mercredi 1 avril 2015

Malheureusement rien d'un poisson d'avril

A force de prendre des coups en vache et d'être le jouet de tours de cochon de la part de ses propres "amis", il n'était pas loin de tourner chèvre ! Mais c'était fini. Ah, ils ne voulaient pas voter ! Soit ! Ils allaient voir... Remaniement ? Ça ne casse pas trois pattes à un canard (et puis, il fallait bien garder quelques cartouches pour la suite des départementales qui s'annonçaient si délicates...). Dissolution ? Il sait très bien qu'une majorité, par les temps qui courent, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval. Faut quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages!

Parce qu'il en avait assez d'éprouver le sentiment d'avoir donné de la confiture à des cochons - au risque de passer pour celui qui agit comme un éléphant (du PS...) dans un magasin de porcelaine - pour éviter le mariage de la carpe (frondeuse) et du lapin (qui s'oppose), il leur a fait le coup du 49.3. Dès lors, fallait les voir, les "frondeurs", les écolos et tous les hypocrites de sénestre serrés comme des sardines sur les bancs de l’Hémicycle, pour comprendre qu'ils allaient voter comme un seul homme. Au fond, ils s'accordent tous pour penser qu'un tien vaut mieux que deux, tu l'auras et qu'il vaut bien mieux tenir (son mandat) que courir (l'électeur perdu)... 

Et puis vint le 29 mars...

Historique, triomphale, monumentale... les adjectifs employés par les échotiers pour qualifier la nouvelle défaite de la majorité aux élections départementales ne manquent pas.

Pourtant, avec l'air tellement grave qu'on lui connaît, depuis dimanche soir, le Premier ministre, engagé dans une forme étonnante de fuite en avant, va partout expliquant que - bien que lourdement défait dans son propre fief essonnien - il ne changera rien à sa politique et qu'il poursuivra sur la même ligne puisque "les Français veulent qu'(il) reste à son poste" (sic!). Même si les analystes et autres experts de tous poils s'accordent pour souligner que le vote populaire s'est encore plus largement déporté sur tribord, il ne modifiera pas le cap. "Salauds de pauvres"[1] aurait pu écrire Marcel Aymé. 



Et le Président dans tout ça... Je suis certain, ami lecteur, que toi-aussi tu t'es posé la question : où donc est passé le locataire de l’Élysée ? Plus affecté qu'on ne le pense par la perte de sa chère Corrèze, notre républicain souverain serait-il frappé du syndrome de l'autruche ?

A Tunis, le Président Essebsi a bien cru apercevoir le fantôme d'un autre François (Mitterrand). Depuis Berlin, Hollande s'est contenté de déclarer, abusant de la métaphore maritime : "Le cap a été fixé et il sera tenu". Mais sur la scène politique nationale, plus de son, plus d'image en provenance de la rue du Faubourg Saint Honoré. 

En ce 1er avril, à part un pauvre plan de com' de spin doctors à la mise en scène éculée, rien. A l'issue du Conseil des ministres, aucune déclaration. Les ministres muets, à la mine triste, font bloc comme les moutons de Panurge autour du 1er d'entre-eux dans la Cour d'honneur de l’Élysée et puis s'en retournent, toutes sirènes hurlantes, vers leurs cabinets respectifs. Aucune éminence qui nous gouverne ne semble se soucier que les français puissent, une fois encore, penser qu'ils sont les dindons de la farce électorale ? Circulez, y' a rien à voir... 

Alors on me dira que c'est un vieux renard le Frankie Dutch. Retiré en son château, chacun s'attend à ce qu'il nous prépare un chien de sa chienne. Mais si, au fond, il avait épuisé ses cartouches et si, comme une poule devant un couteau, il ne savait tout simplement plus comment faire ?

Non, vraiment, à part l'anniversaire de la naissance de Marcel Aymé, il ne s'est rien passé le 29 mars! 

1-"Salauds de pauvres!" Réplique culte de Gabin/Grandgil dans une scène d'anthologie du film la Traversée de Paris, tiré d'une nouvelle de Marcel Aymé.