mercredi 13 janvier 2010

Plagiats ....

Je m'apprêtai à publier ici même un texte intitulé "le saigneur des agneaux" et là, patatras, je découvre qu'il est déjà pris et qu'un pastiche burlesque du roman homonyme de Tolkien a été publié sous ce titre. Déception meurtrie de l'auteur de ces lignes ! Quoi ? Comment ? Un autre aurait eu la même géniale idée, et avant moi qui plus est ! L'audacieux, le malhonnête, en un mot, le plagiaire.

Mais après tout être traité de plagiaire, est-ce si infamant ? Car il en va des textes comme du reste d'un monde où comme l'a si justement écrit M. de Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".

Régulièrement on voue aux gémonies tel ou tel, y compris parfois un ministre de la République, pris la main dans le sac du plagiat. Mais qui peut vraiment se vanter de ne subir aucune influence ? Ne passons nous pas notre temps à (souvent mal) imiter les maîtres qui nous ont enseigné ? A répéter, mais c'est l'art de la pédagogie me direz vous, des leçons parfois mal apprises...

Il me vient à ce moment précis l'agréable souvenir de lecture d'un joli petit essai de Jean-Luc Hennig qui si ma mémoire ne me fait pas trop défaut s'intitulait "Apologie du plagiat". En substance il disait :

"Ayez le courage de vos plagiats. Ne vous laissez pas abuser par les sirènes des censeurs, des puritains, des professionnels de l'indignation vertueuse. Vous volez des droits d'auteur ? Foutaises ! En fait, vous ne volez rien du tout, vous faites circuler les textes, vous êtes un passeur de mots, vous ne vous les réservez pas, vous les distribuez."

Avec l'avènement du Net, est-ce la mort de l'Auteur qui est annoncée ? Sans doute pas et les textes ont encore de beaux jours devant eux. Avec ou sans emprunts (grand ou petit), influences, imitations (volontaires ou pas) ou simple don de mimétisme, ils sont nombreux ceux qui au fil de l'histoire des lettres se sont inspirés de leurs aînés ou de leurs contemporains. La toile leur donne juste un peu plus de facilité puisque, sans ciseaux ni glu, ils coupent et collent à volonté. Mais qui peut vraiment se targuer de faire acte de création ? Combien sont ils les vrais génies créatifs ? Bien sur il faut préserver les droits intellectuels des auteurs sur leur oeuvre, mais il faut aussi transmettre et faire passer. Rien ne serait pire en effet qu'un monde de bibliothèques réservées aux seuls bibliophiles et aux rats éponymes qui, sous couvert de conservation, se réserveraient le savoir et, tels le moine du "Nom de la Rose" interdiraient par tous moyens aux non-initiés d'accéder à la connaissance. Certains parmi nos contemporains jouent aujourd'hui le rôle des copistes des abbayes du Moyen-âge et contribuent à transmettre et donc à diffuser le savoir. Plagiat n'est pas piraterie.

Pour autant, faut-il "célébrer le pastiche" comme nous le demandait Pierre Assouline dans le magazine Lire ? Pour ma part, c'est plutôt le Pastis que je veux fêter et au risque de plagier un célèbre dandy chanteur, comme moi, amoureux de la Balagne, plaçant au-dessus de tout l'amitié, amateur de single malts et de gros Vitoles je conclurai par ces mots : "On nous cache tout, on nous dit rien. Plus on apprend plus on ne sait rien. On nous informe vraiment sur rien."



vendredi 8 janvier 2010

Sorbonneries...


Un mien ami professeur et sénateur que je ne nommerai pas (il se reconnaîtra s'il lit ces quelques lignes...) animait autrefois l'un de ces clubs politiques qui fleurissaient dans les années quatre-vingt du siècle dernier. Un club justement appelé "Cercle Robert de Sorbon"; du nom même de celui qui en 1253 fonda le Collège devenu, au fil du temps, la plus célèbre et le plus prestigieuse des universités parisiennes.

Aujourd'hui, vendredi 8 janvier 2010, soit 757 ans après la fondation du lieu, j'ai eu l'extrême honneur de "professer" en Sorbonne. J'en suis encore tout esbaudi ! J'avais dû pourtant à regret quitter avant que le fromage ne fut servi un repas fort agréable et bien arrosé réunissant quelques camarades autour de notre ami Laurent qui bientôt quittera Paris pour s'installer en Terre Sainte. En affrontant les frimas hivernaux, j'ai rejoint la Sorbonne par la rue Claude Bernard et la rue Saint Jacques. Un huissier accorte m'indiqua très aimablement mon chemin à l'effet de trouver la salle où je devais officier en lieu et place d'une amie indisposée et qui m'avait demandé de la suppléer ; ce que j'avais accepté de faire.

Tête des étudiants qui l'heure venue, guettent leur professeure et voient, cher lecteur, arriver ton serviteur ! L'étonnement fait vite place à la curiosité et les escholiers présents attendent du "Maître" officiant que puisse leur être dispensé leur dose de Connaissance. Dois-je préciser qu'avec mes amis ripailleurs nous avions trouvé le thème définitif de mon exposé quelques minutes seulement avant que je ne me mette en chemin pour rejoindre les prestigieux amphithéâtres du Gai Savoir désormais installés où fût naguère la maison d'un certain Jean d’Orléans et les écuries contiguës de Pierre Pique-l’Ane cédés à Robert de Sorbon par la Reine Blanche de Castille ?

J'en étais encore à me demander ce que j'allais bien pouvoir raconter quand, magie du lieu ou encouragement puisé dans le silence attentif et recueilli de l'auditoire, un mot est venu, puis un autre, et, de phrase en phrase, les deux heures de conférence prévues ont passé sans même que je ne m'en rende compte. Et quand le moment de la fin du cours est arrivé, plusieurs de ces jeunes étudiants sont venus vers moi pour échanger encore quelques mots, solliciter un conseil, demander un service, une carte de visite... Pourtant, comme à chaque fois qu'il m'est donné de parler devant un auditoire, je doutais encore ce matin de ma capacité à pouvoir non seulement capter son attention mais aussi à pouvoir transmettre une once du modeste savoir que j'ai au fil du temps acquis et qui me donne, de loin en loin, l'occasion de pouvoir guider les pas de plus jeunes ou de moins expérimentés.

Si aujourd'hui j'ai pu, par la force du verbe et de l'expérience partagée, donner à certains l'envie et la passion de cette belle matière qu'est le tourisme et de ses métiers, ce soir sans doute suis-je en droit de me sentir un peu plus utile, et partant, meilleur. En un mot, un peu moins Sorbon à rien...

samedi 2 janvier 2010

Un rien de négligence


Jeudi 31 décembre 2009. Aucune envie particulière de "réveillonner", alors nous avons opté pour une séance de Cinématographe et avons choisi d'aller voir le dernier opus de James Cameron : Avatar.

Alors nous voilà partis, un ami, ma chérie et moi. Direction le Boulevard du Montparnasse et la belle et grande salle digne de cet événement. Et c'est bien d'un événement qu'il s'agit tant la magie est là, présente, tellement parfaite qu'on en oublie totalement que tout ce que l'on voit n'est que le produit de la technologie et des bits qui rythment (comme les beats d'un drummer talentuueux...) la vie du cœur des machines d'aujourd'hui. Après tout, c'est peut-être ça ce vingt-et-unième siècle de Science-Fiction tant attendu ou craint par les lecteurs de Vance, Van Vogt, Herbert, K Dick et autre Silverberg: le siècle d'une forme de distraction totalement nouvelle et originale, l'illusion de l'instant.

Au-delà de la prouesse technique, ce qui séduit c'est aussi la capacité des concepteurs du film à faire passer un message authentiquement écologique sans pour autant avoir sacrifié le (grand) spectacle, ni être tombé dans un pathos de bon aloi en ces temps de mauvaise digestion de l'échec de la conférence de Copenhague. Je ne suis pas séduit par l'écologie militante lorsqu'elle évoque de mauvais souvenirs et de nauséabonds relents teintés de la couleur en vogue dans l'Allemagne des années trente, mais le respect d'une forme d'équilibre de la nature est sans nul doute le gage d'un développement harmonieux et durable, et j'aime à penser comme Luc Ferry que l' homme pourrait se réconcilier avec la nature sans renoncer à maintenir une forme de croissance synonyme de mieux-être pour une grande partie de l'humanité !

Mais ce n'est pas d'écologie que je voulais t'entretenir, cher ami lecteur, mais de prévention de la santé (?).

En effet, en ces heures d'épidémie virale d'une grippe venue d'Asie, de statistiques alarmistes, de vaccination généralisée et de conseils (pas toujours) avisés, quelle ne fut pas notre (très grande) surprise de découvrir que d'une séance l'autre, le public (nous) se voyait proposer de chausser les mêmes paires de lunettes indispensables à la bonne perception des effets 3D; et ce, sans précaution aucune; ni désinfection, ni asepsie particulière, ni même la simple application d'un aérosol désinfectant, antibactérien, antifongique et antivirus (si, si ça existe !)

Lors même qu'on nous rebat les oreilles en nous expliquant que le virus de la grippe H1N1 peut se propager en touchant une surface contaminée (il resterait vivant de 8 à 48 heures à l'air libre, selon la nature de la surface sur laquelle il repose); qu'il survivrait plus longtemps sur les surfaces dures et lisses comme le plastique (dont sont faites les fameuses lunettes); qu'il est fortement recommandé par la Faculté "d'éviter de toucher les objets touchés par d'autres" (Sic!)... Pourtant donc, en moins de cinq minutes, les lunettes magiques transhument (Atchoum!) d'un nez à l'autre, sans subir d'autre manipulation que le passage par la main de l'ouvreuse qui elle aussi - sans doute pour gagner du temps (c'est de l'argent !) - tend les paires de lunettes pour assurer une meilleure "transmission" (re-sic!) de la file des sortants à celle des entrants. Si l'on songe aux plus de trois millions de nos contemporains qui en France se sont déjà (et à juste titre) précipités voir le film, on voudrait accélérer la propagation qu'on ne s'y prendrait pas autrement... Pourtant pas un spectateur ce soir là présent (moi y compris) n'a refusé de chausser les bésicles possiblement infectées. Incroyable mais pourtant vécu ! Je jurerais ne pas avoir été le seul que cette scène a intrigué.

Morale de l'histoire : Ayant refusé de me faire vacciner, si demain je suis malade c'est que, non content de m'être il y a longtemps fait refilé par Messieurs Druillet, Moebius, Manoeuvre et autres Humanoïdes Associés le virus de la Science Fiction qui m'a conduit à choisir d'aller voir ce film, j'aurai, par la cause d'un rien de négligence de la part d'un exploitant de salle, contracté le virus de la grippe A...vatar !

Bonjour la Science ! Merci la Fiction !





samedi 19 décembre 2009

Petites contrariétés...


Courses de Noël. Joie des fêtes, sourires d'enfants, souvenirs d'enfance, soupirs et transes... N'étaient ! 

N'étaient les petites contrariétés qui, et avec quelle soudaine brutalité, ont l'art et la manière de nous ramener à la dure réalité de nos vies de consommateurs occidentaux du vingt-et-unième siècle ...

Connais-tu cher lecteur l'existence du fichier "Préventel" ? Non! Ça me rassure! A moi aussi, jusqu'à hier, cet avatar au petit pied d'Edwige était totalement inconnu, ou plutôt le pensais-je naïvement puisqu'on le verra tout à l'heure, sans même le savoir, je ne lui étais pour ma part pas vraiment étranger...

Hier après-midi donc je franchissais, altier bien que refroidi par les premières gelées hivernales, le pas de la porte d'une boutique de téléphonie mobile. Je mandais un vendeur pour qu'il me conseille dans le choix d'un appareil et d'une formule de forfait pour mon fils. Rapidement nous fîmes affaire ; je m'étais muni d'un R.I.B., d'une pièce d'identité et de ma carte de crédit, autant d'accessoires fort utiles en l'occurence. Vint alors le moment de la révélation. Et au moment où le vendeur tapait mon nom sur son ordinateur pour établir le contrat qui allait pour douze mois me lier à son employeur d'opérateur, un son d'alerte retentit et la procédure fut, comme par une main divine, interrompue. Je lisais alors sur son épaule le message alarmiste lui enjoignant l'ordre d'appeler sans attendre le centre de traitement des contrats d'abonnement. Ce qu'il fit derechef. Son interlocutrice anonyme lui indiqua alors que, figurant sur le fichier "Préventel", je ne pouvais prétendre souscrire en conséquence de nouveau contrat avec un opérateur de téléphonie, sauf à devoir mettre en place une caution exorbitante de 300 Euros ; lors même que l'appareil concerné n'en coûtait qu'un malheureux... Or donc, me voici désormais (et pour dix ans me fit-il savoir) "interdit téléphonique" (sic!) et donc dans l'incapacité d'offrir à Sébastien le portable attendu !

C'est quand même un peu fort de café ! Près de vingt ans sans une anicroche. Portable, téléphone fixe et abonnement internet souscrits auprès de la même entreprise et réglés en temps et en heure, rubis sur l'ongle. Par prélèvements automatiques qui plus est ! Mais rien n'y fit ! La règle, c'est la règle !

Par la faute d'une autre compagnie contre laquelle j'ai engagé une procédure judiciaire pour prélèvements abusifs et dont ma fille attend toujours le retour d'un téléphone parti en réparation (sans doute sur la lune puisqu'il a été déposé chez un revendeur depuis plus d'un an sans jamais être depuis reparu...) Par la faute de véritables escrocs dont les pratiques léonines et abusives furent pourtant dénoncées par un certain ministre champenois de mes amis, me voici vilipendé, frappé d'oprobe, mon nom jeté aux chiens, ma mémoire (pourtant vive) en exécration aux opérateurs téléphoniques; me voilà montré du doigt, interdit... pour tout dire, fiché ! Et sans même le savoir ! Orwell, reviens, ils sont devenus fous !

Episode anodin de la lutte jamais finie entre le pot de terre et le pot de fer mais il m'a renforcé dans l'idée de poursuivre la croisade judiciaire engagée et de faire ajouter par mon avocat aux griefs que j'avais déja à l'encontre de ce mauvais coucheur d'opérateur une plainte pour procédure abusive.

Cet incident de trois fois rien m'a fort peiné et a pour tout dire un peu gâché l'idée que je me faisais de la fête. Alors ami, crois m'en et fais très attention, Big brother is already watching you...

vendredi 11 décembre 2009

Des bulles, presque rien...



Soirée de gala "Paris fête le Champagne" organisée hier dans le cadre prestigieux du restaurant Laurent par Antoine Borgey et sa société Nabu (http://www.nabu.fr/) qui avait fait le pari de nous faire découvrir ou redécouvrir pour la onzième édition de ce moment festif dédié au vin de Champagne les grands rosés de l'appellation.

Outre les quatorze formidables vins servis pendant l'apéritif-dégustation, parmi lesquels on retiendra plus particulièrement un Pommery Louise rosé 1995, un Bollinger Grande Année en magnum rosé 2002, un Dom Pérignon rosé magnum 1990, un Krug rosé ou encore un Dom Ruinart rosé magnum 1990, nous avons éprouvé un réel coup de coeur pour le Jacquesson Dizy Terre Rouge rosé de 2004; rosé gourmand de macération issu d'un assemblage de pinot meunier et pinot noir, il s'habille d'une robe très colorée; c'est un vrai vin, légèrement tannique au caractère raffiné et affirmé.

Grâce à Monsieur Jean-Hervé Chiquet présent à notre table d'amis réunis par mon frère Frédéric-Xavier nous avons pu ensuite découvrir et déguster quelques nectars très représentatifs des produits d'une grande maison de Champagne; grande maison en effet si ce n'est par la quantité du moins par la très constante qualité d'une production irréprochable.

Nous avons notamment bu pour accompagner le délicieux repas préparé par Alain Pégouret, chef étoilé de chez Laurent :
  • Avec la Palette de légumes raves relevés d'huiles aromatiques et épicées, un Champagne Jacquesson 2000 - Champagne de table à l'acidité dense et la salinité exemplaire.
  • Avec le Homard dans un consommé clair, pleurotes et borage, un Champagne Jacquesson grand vin, signature 1988 - Extraordinaire millésime en dégorgement tardif, immense vin !
  • Avec la Tourte de gibier, nous fîmes quelque infidélité aux vignobles d'Avize, Aÿ, Dizy et Hautvilliers avec un splendide Hermitage "Les Chirats de Saint Christophe" 2006 des Vins de Vienne, fruit de l'association de trois grands viticulteurs de la rive droite du Rhône : Pierre Gaillard, Yves Cuilleron et François Villard; un vin corsé, corpulent, idéal sur des gibiers.
  • Avec le Nougat glacé aux coings, retour en Champagne, par l'intermédiare d'un Champagne Jacquesson Cuvée N° 733 issue de la vendange 2003, un Brut précis et généreux sur le dessert.
Mais de tous ces vins exceptionnels, c'est vraiment le grand vin, signature 1988 qui me laissera le plus parfait souvenir d'un vin complexe, équilibré et au potentiel encore énorme !

Une belle et grande découverte humaine aussi que celle de Jean-Hervé Chiquet, passionné et passionnant vigneron champenois qui a mis toute sa bonhomie et son art du vin à nous initier, nous parfaits béotiens, aux mystères bachiques de la belle maison Jacquesson ( http://www.champagnejacquesson.com/).

Cette marque qui avait connu son heure de gloire au XIXème siècle serait tombée dans l'oubli sans la famille Chiquet qui l'a rachetée en 1974 et lui donne aujourd'hui de nouvelles lettres de noblesse. Antoine Gerbelle de la revue du vin de France qui était présent hier soir et parrainait l'évènement n'a pas hésité à lui attribuer la meilleure note, soit ***, dans le guide des meilleurs vins de France 2010 qu'il co-signe avec Olivier Poussier et Olivier Poels.

Une soirée fort agréable dont nous sommes partis à regret, des étoiles plein les yeux et des bulles plein la fête; des bulles, presque rien ...


lundi 7 décembre 2009

Paris insolite

Hommage à Jean-Claude Clébert et à ce livre extraordinaire dans tous les sens du terme; à ce "roman aléatoire" que je viens de lire d'une traite comme on avale un litron de rouge entre potes d'un soir autour d'un Camembert et d'un quignon de pain rassis...

A lire ou relire d'urgence tant ce Paris des années 50 est une véritable "terra incognita" pour ceux de ma génération et qu'il faut impérativement redécouvrir pour mieux comprendre le coup de gueule d'un abbé deux ans plus tard; ce Paris avec ces Halles et son hameau de Bercy, ses fortifs, ses bistrots improbables, avec ses cloches et ses chiffonniers qui n'étaient pas encore d'Emmaüs... Un Paris d'avant-guerre survivant encore aux assauts des pelleteuses et des grues des architectes et autres aménageurs de notre moderne ville où les abris sont devenus bien rares aux trimardeurs.

Avec les photos de Patrick Molinard qui évoquent, et ce n'est pas un hasard, les clichés d'un autre de leurs amis et compagnon de dérives, le grand Robert Doisneau.
Ce bouquin, que j'ai découvert par hasard chez un libraire du canal Saint Martin, j'ai appris depuis qu'il avait influencé les Situationnistes et on les comprend.
Quel dommage que son projet de dictionnaire de la pègre n'ait pas abouti. Il aurait sans doute mérité de siéger dans la bibliothèque entre Audiard et Simonin...
Un vrai, un grand coup de cœur pour un essai qui se dévore comme un François Villon moderne et qui est fait de petits riens du tout....

mardi 17 novembre 2009

Itinéraire ...


Alors que déjà s'estompe le délicieux souvenir de nos agapes musiraltiennes, il me vient une envie. J'aimerais écrire un texte que j'intitulerais avec un plaisir tout plagiaire "itinéraire d'un enfant raté" ou même "itinéraire d'un enfant taré"...

Fruit de l'union charnelle d'un voyageur à l'itinéraire un peu raté et d'une femme-enfant souvent paumée, mon personnage, plus gâté que ne le fut celui de Claude Lellouche incarné à l'écran par Bébel, pérégrinerait d'un bout à l'autre de sa tête et les récits de ses voyages intérieurs amuseraient les hommes, tant les émotions, puis les souvenirs qu'ils susciteraient seraient puissants et évocateurs. Il s’appellerait Horace, comme le poète latin. Et puis Horace c'est mieux qu'Octave, et d'ailleurs Octave c'est déjà pris (n'est-ce pas M. Beg ?) Il pourrait vivre du coté de Grasse, ou de la Grèce, allez savoir ? Près de la Méditerranée, c'est sur. Mais en lui tournant le dos. Car Horace serait malade en bateau (enfin, c'est ce qu'il penserait, n'ayant jamais eu l'occasion de naviguer...) et puis la simple vue de sa mère suffirait à lui donner mal au cœur.

Il ne saurait évidemment pas nager, ni bronzer non plus. Car pouvoir bronzer, çà n'est pas donné à tout le monde. Il faut, pour acquérir le hâle qui sied, de longues heures d'entrainement et de pratique, bref ! il faut du temps. Du temps, voila bien ce qui, depuis sa naissance, aurait le plus manqué à Horace. Du temps certes, mais lequel ? En effet, pour lui, pas de présent qui s'enfuit déjà, pas de passé, qui n'a jamais été, encore moins de futur, qui ne sera pas. Mais un plus-que-parfait, un temps de conjugaison nettement plus conforme à ce qu'il serait, lui le "plus que parfait", le bon à rien, un moins que rien, un enfant taré, l'égal d'un dieu.

Ô bien sur pas un dieu de l'Olympe, ni même un petit Orisha, non, encore moins un héros, mais parce qu'il serait un peu différent et qu'il tutoierait les étoiles et l'infini, Horace serait bien plus qu'un simple mortel. Le zéro de l'infini. Un dieu simple qui porterait des chaussettes de tennis blanches en coton, vous savez celles qui tire-bouchonnent sur les chevilles, sous un pantalon trop court de flanelle grise lustré sur les cuisses et tout froissé derrière les genoux. Et puis Horace adorerait pousser les caddies au supermarché, rêver sur la musique de Robert Wyatt, boire du Chianti mélangé à du Schweppes tiède et manger de la saucisse de foie de veau accompagnée de frites grasses baignant dans une mauvaise mayonnaise en tube et du ketchup. Il prendrait un soin méticuleux et sauvage à laisser toujours de belles et grosses taches sur son tricot de corps, qui n'aurait jamais été vraiment blanc.

Horace aurait un chien nommé Web avec lequel il entretiendrait chaque matin, et le soir aussi les jours de pleine lune, de longues conversations philosophiques, ou des débats passionnés sur les résultats des matchs de football entre la France et toutes les autres équipes, l'effondrement financier d'un mirage économique construit sur du sable, ou même les vraies raisons de la libération de Roman Polanski des geôles helvètes...

Et parce que notre coriace Horace serait un être doué de déraison, il pourrait divaguer tout à loisir, en ne rendant de comptes qu'à lui-même, c'est à dire à personne... 

Il y en aurait eu des choses à raconter sur la vie de mon zéro. J'aurais aimé écrire ces lignes, ami lecteur, et pourtant, je ne le ferai pas...

lundi 16 novembre 2009

Traditions...


En Bourgogne, la saison des vendanges se termine par "les trois glorieuses" :
  • Un chapitre des chevaliers du Tastevin en leur Chateau du Clos de Vougeot, 
  • la vente des vins des Hospices de Beaune, et,
  • la Paulée de Meursault.
Cette année, grâce à un très cher ami bourguignon, j'ai pu - ayant la chance d'avoir, grâce au même ami, il y a quelques années été intronisé à Vougeot - participer au Chapitre et partager aujourd'hui le Grand Repas de la Paulée de Meursault.

Double bonheur bachique et gastronomique qui s'accompagna - cerise sur le gâteau ! - d'une fort agréable rencontre avec Gérard Oberlé, écrivain, jouisseur et sybarite à qui était remis le prix 2009. Lorsqu'on sait par quels terribles désagréments il a passé cet été, on comprend mieux sa joie d'être là, parmi les siens, amateurs de grands crus et de vins de soif, vignerons et ivrognes, heureux d'être ensemble et de partager l'émotion et l'ivresse du vin. Tous les mois, je me précipite avec délectation sur les lettres à Emilie que cet excellent chroniqueur livre aux abonnés du magazine Lire, et je recommande chaudement, cher lecteur, à ta curiosité gourmande son Ô combien délicieux "Itinéraire spiritueux".

Mais plutôt que de longs discours, j'ai décidé de reproduire ici le menu qui nous a été servi et la liste des vins que nous avons bus. Tous avaient été apportés par Alain Jacquier et quelques uns de ses amis, vignerons et amateurs, de Dijon réunis pour le plaisir de les faire partager. Belle tablée de soifards me diras tu et tu n'auras pas totalement tort...

Aujourd'hui, nous bûmes, d'abord quelques Blancs :

Avec la salade d'Ecrevisses, Chiboust de crustacés, Salpicon de Foie Gras,

Un Meursault 1er Cru "Les Charmes" 2001 de chez Ropiteau
Un Chassagne-Montrachet 1er Cru "Les Ruchottes" 2001 de la maison Leflaive
Un Mercurey 1er Cru 2007 "La Mission" Chamirey Monopole.

Puis, pour accompagner le Feuilleté de Saint-Jacques et langoustines, sauce Murisaltienne et sa Fondue de poireaux vanillés,

Un Meursault 1er Cru "Goutte d'Or" 2002 de Pierre Boillot (Extraordinaire!)
Un Pernand-Vergelesses 2007 de chez Laleure-Piot
Un Meursault 1er Cru "Perrières" 1999 de chez Coche-Dury
Un Meursault 1er Cru "Genevrières" 1999 de M. André Brunet
Un fameux Meursault "Les Griots"2001 en Magnum de chez Ballot-Millot
et, enfin,
Un Meursault 1er Cru 2006 du domaine du chateau de Meursault offert par M. Boissot à notre table de joyeux entonneurs...

Pour suivre, les Rouges et d'abord, avec notre premier plat,

Le Suprême de Volaille "Patte Noire" troussé aux Morilles, Conchiglie farcis à la Ricotta et Epinards frais,

Un Pommard 1er Cru "Les Jarollières" 1982 de la maison Boillot
Un (très fameux) Pommard 1er Cru "Les Buzeroles" 2002 de Jean-François Gros
Un Volnay 1er Cru "Les Angles" 2006 de la maison Boillot
Un Nuits Saint Georges 1996 "Forets de Saint Georges" Clos de l'Arlot (Incroyable !)
Un Corton Grand Cru 2000 "Hospices de Beaune" de M. Henri Boillot
Un Vosne-Romanée 1er Cru 1999 "Clos des Réas" de Michel Gros.

Avec le second plat de viande,

Médaillon d'épaule d'Agneau cuite sept heures, Jus court, Pommes confites à la Graisse d'Oie

Un Volnay 1er Cru 1989 "Ancienne Cuvée Caillerets" en Magnum de la maison Bouchard
Un très exceptionnel flacon de Corton Grand Cru 1959 en Magnum de la maison Bouchard
Un Meursault 1er Cru 1999 de chez Brunet
Un Volnay "Clos des Chênes" 2005 du Chateau de Meursault, de très bonne facture.

Enfin, et pour accompagner les Fromages Affinés, Pain aux Noix et Noisettes,

Un Echezeaux 1996 du Domaine de la Romanée Conti (Extraordinaire, tout simplement!)
Un Romanée Saint-Vivant 1988 du Domaine de la Romanée Conti
Un Volnay "Clos des Chênes" 2000 de Michel Lafarge venait clore cette dégustation d'anthologie.

J'aurais aimé, cher lecteur, en guise de pousse-café, te laisser sur le souvenir d'un vénérable Marc de Bourgogne mais la nuit tombée et un train à grande vitesse trop pressé de nous ramener de Bourgogne à Paris m'a empêché de pouvoir savourer la Charlotte aux Poires et pain d'Epices, Chocolat Chaud et Glace Pistache qui venait conclure ces belles agapes.

Qu'ajouter à présent, sinon le souvenir d'un bonheur intact ce soir en rédigeant ces quelques lignes et la volonté de te le faire partager. Par Noé, père de la vigne, Bacchus, dieu du vin et Saint Vincent, patron des vignerons!