cette fois où j'ai rejoint - au crépuscule des années quatre vingt - dans un restaurant à la mode un mien très vieil et cher ami, alors en compagnie d'un jeune acteur/animateur de radio de talent, à la renommée déjà très prometteuse. Patatras ! Lors même qu'il n'aurait dû s'agir de rien d'autre que d'une rencontre autour d'une bonne table entre potes (les amis de mes amis...), qui plus est de la même génération, du même milieu parisien et, pour tout dire, du même petit monde qui se croyait "branché", ce ne fut, de ma part, que pauses, ennuyeux étalage de platitudes et faux-semblants. Un tel désastre que je m'en souviens encore avec une certaine gêne. Enfin, ayant croisé de nouveau, quelques années plus tard, la route du même comédien avec qui j'avais partagé ce fameux dîner, je ne pus que constater que lui ne se souvenait de rien, pas même de moi d'ailleurs... Pourtant, j'avais cru alors qu'il suffisait d'afficher crânement, dans une forme de "position haute", la bonne connaissance qui était la mienne de quelques groupes à la mode du temps pour retenir son attention, largement émoussée, il est vrai, par les effets d'une excellente et (trop) abondante Vodka russe et glacée. Vanité...
Cela m'évoque d'ailleurs un autre exemple : ne t'est-il, comme moi, jamais arrivé d'avoir le sentiment que tu en savais davantage sur un certain sujet que ton interlocuteur mais, sa position de "sachant" étant solidement établie parmi la société qui le considérait alors, de te résoudre à l'écouter, à faire semblant d'être intéressé, en un mot de te résigner à paraître apprendre quelque chose que mieux que lui déjà tu savais, en enfilant l'humble masque de l'ignorant ? Jamais ? Allons, un petit effort de mémoire... Tu y es, ça te revient ? Faire semblant... Hypocrisie ? Tartufferie ou simple crainte de déplaire ? Pourtant, l'expérience m'a enseigné que si l'adoption d'une "position basse" peut présenter parfois un intérêt évident pour engager une interaction, l'humilité, si elle est ou même si elle paraît simplement affectée, dessert plus qu'elle n'aide à créer le lien recherché.
Alors faudrait-il toujours savoir être soi-même ? Trop fréquemment, en m'échinant à rester, en société, moi même, j'ai la triste sensation de ne pas parvenir à capter l'attention de mon interlocuteur. Faut-il, comme certains de ces comédiens à la timidité légendaire, absolument endosser l'habit d'un autre pour enfin parvenir à parler de soi ? Et, à l'inverse, se démasquer, est-ce vraiment toujours prendre le risque de se découvrir, au risque d'une certaine vulnérabilité ?
Ces masques de séduction sociale que nous portons et qui nous protègent tout autant qu'ils nous cachent nous aident-ils à devenir quelqu'un ou nous empêchent-ils d'être qui nous sommes vraiment ? Car au fond, qui sommes nous ? A peine plus que rien. A peine. Expression sans alpha privatif cette fois, mais issue de l’adverbe latin ad paene qui signifie "presque, à peu près". A peu près rien.
lundi 14 novembre 2022
Rien de moins
"Dieu a besoin des hommes."
Proverbe
mardi 4 octobre 2022
Droit et devoir de rien dire
"Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir". Pierre Dac
Moi qui suis déjà grand-père, je ne connais vraiment rien. Comment puis-je avoir autant si peu vécu ?
Il me revient ce temps - pas très ancien pour un boomer, préhistorique pour les millenials - où l'on pouvait, sans s'en émouvoir plus que cela, rester longtemps sans rien savoir, sans avoir accès à la moindre actualité, vivre sans être l'esclave de l'immédiateté d'une information globale et partagée. Pas de téléphones intelligents, pas d'Internet, même pas d'ordinateurs portables. Pour se donner des nouvelles, on s'écrivait encore des lettres ou des cartes postales, pour connaître la météo du monde, on lisait des journaux, on écoutait la radio et on regardait le journal de 20h00. Nous n'échangions pas sur des sites de tchat, mais nous passions des heures à refaire le monde sur des bancs publics ou attablés dans des troquets. Le savoir n'était accessible au plus grand nombre que dans les bibliothèques que nous fréquentions alors assidument. Elles étaient la source inépuisable de la Connaissance et le lieu physique d'inattendues rencontres où il m'est, très souvent, arrivé de lier connaissance avec des inconnu(e)s (si, si...!), bien avant l'irruption dans nos très ennuyeuses vie (d'avant) des algorithmes et des intelligences artificielles des réseaux sociaux qui évaluent, ex ante, toutes les interactions et, sans lesquels se rencontrer ne serait, pour beaucoup, même plus (aujourd'hui) envisageable.
L'absence durable d'écho en provenance des siens pouvait certes parfois être la cause d'une angoisse sourde mais, à d'autres moments, ne rien savoir de ses proches ni du monde tel qu'il allait a sans doute protégé notre génération du risque de s'inquiéter davantage encore et nous a, j'en suis certain, fait gagner en autonomie ce que la dépendance numérique fait désormais trop souvent perdre à nos contemporains. A dix-huit ans, j'ai, pour la première fois, traversé l'Atlantique. En un mois, je n'ai échangé brièvement qu' à deux reprises au téléphone avec mes parents et, pour apercevoir quelques photos-souvenirs prises avec un mauvais instamatic Kodak, ils durent attendre plusieurs semaines que je me remembre de faire développer les pellicules restées au fond de mon sac. Ni eux ni moi ne s'inquiétèrent alors. Nous vivions sans chaînes. A cette époque révolue, chacun pouvait, avec une certaine décence, et même une forme de pudeur, garder pour lui ses états d'âme, les épisodes de sa vie, celle des autres, ses musiques, ses lectures ou ses films préférés, ou encore sa secrète passion pour les chatons... Qu'en est-il aujourd'hui du droit de rien dire ?
Nul ne peut m'obliger à avoir un avis sur tout. Pourtant, dans les conversations, même les plus banales, beaucoup se croient autorisés à émettre en tout un jugement, le plus souvent sans appel. Bien plus encore s'ils sont ignorants du sujet débattu. Admettre qu'on ne sait pas, qu'en telle ou telle matière on puisse ne pas avoir d'opinion, c'est désormais prendre le risque de passer pour le dernier des cons... Je m'expose plus souvent qu'autrefois à ce danger que d'aucuns pensent mortel en société. Tant pis ! J'ai passé l'âge de jouer à faire semblant...
Celui qui ne s'exprime pas sur tout, celui qui n'a rien à dire, celui-là trouve t'il encore sa place dans notre monde hyperconnecté ? Longtemps l'humanité - et pour certains c'est trop souvent encore le cas - s'est battue pour obtenir le droit de s'exprimer librement, aujourd'hui, j'en connais qui sont prêts à ferrailler pour recouvrer le droit de se taire, le droit de rien dire. Savoir garder le silence, au risque d'être parfois moqué, au fond, est-ce si grave ? Avec quelques autres, j'ai découvert que l'apprentissage dans le silence - le devoir de rien dire - était parfois le plus sur moyen d'avancer.
dimanche 11 septembre 2022
Rien de noir
« la vie est un bien perdu pour celui qui ne l’a pas vécu comme il aurait voulu» Mihai Eminescu
Un mien ami m'a, cet été, suggéré d'écrire sur mes pensées sombres, ce que parfois certains nomment "idées noires". De celles qui fondent ce que j'appelle pessimisme tempéré, qui m'habite et me meut, et qu'il a tant de peine à comprendre. En ce dimanche qui marque le vingt-et-unième anniversaire des attaques terroristes qui frappèrent tragiquement New York et les Etats-Unis et coutèrent la vie à plus de trois mille personnes, qu'en dire en effet ?
Pour certains - dont il est - la vie, toute tournée vers l'avenir, n'est que projets, plaisirs et absence de contrainte, de toute contrainte. N'affirme-il pas - par une manière de lucidité teintée de forfanterie - qu'avec sa compagne, il n'est pas marié depuis 35 ans ? Il me range du côté de ceux dont il pense que les interdits qu'il se sont forgés au fil de l'existence dressent de puissantes barrières intimes qui empêchent parfois leur vie de s'épanouir aussi bien qu'elle le pourrait peut-être. Quel étrange raisonnement (ou plutôt son absence même) conduit à anticiper en toute matière, de préférence, des pensées négatives ? Toujours d'abord considérer le verre à moitié vide
Parmi les lectures qui ont marqué ma jeunesse, je me souviens du très beau "Qui ose vaincra" de Paul Bonnecarrère, ouvrage qui figurait en bonne place dans la bibliothèque de mon père et qui relatait les exploits des parachutistes de la France Libre. Un titre et une devise qui auraient pu (dû ?) être sources d'inspiration. Une philosophie de l'existence qui enseigne, simplement - certains diront peut-être de façon bien trop simpliste - que celui qui s'autorise à oser, celui-là peut gagner.
S'il m'est heureusement arrivé d'oser, si parfois je me suis permis de vivre mes rêves, d'aller au bout de mes désirs, combien de fois ai-je renoncé par pusillanimité ? Combien de fois ai-je, comme beaucoup, confondu le monde tel qu'il était avec l'interprétation que je m'en faisais ? J'ai trop souvent considéré que l'excès d'optimisme pouvait parfois me mettre en danger, faute de m'être préparé à affronter une situation sont j'exagérais considérablement le caractère complexe ou délicat. Je me souviens parfaitement du lieu où je me trouvais et de ce que je faisais lorsque j'ai appris ce qui se passait de l'autre côté de l'Atlantique. Les images de cette terrible attaque des Twin Towers ont longtemps hanté mes jours et mes nuits. En fonction de notre histoire personnelle, nous ne réagissons pas tous et toutes de la même façon face aux évènements. Certains vont être stimulés par la nouveauté, d’autres vont s’adapter non sans quelques appréhensions et les derniers vont être complètement tétanisés par une situation méconnue. Comment expliquer notre attitude ? Anxiété, peurs, craintes irrationnelles et sentiment d'impuissance forgés au creuset des petits riens qui ont parfois contrarié la réalité subjective de la petite enfance, ou prudent scepticisme, teinté parfois de cynisme, qui ne serait que le fruit amer de l'expérience vécue ?
Cioran écrivit : "La naïveté, l'optimisme, la générosité, - on les rencontre chez les botanistes, les spécialistes des sciences pures, les explorateurs, jamais chez les politiques, les historiens ou les curés (...) On ne s'aigrit que dans le voisinage de l'homme*". Je fais assez mienne cette pensée.
En tout, mon ami, qui est un scientifique, est passionné par la question du "Comment ?" : Comment ça marche ? Comment puis-je faire ? Comment s'y prendre ? Comment faire autrement ?... Cette question, qui est la première de tout travail d'accompagnement depuis la maïeutique socratique est le ressort même de sa grande curiosité en toutes matières. Un élan de vie ?
La question essentielle qui, elle, d'aussi loin que je m'en souvienne, m'a taraudé est celle du "Pourquoi ?" Et peut-être avant tout : Pourquoi la vie, et pas rien ? A quoi bon, au fond ! C'est la question fondatrice, l'élément déclencheur pourrait-on dire, de tout travail thérapeutique, celle qui interroge le ressenti d'une souffrance qui dure et dont on arrive pas à se libérer.
Une pulsion de mort ? Je ne le crois pas, mais peut-être cette "sécurité du pire" décrite par Cioran. Car en regardant dans le rétroviseur, en me souvenant de ma vie, je n'ai pas l'impression d'être passé à coté de la vie et, contrairement à une définition communément admise du pessimisme, je ne crois pas que la somme des maux ait été, dans mon existence, supérieure à celle des biens. Et puis, je n'ai pas choisi. Et même si l'expérience tragique de la vie a amplifié ma tendance à toujours anticiper, en toute circonstance, un résultat indésirable, voir le plus mauvais, au bout du compte cet état d'esprit m'aura souvent réservé de très bonnes surprises. Attendre le pire pour encore mieux jouir du meilleur ? Au fond, le pessimisme tempéré n'incline-t-il pas à une saine vigilance, et, la satisfaction ressentie à l'irruption d'un bien inattendu ne contribue-t-elle pas à ces petits plaisirs qui font le sel même de l'existence ?
"Vous connaissez la fin : tout le monde meurt*". Rien de noir.
mardi 26 juillet 2022
Rien davantage que l'oubli. Archétype.
"C'est toujours un peu délicat pour un homme de parler d'une femme" Sacha Guitry
lundi 18 juillet 2022
Rien à en dire
dimanche 12 juin 2022
Rien sur rien
Il m’est très vite apparu en essayant d'écrire les premiers courts textes qui égrènent ces pages numériques qu’il n’était pas facile de rester simple pour parler de rien. En fait, je me suis fait une manière de philosophie qui consiste à penser qu’on peut parler de rien sans complexe mais qu’il est complexe de parler de rien. Prétentieuse posture, penseras-tu peut-être? Je ne le crois pas. Ambitieuse proposition, c'est certain.
samedi 4 juin 2022
Rien sur la mort
Ô que ne suis-je mort il y a dix mille ans et ressuscité entre-temps à trois reprises déjà. Elias Canetti
samedi 28 mai 2022
Rien sur la vie - Dystopie
C'est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
William Shakespeare - Macbeth
jeudi 19 mai 2022
S'agiter ou ne rien faire ?
« La vie intense est contraire au Tao » Lao Tseu
vendredi 22 avril 2022
Rien d'autre que la démocratie
"Le patriotisme c'est l'amour des siens. Le nationalisme c'est la haine des autres." Romain Gary
Vérité alternative, post-soviétisme et nostalgie de l’empire
semblent être les fondements du nationalisme néo-expansionniste russe théorisé par Poutine. Jusqu’où,
jusque quand ?
Dans quels autres pays que les autocraties et les dictatures
voit-on des affiches guerrières aux murs des salles de classe ? Dans quel autre
pays les unités militaires utilisent-elles, pour marquer leurs conquêtes, des
drapeaux évoquant, avec une forme de nostalgie malsaine, les heures les plus sombres de son histoire ? Je te pose, ami
lecteur, la question. Au rang des démocraties, je n’ai rien trouvé…
Alors, puisque dans quelques heures il va nous falloir désigner notre nouveau chef de l'Etat et, au risque de me répéter, en cette époque du retour d'un étendard tragiquement marqué du sang des innocentes victimes ukrainiennes, rien ne peut justifier de céder un pouce de terrain et, plus que jamais, la défense des valeurs démocratiques et humanistes qui fondent notre République, l'Europe et notre civilisation doit l'emporter dimanche. Tout justifie de se rassembler derrière le Président de la République. Tout dans notre histoire nous y engage, tout dans l'actualité du monde nous y oblige, toute dans le projet présidentiel nous y entraîne. Rien d'autre que la démocratie et le rassemblement. Personnellement, j'ai choisi.
samedi 9 avril 2022
Rien plus juste ce qu'il faut
"Certains hommes changent de parti en fonction de leurs opinions, d’autres changent d’opinion en fonction de leur parti.”
Sir Winston Churchill
Depuis longtemps, et jusqu'au 1er tour de cette élection, on a voulu nous faire accroire que deux camps s'affronteraient que tout semblait opposer. D’un côté il y aurait les grincheux, les complotistes en tout genre, les prophètes de malheur, les mauvais coucheurs et les philosophes rageux et réactionnaires, ceux qui regrettent "la France d’avant" et, de l’autre, les tenants d'un progressisme teinté de "culture" woke, les défenseurs de la théorie du genre, d’une écologie dite "de combat" aux relents néo-païens, les indigénistes, ceux qui prônent en tout le séparatisme et qui revendiquent la (dé)construction du "monde d’après". On a voulu nous enfermer - et, je l'avoue, j'ai pu parfois me laisser faire - dans ce (non) choix manichéen entre deux partis décrits et vécus comme antagonistes et irréductibles. Mais quand l'Histoire est cruelle et l'essentiel en cause...
Au risque d’apparaître moi-même un tantinet manichéen, en ce qui touche à l’humanité je pensais être l'adepte d’une forme d’approche passablement dualiste des choses. Car, au fond, au-delà de ceux que j’aime, ma famille, mes ami(e)s, je ne reconnais que deux genres qui, fort heureusement, ne sont à mes yeux pas irréductibles : celles et ceux que j'aime quand même et les autres, tous les autres… Tu me diras, ami lecteur, et tu n'auras pas tort, que cela fait trois catégories et non pas deux. Et me voila rattrapé par une forme toute hégelienne de dialectique ternaire. Chassez le naturel... L’âge et l’expérience m’ont enseigné de me méfier de mes propres préjugés et, en introduisant la catégorie de ceux que "j'aime quand même", je me risque à une manière de synthèse entre ceux que j'aime et les autres. Une façon d'"en même temps" affectif. Et, si, souvent, j'ai pensé avec Hegel que c'est la confrontation qui faisait avancer le monde, je suis aujourd'hui convaincu que seule la réconciliation lui permet de le faire dans la bonne direction.
Alors, heureusement, en politique comme en toutes choses, il nous reste l'espérance. Non, rien n’est joué. Rien n’est écrit et la démocratie n’a pas dit son dernier mot. Le pouvoir, le vrai, c'est celui de choisir et l'arme la plus efficace que nous ayons entre les mains est un bulletin de vote. Seul le suffrage ne ment pas. N’en déplaise à tous les néo-cons souveraino-populistes et aux tenants d'une bien-pensance progressiste et moralisatrice aux relents sectaires, la France figure, et l'on devrait quotidiennement s'en réjouir, aux rangs des pays - leur nombre ne cesse malheureusement de diminuer - où liberté et démocratie se conjuguent réellement au quotidien. Ici, la voix de chacun compte et l'on peut librement décider du choix de ses dirigeants. Les plus récents évènements nous enseignent à quel point la liberté est chose fragile et nous obligent.
L'une des leçons que l'histoire retiendra de la campagne pour le 1er tour de l'élection présidentielle qui s'achève c'est que, même à la droite de la droite, on trouvera toujours plus extrême que soi, et que cela peut même contribuer à faire les affaires de certaine blonde candidate... Et que dire du camp d'en face ? On s'est, depuis belle lurette, habitué, dans un ordre d'idée similaire, à la présence totalement anachronique, sur la gauche de la gauche, de candidats se revendiquant ouvertement du Marxisme-Léninisme à la mode Trotski ou dans sa tout aussi tragique version Stalinienne (!!!). Les tenants de la lutte des classes, de la révolution permanente et de la dictature du prolétariat, candidats à une élection libre et démocratique !... La vie politique française est unique en son genre. En ce domaine aussi, le temps de la réconciliation est sans doute venu. Et si la solution était à trouver ailleurs que dans l'affrontement permanent entre deux partis, dans un choix se résumant exclusivement à devoir se positionner "pour" ou "contre" ? Et si, au moment où un certain terrible autocrate moscovite a tragiquement fait le choix d'abolir, sur le sol européen, l'humain dans l'humain, on décidait de s'affranchir, enfin, des idéologies irréconciliables héritées du XIXème siècle pour inventer une nouvelle voie politique, celle, par delà les passions partisanes, de l'ambition collective retrouvée et de la concorde. Comme l'a écrit la philosophe Simone Weil : "Seul le bien est un motif légitime de conservation. Le mal des partis saute aux yeux."*
samedi 2 avril 2022
Rien de magique
“On croit ce que l'on veut croire.”
Démosthène
mercredi 23 mars 2022
Rien ne subsistera
Si rien ne reste, ou si peu, et que souvent nous croyons avoir oublié, tout toujours perdure quelque part en nous.
Après des mois de lutte contre un étrange et redoutable virus (qui semble, si l'on en croit les nouvelles, n'avoir toujours pas capitulé...), le monde fait désormais face au plus grand risque de conflit armé généralisé depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et, une fois encore, une fois de plus, comme victime d'une lointaine et terrible malédiction, l'Europe est le théâtre de cette sanglante confrontation. Pour ceux qui, comme moi, ont cru que la belle idée de la construction européenne était l'assurance d'une paix durablement retrouvée sur notre continent, grande est la désillusion. Pourtant, j'ai la prétention de m'être, depuis longtemps, intéressé aux questions de défense. Ancien auditeur de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, j'ai même pris l'engagement de diffuser dans la société et de partager "l'esprit de défense". C'était hier, c'était il y a vingt ans déjà...
Le thème retenu pour notre cinquante-cinquième session nationale portait sur le risque de "guerres asymétriques". Un an après l'attaque des tours jumelles du World Trade Center, certains de nos intervenants d'alors, affirmant que nous étions entrés dans une nouvelle ère de l'Histoire du monde, anticipaient le risque religieux, la montée des communautarismes, le regain d'une manière de nationalisme 2.0 et les tentations centrifuges qui pourraient les accompagner dans nombre de régions du monde, annonciatrices de confrontations armées d'un nouveau genre à venir, mais tous nous enseignèrent alors que le risque d'un conflit de grande intensité sur le sol européen n'était plus guère retenu comme hypothèse de travail, ni la fédération de Russie comme une potentielle menace… Encore une fois l'Histoire, qui se moque bien des algorithmes, des analyses et des prévisions, a, avec son éternelle malice, donné tord aux experts, aux spécialistes et aux sachants.
Pourtant, ce sont, nous dit-on, les hommes qui font l'histoire, tout comme ils peuvent changer leur vie bien plus que la vie ne les transforme. Il est plaisant de feindre qu'en modifiant notre vision du monde, nous nous transformerions et que, par voie de conséquence, nous pourrions transformer le monde. Et si pour une fois nous consentions, ami lecteur, à la croyance inverse ? Et si nous n'étions que le fruit de notre histoire et l'humanité toute entière le jouet impuissant d'un fatum qui la dépasse, emportée qu'elle est dans le tourbillon de l'Histoire. Vie et destin...
Souvent, ici, j'ai affirmé la grande méfiance qui est la mienne (depuis une certaine campagne présidentielle de 1995...) des experts et de leurs pronostics. Sous sommes, à coups surs, entrés dans une période de grands périls, bien malin qui pourrait, aujourd'hui, dire où va le monde ?
Alors, pour ma part, je préfère me contenter de la petite (toute petite) histoire de cette modeste littérature du rien qui alimente ce blog depuis bientôt quatorze ans. Et, en relisant certains des textes qui en ont jalonné l'existence toute numérique, je réalise à quel point nos pensées sont influencées par notre environnement, la conjoncture, et qu'ils composent une manière de journal des petits riens, de ceux qui, mis bout-à-bout, font une vie. Le présent fuit, le passé n'est qu'illusion, seul le futur est encore imaginable. Rien ne subsistera sinon des riens.
vendredi 11 février 2022
Rien d'autre
"Être dilettante, c'est savoir sortir de soi, non peut-être pour servir ses frères humains, mais pour agrandir et varier sa propre vie, pour avoir, au bout du compte, délicieusement pitié des autres, et non, en tout cas, pour leur nuire." Jules Lemaître
jeudi 3 février 2022
Croire à rien
"L'on n'a jamais cru tant de choses que depuis que l'on ne croit plus en rien."
Emmanuel de Las Cases
mercredi 5 janvier 2022
Comme si de rien n'était (Bis)
Les nouveaux donneurs de leçons, ces néo-sachants qui occupent plus souvent qu’à leur tour l’antenne des chaînes d'information, nous enseignent chaque soir sur ce qu’ils ignoraient encore le matin même.