mercredi 27 juin 2018

Plus rien à faire... Vraiment ?

Après une chronique télévisée dans laquelle un célèbre journaliste économique se désolait, ce matin, que nous puissions, au détriment de l'investissement dans l'entreprise être devenus les champions du monde de l'épargne financière, on a pu voir – drôle de proximité - un spot de publicité ventant les mérites d'une automobile dont le curieux slogan est : « ce qui peut vous arriver de mieux... c’est qu’il ne se passe rien !»

Étonnante promesse, surtout lorsque, en pleine coupe du monde de football, elle est associée, par le malheureux concours d'un partenariat commercial, à l’image de l’équipe de France. De là à considérer que ce qui pourrait arriver de mieux en Russie aux joueurs de Didier Deschamps serait qu’à force de thésauriser ils n’arrivent à rien, il n’y a qu’un petit pas...

Drôle d'époque qui préfère le match nul obtenu sans aucune prise de risque, assurant (sic!) la qualification de notre équipe nationale, à une victoire héroïque comme celle des coréens du sud, sortis de la compétition mais glorieux vainqueurs de l'équipe championne du monde; une de celles qui bien sur exposent mais dont le panache suscite longtemps après encore l'admiration des spectateurs. 

Ne serait-ce pas, au fond, une nouvelle conséquence de ce fameux "principe de précaution" qui doit aujourd'hui présider à l'ensemble de nos prises de décision ? Surtout ne jamais prendre le moindre risque et plutôt même ne rien faire que de jamais s'exposer! S'épargner plutôt que de se trop dépenser. Petits calculs ou goût de l'aventure ? (s')épargner ou (s')investir ?

Cela fait déjà presque quatre semaines que j'ai, pour ma part, repris ma liberté et que, choisissant l'inconnu des chemins de traverse, je ne me suis plus rendu, comme je le faisais chaque matin depuis sept ans en ligne droite, jusqu'au bureau que j'occupais au sixième étage du 238 de la rue de Vaugirard... Combien de fois pourtant m'étais-je entendu dire: "reste tranquille, au chaud...", "fais le dos rond...", "ne prend pas de risque..." (Grrr!)

J’ai finalement pris la résolution de ne plus regarder le sol mais de porter haut mon regard pour mieux pouvoir contempler les étoiles. Pour décrocher la lune, c'est toujours mieux que baisser la tête et regarder ses pompes.C'était surtout, je crois, la garantie de pouvoir continuer à croiser, sans gêne, mon reflet dans le miroir de la salle de bains. 

Et puis, mieux vaut parfois avoir la tête ailleurs que de marcher dessus...

Ces quelques jours ont passé très vite et m'ont permis de prendre de la distance et de me tenir éloigné du tumulte et des remous qui ont agité le siège parisien ces temps derniers. Ils ont non seulement constitué des moments propices à la réflexion et à l'introspection mais également l'occasion de nombreuses rencontres, de conversations plus poussées qu'à l'ordinaire, d’arguments échangés et de prises de décisions. Ces moments m'ont aussi donné - ce fut le cas aujourd'hui - la très réconfortante opportunité de retrouvailles avec certains visages amis (ils se reconnaîtront) plus revus depuis trop longtemps... 

Et si ces journées de juin ont réellement été beaucoup plus actives que je ne l'avais envisagé, elles m'ont par dessus tout encore une fois donné le loisir de quelques petits riens qui font le sel de l'existence.
  
Associés au fil du temps, ces petits riens qu'il m'arrive parfois de relater ici et qui, pris dans leur singularité ne pèsent pas grand chose, forment peu à peu collectivement un tout qui, je l’espère, à la fin ne sera pas rien.

Alors, plus rien à faire... Vraiment ?