dimanche 12 septembre 2010

Jamais rien


Rien, que tchi, macache, walou, que dalle, queud', nib', nada ...
Aujourd'hui, cher lecteur, je ne trouve rien qui mérite de t'être narré !

Et puis tout soudain me revient en mémoire le film de Chabrol d'après le roman de Manchette, Nada. L'histoire de cette bande d'anars un peu amateurs qui projettent d'enlever l'ambassadeur des États Unis à Paris. Le ratage qui s'en suit. Michel Aumont  dans le rôle d'un commissaire bien décidé à retrouver, coûte que coûte,  les meurtriers d'un flic tué  dans  l'action. Le carnage final. La violence qui répond à la violence. Pour rien. Nada ! Dans la même veine un peu dénonciatrice, un peu militante des années 70, tu te souviendras sans doute avec moi de "Solo" de Mocky, de sa mise en scène d'une autre bande de jeunes plus ou moins anarchistes, prêts à tout pour faire péter la société. 

Tout faire péter, frapper  le pays de l'Oncle Sam, s'attaquer au cœur de "l'empire du mal" symbolisé par cette nouvelle Sodome qu'est aux yeux d'une partie du monde New York, n'était-ce pas le sens même des attaques lancées contre l'Amérique le 11 septembre 2001 ? Nous sommes nombreux à avoir vécu en direct ces attentats qui restent pour partie encore nimbés d'un halo de mystère. En voyant à la télé le deuxième avion percuter la façade sud-ouest de la tour sud du World Trade Center, j'avais vraiment le sentiment d'assister à une mauvaise série B. Je m'attendais presque à ce que Captain America ou Arnold Schwarzenegger apparaissent à l'écran pour sauver le monde. Mais non. Et l'image que je garde en mémoire est celle d'une pluie de corps tombant lourdement. Les corps de ceux qui voulant échapper aux flammes se jetaient dans le vide par les fenêtres brisées des derniers étages des tours jumelles. Car de super-héros les arrêtant dans leur chute, il n'y en eut pas. En se défenestrant, ceux-là préféraient sans doute choisir  la façon dont ils allaient  mourir plutôt qu'ils ne fuyaient la morsure des flammes.

C'était hier la date anniversaire du plus grand attentat du début du XXIème siècle.  Difficile d'échapper aux commémorations. C'est aussi ce weekend  la fête de l'Huma. Bien que souvent le menu musical de la grande scène du parc de la Courneuve ait fait battre plus que de raison mon cœur de rocker, jamais je n'y ai mis les pieds. Trop réac' sans doute ! Même s'il m'est arrivé de me surprendre à partager un déjeuner avec le rédacteur en chef du quotidien des communistes au dernier étage du siège  historique de Saint Denis ....  C'était avant que le journal - signe des temps de crise que traverse la presse écrite - décide, pour faire face à de graves difficultés financières, de mettre en vente ce témoignage de béton de l'œuvre d'Oscar Niemeyer. Mais c'est une toute autre histoire.

En pensant à la concomitance des dates, je crois que je préfère, même si j'y vois aussi une forme de célébration d'une utopie dévoyée, l'idée d'une fête consacrée à l'humanité que la fixation presque malsaine qu'entraîne, de fait, la commémoration des attentats du 11 septembre. Que l'on doive honorer la mémoire des victimes, c'est une évidence mais  pourquoi commémorer ? N'est ce pas finalement donner raison aux terroristes ? Faire que les fondements nauséabonds de ces attentas résonnent et se perpétuent dans le temps ? On commémore quoi au juste ? La victoire des plans déments de monstrueux fanatiques dont les esprits dérangés ont conçu cette horreur ? 

On feint alors de s'étonner qu'un obscurantiste pasteur de Floride veuille brûler le Coran ou que des prédicateurs évangélistes  dénoncent à New York le projet de construction de "la mosquée de la victoire". Pourtant, leurs prônes délirants s'inscrivent bien dans la logique de confrontation, de violence répondant à la violence, qui puise ses racines dans les fondations de ground zero. Près de dix ans plus tard, les intégrismes de tout bord auraient-ils gagné ? Moi, à l'exception du 14 juillet, de son défilé sur les Champs Élysées, de ses bals popus, des lampions  et des feux d'artifice, je n'aime pas - assurément trop anar ! - les comémos qui donnent souvent  le prétexte  à entretenir les ferments de haine et de fanatisme. Certes il ne faut rien oublier, et surtout pas ceux qui ne sont plus là, mais il faut aussi pouvoir avancer. Opposer aux morts des uns les morts des autres ne résout rien, jamais.
Jamais rien ...