samedi 1 avril 2023

Rien n'a d'importance

A l'heure où chaque jour nous apporte son lot, amplifié par des réseaux dits sociaux, d'inexactitudes, d'affabulations, de charlatanisme, de "vérités alternatives" et de "fake news", de complotisme et d'impostures, dans sa "liste des gens dont il faut se méfier", un auteur met en garde contre "les vantards de leurs riens."*

Dans sa quête de vérité, le lecteur averti devrait donc, selon lui, prendre garde, en exerçant son esprit critique, à se méfier ou, à tout le moins, à ne pas accorder trop d'importance à ceux qui se vantent de choses insignifiantes ou sans importance réelle. Le besoin égotique de se mettre en valeur, ou une confiance en soi fragile, peut tous nous pousser à exagérer ou à mentir. Mais, après tout, qu'est-ce que la réalité ?

Tu seras sans doute d'accord avec moi pour considérer que la réalité est avant tout un concept subjectif et dépendant de la perspective de l'observateur. Nous percevons le monde par nos sens qui sont autant de filtres qui donnent un sens particulier à la vérité telle que chacun la ressent dans l'expression de "sa réalité". Pourtant, selon certaines théories philosophiques, la vérité est une propriété objective qui peut être attribuée à une proposition ou une déclaration si elle correspond aux faits. Est-ce si certain ?

Pour beaucoup - à commencer par les scientifiques - la vérité n'existe que dans le reflet de l'erreur qui serait la seule chose vraie. On se souviendra que dans la dialectique hégelienne, à partir d'une hypothèse, c'est toujours l'antithèse qui fonde la thèse. Pour le philosophe, lorsqu'une hypothèse est proposée, elle est confrontée à des objections et à des arguments contraires, ou une "antithèse", qui pousse le penseur à repenser son hypothèse et à la développer davantage pour répondre aux objections. Ce processus dialectique peut mener à une nouvelle idée ou une nouvelle "synthèse" qui intègre les perspectives précédemment opposées et pose les fondements d'une manière de vérité.

Toute vérité devrait donc pouvoir être récusable et c'est l'erreur même qui la confirmerait alors. Ce qui est faux n'apparaissant que comme l'autre face indissociable de ce qui est vrai, la vérité ne s'exprimerait que dans une approche duale.

Quant au  mensonge, il n'est le plus souvent qu'une erreur consciente ou, dans les lapsus de parole, une révélation involontaire de l'inconscient et des pensées refoulées.

A la lecture de ce blog peut-être t'est il arrivé, ami lecteur, de parfois te dire qu'on n'était jamais trop méfiant des vantards de leurs riens et de leur expression de la réalité... Mais, après tout, est-ce si grave ? Surtout si l'on veut bien songer qu'en ce samedi 1er avril, au fond rien n'a d'importance.


(*) Charles Dantzig - Encyclopédie capricieuse du tout et du rien