mardi 26 juillet 2022

Rien davantage que l'oubli. Archétype.

"C'est toujours un peu délicat pour un homme de parler d'une femme" Sacha Guitry


Si, pour chaque homme, la vie commence dans l’odeur merdeuse des couches et se termine dans la puanteur de la mort, s'il peut nous arriver à tous, à de certains moments de notre existence, de faire face à des situations difficiles qui nous plongent dans la merde, certains, aspirant peut-être à retrouver le nauséabond parfum si particulier des langes de leur plus jeune âge, passent le plus clair de leur temps à vouloir la remuer. Et, si je peux me permettre, cette dernière caractéristique n'est pas spécifiquement masculine...

Lors, celle-là dont je n'évoquerai pas davantage ici le souvenir (faute, peut-être d'en avoir...) relevait plutôt de cette dernière catégorie. Elle était un archétype de ce que l'on qualifiait alors - on le pouvait encore sans crainte d'être taxé de sexisme ! - d'emmerdeuse patentée. C'était ce qu'il est convenu d'appeler une militante. Elle se revendiquait viscéralement d'une gauche socialo-trotskiste aux inspirations libertaires, tout en s'affirmant très scrupuleusement végétarienne, tendance radis-kale. Elle voyait chez tous les hommes - au seul prétexte qu’ils fussent des mâles - de petits Hitler en puissance (oubliant d’ailleurs au passage que le tyran sanguinaire, dénonçant avant l’heure la maltraitante animale et proclamant que "dans le nouveau Reich, il ne devra plus y avoir de place pour la cruauté envers les bêtes"*, rêvait que chaque bon aryen devint végétarien…). Et pourtant, par sa beauté bien sur - mais pas seulement...- elle excellait dans l'art si délicat de se rendre aimable. Et nombreux furent ceux qui l'aimèrent alors...

Tu remarqueras sans doute, ami lecteur, que je parle d'icelle à l'imparfait. Non pas qu'elle fut décédée - en tout cas pas à ma toute relative connaissance - mais parce que je n'ai eu aucun mal à totalement et volontairement effacer la moindre parcelle de souvenir d'un personnage sorti tout droit non de ma mémoire mais de mon imagination. S'échiner à ne pas l'évoquer c'est déjà l'évoquer trop. Elle ne mérite rien davantage que l'oubli.

Alors, puisque la proximité des congés m'autorise, sans culpabilité aucune, à ne rien écrire de plus sur un souvenir totalement fictionnel, je n'en dirai pas davantage et me contenterai de souhaiter à ceux qui partent de bonnes et reposantes vacances et à ceux qui resteront chez eux quelques belles et heureuses journées jusqu'à nos prochaines retrouvailles scripturales. Enfin, aux autres, et notamment l'oubliée volontaire et fantasmée du jour, je n'ai rien de plus à dire...

Bonnes vacances !

*citation rigoureusement exacte du petit caporal autrichien

lundi 18 juillet 2022

Rien à en dire

"Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que..."!!!

Il y a quelques temps de cela, avachi dans mon canapé, écrasé que j'étais par la torpeur estivale, je zappais d’une chaîne info à l’autre et, en une soirée, à quelques minutes d’intervalle, j'ai vu le même éditorialiste/consultant/invité permanent qui, sur un plateau, commentait les derniers développements de la guerre en Ukraine, sur un autre les conséquences politiques pour la rentrée parlementaire du drôle de résultat des élections législatives et, enfin, sur un troisième, l'actualité la plus récente de la pandémie de Covid !

Alors, on est sans doute en droit de s'interroger. Quel crédit en effet accorder à ce qui, malgré le talent de certains journalistes qui animent les débats, s’apparente de plus en plus à des discussions de café du commerce entre prétendus experts qui sont, plus surement, de plus ou moins habiles débateurs, des savants très instruits en toutes matières qui donnent à l'envie leur avis sur des sujets sur lesquels ils n'ont pourtant guère de compétence avérée. 

Si je comprends que les journalistes sont, par définition, des généralistes qui doivent pouvoir évoquer tous les sujets d'actualité, que penser de soi-disant spécialistes à qui il est demandé de commenter doctement tous les sujets du moment ? Une manière d'ultracrépidarianisme semble, depuis quelques années, être devenue la règle pour pouvoir être invité à s'exprimer sur les plateaux des talk shows des chaînes continues (dites) d'information. Nous avons même vu, notamment dans le contexte des débats enflammés suscités par la crise sanitaire, d'éminents scientifiques qui, sortant allègrement de leur champ de compétence mais tout auréolé de leurs prix internationaux, défendaient, avec toute l'autorité que peut parfois conférer la tartufferie, des théories vaseuses - lorsqu'elles n'étaient pas dangereuses - au nom de leur supposé savoir...

En tout cas, ce qui semble relever de plus en plus d'une forme de cuistrerie très assumée m'étonne toujours autant et même, pour tout dire, me contrarie un poil. Mais quel peut donc être le nom de cette contrariété ? Un certain goût pour le rationalisme ? La crainte de l'effet "vu et entendu à la télé" sur mes commensaux ? Peut-être...

Si la contrariété nous affecte lorsqu'une situation inattendue révèle un décalage entre nos attentes et le réel, elle peut aussi être la conséquence d'un décalage entre nos intentions et l'effet produit. Quelle est donc - et en ont-ils une d'ailleurs ? - l'intention de ceux qui, à longueur de journée, s'exprimant très au-delà de leur supposé domaine de compétence, commentent l'actualité et en disent toujours un peu plus, souvent un peu trop, surtout lorsqu'ils n'ont rien à en dire ? Mais qu'il est difficile de reconnaître qu'on est, en telle ou telle matière, parfaitement ignorant...