mardi 22 juin 2021

Rien de grave

Rien ne reste, ni l'amer ni l'aigreur.
Richard Bohringer - C'est beau une ville la nuit


Fallait bien que ça arrive ! Avec les très fortes précipitations qui se sont abattues sur la région parisienne, j'ai eu la mauvaise surprise, en rentrant aujourd'hui à la maison, de découvrir le sous-sol inondé... 

Plusieurs de nos voisins font face au même désagrément. Ô, rien de grave bien sûr ! Quelques centimètres de flotte sale dans des caves et des sous-sols, que du matériel, mais un incident qui vient nous rappeler la puissance des éléments naturels même si, je l'espère, il restera unique.

Les sols de notre rue tranquille, gorgés d'eau, n'arrivent plus à absorber le surplus et, dans ces conditions, les ouvrages hydrauliques qui servent à l'évacuation des eaux pluviales, ne suffisent plus et n'évacuent plus guère. J'en déduis que l'utilisation d'un réseau d'assainissement pour le déversement des eaux pluviales, même en point haut - ce qui est notre cas - ne protège pas totalement contre le risque d'inondation. C'est sans doute un risque à accepter. Et, de toute façon, comment dimensionner les choses pour faire face à un phénomène heureusement rare ? Limites de la culture du risque et du principe de précaution...

Rien ne reste, comme l'a si joliment écrit Bohringer, des moments désagréables. A l'exception de contrariants souvenirs qui, avec le temps, pourront demain faire sourire et même, je le crois, donner un jour le prétexte à en rire. Ni amertume, ni aigreur.

lundi 14 juin 2021

Parler de rien avec tout le monde

As-tu remarqué, ami lecteur, comme la présence ou l'absence d'un simple article peut singulièrement venir modifier la signification d'une phrase ? Ainsi, parler à une personne c'est bien s'adresser à quelqu'un, à un tiers, mais parler à personne c'est parler tout seul ou se parler à soi-même, ce qui est - presque - la même chose.

Certains prennent les choses avec philosophie, d'aucuns se rient de tout, d'autres prennent tout au tragique, d'autres, enfin, prennent au contraire tout à la légère. Les derniers parlent sérieusement pour ne rien dire. 

On dit parfois qu'on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Mais peut-on rire de rien ? Pourrait-on imaginer rire de rien, avec philosophie ? 

Si on peut se contenter de ne parler de rien à quiconque, nul ne peut en tout cas parler de tout avec personne. On peut soliloquer et parler tout seul - selon certaines études, se parler à soi-même serait plutôt un signe de bonne santé mentale - mais est-il concevable de parler sans s'adresser à personne ? 

Contre la solitude, certains s'inventent des amis imaginaires pour se rassurer. Pourtant, il y a des choses qu'on ne dit jamais à personne, des secrets tellement intimes qu'on a du mal à les partager, même pas avec soi, et puis il y a tellement de choses dont on parle avec tout le monde que c'est peut-être bon au fond de garder cette part d'intimité.

La solution que j'essaie de mettre en œuvre consiste non pas à parler de tout à un ami sorti tout droit de mon imagination mais à écrire, sur tout et rien, surtout des petits riens, à écrire pour parler de rien en m'adressant à tout le monde...

samedi 5 juin 2021

Il n'y a rien

Telle un fleuve de lave incandescente qui ne refroidirait jamais, la haine coule dans les veines de ceux qui, absolument certains de la justesse de leur cause, détestent ceux qui questionnent, qui cherchent et qui doutent, parfois même naïvement. Il en est ainsi de certains "fous de Dieu" qui, pour la "défense" d'une idée dévoyée de la religiosité, sont prêts à tout et vont, au nom d'un Dieu imaginé, d'une religion fantasmée, jusqu'à nier l'humanité, jusqu'à massacrer. Anéantir l'autre au nom de l'Autre ?

Si je ne dirai jamais que je ne crois pas et ne me définis pas comme athée, agnostique est sans doute le mot qui m'est le plus approprié. Je ne rejette pas, bien au contraire, l'idée de transcendance mais le doute m'habite et je crois qu'en effet nous sommes simplement incapables de savoir si Dieu est ou non. 

Certains font le pari de Pascal, moi je doute. On dit d'ailleurs, et c'est presque paradoxal, que le doute nourrit la foi. Il encourage en tout cas certainement une forme d'espérance. J'aime l'idée que si personne ne peut fournir la preuve que Dieu existe, nul ne peut non plus apporter la preuve contraire.

Naïf penseras-tu ? 

Je préfère quant à moi passer pour un naïf attardé que pour un cynique décadent. Et puis même si je n'ai guère de goût pour le syncrétisme, la lecture du prologue de Jean, du Livre des Rois, des gnostiques et de certains évangiles apocryphes nourrit malgré tout une manière de réflexion spirituelle qui s'élabore dans le creuset tout personnel d'une spiritualité délivrée des oripeaux du clergé, de tout dogme et donc de la religion. Une spiritualité laïque ? 

Mais, me diras-tu peut-être, en quoi croire alors si, comme nous l'a enseigné Hermès Trismégiste, "il n'y a rien là où Dien n'est pas".