lundi 18 juillet 2022

Rien à en dire

"Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que..."!!!

Il y a quelques temps de cela, avachi dans mon canapé, écrasé que j'étais par la torpeur estivale, je zappais d’une chaîne info à l’autre et, en une soirée, à quelques minutes d’intervalle, j'ai vu le même éditorialiste/consultant/invité permanent qui, sur un plateau, commentait les derniers développements de la guerre en Ukraine, sur un autre les conséquences politiques pour la rentrée parlementaire du drôle de résultat des élections législatives et, enfin, sur un troisième, l'actualité la plus récente de la pandémie de Covid !

Alors, on est sans doute en droit de s'interroger. Quel crédit en effet accorder à ce qui, malgré le talent de certains journalistes qui animent les débats, s’apparente de plus en plus à des discussions de café du commerce entre prétendus experts qui sont, plus surement, de plus ou moins habiles débateurs, des savants très instruits en toutes matières qui donnent à l'envie leur avis sur des sujets sur lesquels ils n'ont pourtant guère de compétence avérée. 

Si je comprends que les journalistes sont, par définition, des généralistes qui doivent pouvoir évoquer tous les sujets d'actualité, que penser de soi-disant spécialistes à qui il est demandé de commenter doctement tous les sujets du moment ? Une manière d'ultracrépidarianisme semble, depuis quelques années, être devenue la règle pour pouvoir être invité à s'exprimer sur les plateaux des talk shows des chaînes continues (dites) d'information. Nous avons même vu, notamment dans le contexte des débats enflammés suscités par la crise sanitaire, d'éminents scientifiques qui, sortant allègrement de leur champ de compétence mais tout auréolé de leurs prix internationaux, défendaient, avec toute l'autorité que peut parfois conférer la tartufferie, des théories vaseuses - lorsqu'elles n'étaient pas dangereuses - au nom de leur supposé savoir...

En tout cas, ce qui semble relever de plus en plus d'une forme de cuistrerie très assumée m'étonne toujours autant et même, pour tout dire, me contrarie un poil. Mais quel peut donc être le nom de cette contrariété ? Un certain goût pour le rationalisme ? La crainte de l'effet "vu et entendu à la télé" sur mes commensaux ? Peut-être...

Si la contrariété nous affecte lorsqu'une situation inattendue révèle un décalage entre nos attentes et le réel, elle peut aussi être la conséquence d'un décalage entre nos intentions et l'effet produit. Quelle est donc - et en ont-ils une d'ailleurs ? - l'intention de ceux qui, à longueur de journée, s'exprimant très au-delà de leur supposé domaine de compétence, commentent l'actualité et en disent toujours un peu plus, souvent un peu trop, surtout lorsqu'ils n'ont rien à en dire ? Mais qu'il est difficile de reconnaître qu'on est, en telle ou telle matière, parfaitement ignorant...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire