dimanche 30 juin 2019

Rien de mieux

L’été est là. Période propice au farniente et au repos réparateur. Rien de mieux, en effet, pour lutter contre la tristimanie qu'engendre la vie dans nos grises cités, qu'en tout d’œuvrer à emparadiser le quotidien en se laissant un peu aller au beau, au rêve... Au risque même d’une forme de plaisante langueur à laquelle la torpeur de la chaleur estivale peut nous incliner.

L’été, après tout, est la saison idéale pour s’encagnarder, et tu conviendras avec moi, ami lecteur, qu'il est bon ne rien faire en se laissant bercer par la douce poésie de la songerie à laquelle est propice l'état de conscience modifié qu'entraîne l'abus d'inactivité.

Poésie du songe, langage de l'inconscient...

En effet, si l’inconscient est langage et que tout langage est poésie, alors l’inconscient fait poésie. Et si la poésie est un absolu inatteignable, l’inconscient est poésie en ce sens que ses rives sont lointaines, parfois confuses, enténébrées, difficiles d'accès, et qu’il semble n'obéir qu'à sa propre logique, qui n’est pas celle d’un langage directement intelligible.

Se délivrer, enfin, de toute forme de savoir, de toute netteté, et se laisser aller à l'inscience sur les ailes floues du rêve et de la fantasmagorie.

Je souhaite à chacun de belles rêvasseries estivales...


mercredi 5 juin 2019

Douter de rien. Traces de rêve...

Le grand Tout est-il supérieur à la somme des petits riens qui composent l’ensemble, de même que l'intérêt général est considéré comme supérieur à la somme des intérêts particuliers ?

Au-delà de la solitude accablante et du sentiment d’impuissance dans lesquels nous vivons, prendre conscience que nos êtres profonds se rattachent à un grand Tout c'est comprendre que chaque homme est relié et intégré à un ensemble bien supérieur à la simple somme des parties qui le composent, qu'être aimer n’est rien, qu'aimer est tout, mais qu'il faut accepter que, malheureusement, rien ne dure.

Conviens avec moi, cher lecteur, que rien de ce qui précède un mais n’a d’importance. Je n'ai jamais cherché à plaire mais j'aime bien qu'on m'aime. Retenir : j'aime qu'on m'aime!

As-tu déjà réalisé à quel point les rêves qui peuplent nos nuits peuvent être emplis du souvenir des petits riens qui habitent nos jours ? Et combien pourtant l'assemblage hétéroclite de ces souvenirs s'éloigne des codes de la réalité objective pour tracer les voies d'une autre perception, celle d'un réel symbolique, onirique et dont, bien souvent, si nous ne faisons pas un effort particulier d'interprétation, la signification nous échappe. Tous ces petits riens qui conservent dans notre mémoire un éclat particulier sont recomposés dans l'alphabet du langage d'un discours inconscient et qui se dérobe, tout comme la mémoire de nos songes s'estompe, elle, avec le réveil.

"L’inconscient c’est le discours de l’Autre" disait Lacan, peut-être est-ce pour cette raison que je me surprends plus souvent qu'à mon tour à ne pas partager mon avis.

Dire rien sur tout, c’est n’aller nulle part. Pour comprendre la course du monde, faut-il mieux ne rien croire du tout ou douter de rien ?

" Quand on est animé par l’envie de saisir la vérité et la profondeur des choses, de les appréhender toutes deux avec amour, ce sont surtout les hasards, les petits riens qui conservent dans notre mémoire un éclat particulier... il faut simplement que le fortuit n’occulte pas l’essentiel... "

Hermann Hesse - Propos sur les voyages - 1904