mercredi 13 janvier 2010

Plagiats ....

Je m'apprêtai à publier ici même un texte intitulé "le saigneur des agneaux" et là, patatras, je découvre qu'il est déjà pris et qu'un pastiche burlesque du roman homonyme de Tolkien a été publié sous ce titre. Déception meurtrie de l'auteur de ces lignes ! Quoi ? Comment ? Un autre aurait eu la même géniale idée, et avant moi qui plus est ! L'audacieux, le malhonnête, en un mot, le plagiaire.

Mais après tout être traité de plagiaire, est-ce si infamant ? Car il en va des textes comme du reste d'un monde où comme l'a si justement écrit M. de Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".

Régulièrement on voue aux gémonies tel ou tel, y compris parfois un ministre de la République, pris la main dans le sac du plagiat. Mais qui peut vraiment se vanter de ne subir aucune influence ? Ne passons nous pas notre temps à (souvent mal) imiter les maîtres qui nous ont enseigné ? A répéter, mais c'est l'art de la pédagogie me direz vous, des leçons parfois mal apprises...

Il me vient à ce moment précis l'agréable souvenir de lecture d'un joli petit essai de Jean-Luc Hennig qui si ma mémoire ne me fait pas trop défaut s'intitulait "Apologie du plagiat". En substance il disait :

"Ayez le courage de vos plagiats. Ne vous laissez pas abuser par les sirènes des censeurs, des puritains, des professionnels de l'indignation vertueuse. Vous volez des droits d'auteur ? Foutaises ! En fait, vous ne volez rien du tout, vous faites circuler les textes, vous êtes un passeur de mots, vous ne vous les réservez pas, vous les distribuez."

Avec l'avènement du Net, est-ce la mort de l'Auteur qui est annoncée ? Sans doute pas et les textes ont encore de beaux jours devant eux. Avec ou sans emprunts (grand ou petit), influences, imitations (volontaires ou pas) ou simple don de mimétisme, ils sont nombreux ceux qui au fil de l'histoire des lettres se sont inspirés de leurs aînés ou de leurs contemporains. La toile leur donne juste un peu plus de facilité puisque, sans ciseaux ni glu, ils coupent et collent à volonté. Mais qui peut vraiment se targuer de faire acte de création ? Combien sont ils les vrais génies créatifs ? Bien sur il faut préserver les droits intellectuels des auteurs sur leur oeuvre, mais il faut aussi transmettre et faire passer. Rien ne serait pire en effet qu'un monde de bibliothèques réservées aux seuls bibliophiles et aux rats éponymes qui, sous couvert de conservation, se réserveraient le savoir et, tels le moine du "Nom de la Rose" interdiraient par tous moyens aux non-initiés d'accéder à la connaissance. Certains parmi nos contemporains jouent aujourd'hui le rôle des copistes des abbayes du Moyen-âge et contribuent à transmettre et donc à diffuser le savoir. Plagiat n'est pas piraterie.

Pour autant, faut-il "célébrer le pastiche" comme nous le demandait Pierre Assouline dans le magazine Lire ? Pour ma part, c'est plutôt le Pastis que je veux fêter et au risque de plagier un célèbre dandy chanteur, comme moi, amoureux de la Balagne, plaçant au-dessus de tout l'amitié, amateur de single malts et de gros Vitoles je conclurai par ces mots : "On nous cache tout, on nous dit rien. Plus on apprend plus on ne sait rien. On nous informe vraiment sur rien."



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