dimanche 17 janvier 2010

Privilège ou vanité...


Ce matin je retrouve, et avec quelle joie, Albert de Paname sur Facebook.

Alors, comme Tristan à la fin des années 80, je suis de bonne, bonne, bonne humeur ce matin, y’a des matins comme ça...

Tellement de souvenirs remontent. Et surtout des bons !

Nos points de repère nocturnes s’appelaient alors Les Bains, la Nouvelle Eve, le Royal Lieu, le Palace et autre Balajo... Une chanson un peu ridicule,  un air de Mambo sur lequel nous dansions me revient en tête (Elle ne l'a jamais quitté en fait et pourtant cela doit remonter à une soirée au Privilège en 1983 ou 84...) : "Mange des tomates mon amour, mange des tomates tous les jours, ça donne bonne mine, c'est plein de vitamines, vitamines ABC, c’est bon pour la santé ! »

Ils n’avaient pourtant pas tous bonnes mines les danseurs d’alors ; et les vitamines de synthèse qu’ils consommaient c’est souvent dans les toilettes qu’ils allaient les prendre ….

Toutes les nuits n’étaient pas de pleine lune, mais une étoile filante prénommée Pascale illuminait de sa grâce la piste du Privilège lorsqu’elle dansait sur des airs latino-américains enchaînés par Albert, ou au rythme de la Disco endiablée programmée par Guy Cuevas.

Pascale nous a quitté, victime d’un abus de « vitamines » cité Bergère. Elle est morte dans la rue, à la porte du Privilège. Etait-ce une de ces nuits de la pleine lune ? Du titre éponyme de ce film qui la rendit célèbre, et qui illustra dans la série des dictons et proverbes une belle maxime champenoise : "Qui a deux femmes perd son âme, Qui a deux maisons perd la raison." Eric Rohmer est mort aussi…

Pourquoi cette évocation des soirées d’Albert me renvoie-t’elle à Pascale Ogier et Eric Rohmer? Sans doute le cinéaste a-t-il su toucher le cœur de cette génération à laquelle nous appartenions. Celle qui avait connu le Punk et sa philosophie « no future », le disco, ses paillettes et ses fêtes, la new puis la cold wave, et les fêtes mises en musique par Albert, maître de cérémonie incontesté de sets qui savait mixer comme personne les mélodies de Dario Moreno et les derniers morceaux à la mode de Joe Jackson ou de Kid Créole & ses Coconuts.

J’ai eu la chance d’être au Palace un certain mois de décembre et d’y assister à un concert mémorable de Serge Gainsbourg, avec les choristes des Wailers, les musiciens de Bob Marley et Peter Tosh, et plus particulièrement Sly Dunbar et Robby Shakespear à la rythmique.

J’étais là aussi pour un incroyable et totalement destroy  concert des Undertones interrompu avant la fin par une bagarre générale entre punks pleins de Valstar et de mauvais speed et skinheads défoncés à la colle à bois… Là encore, au Centre Ville, un endroit branché des Halles et gay avant l'heure dont le barman aristo nous avait pris en affection et nous offrait plus de cocktails que nous ne pouvions en payer, un soir de baston avec des skins qui s’étaient armés sur un chantier voisin de fers à béton et qui voulaient à tout prix entrer... Nous sortions avec mes amis Michel et Philippe d’un Cinéma voisin où nous avions vu le film des Clash. Ce soir là nous nous sommes un peu pris nous aussi pour des rude boys engagés dans une « white riot »… La rue du Bourg l’Abbé avec un Pacadis déchiré, dans l’attente d’un regard ou d'un geste de Marylin pour pouvoir entrer… Jenny Bel Air et le vestiaire du Palace, et puis son fumoir du premier où tout, ou presque, était autorisé… Et puis surtout les nuits dans les sous-sols de la rue du Faubourg Montmartre; ce sentiment, pour quelques grammes de matière plastique, d’appartenir, grâce à la carte que nous avait donné Fabrice, à une forme de noblesse de la nuit. Celle du Privilège. Vanité…

Tous ces souvenirs me reviennent en vrac. Mais ils sont pourtant là, bien présents et tellement vifs à ma mémoire. Et Albert - pourquoi plus que d’autres ?- en fait partie. La mémoire est comme çà, faite de grandes choses et de petits riens…

3 commentaires:

  1. Bonjour Thierry. Merci infiniment pour ce post. Avez-vous connu Pascale Odier? Je suis un admirateur absolu et malheureux. Profondement malheureux qu'elle soit partie, et malheureux de ne pas pouvoir en savoir plus sur sa vie, sur qui elle etait.
    Si vous l'avez connue, comme semblent le suggerer vos anedoctes a propos du Palace, je vous serais infiniment reconnaissant de bien vouloir m'en parler plus longuement. Ce serait un magnifique cadeau.
    Merci.
    Pierre.

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  2. Bonjour Pierre,
    Merci pour votre commentaire. Non, je n'ai pas connu Pascale Ogier personnellement et je serais bien en mal de pouvoir vous en dire davantage...
    Nous nous croisions la nuit, dans les boîtes à la mode où souvent Fabrice Lucchini était son chevalier servant. Comme vous je l'ai admirée discrètement...
    Désolé de ne pas pouvoir vous faire ce cadeau.
    Cordialement,
    Thierry

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  3. Merci beaucoup Thierry.
    J'essaye de rentrer en contact avec des personnes ayant connu Pascale. Ce n'est peut etre pas une demarche tres saine -a la limite cela releve du stalking-, mais j'eprouve une curiosite insatiable a son egard et je ne peux me resoudre a rester dans l'ignorance totale. J'ai 'rencontre' sur facebook Sylvie Mandel qui a tres bien connu Pascale et j'attend beaucoup de cette source d'information. Si cela vous interesse, je vous tiendrai informe de mes recherches.
    Bien Cordialement
    Pierre.

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