mardi 17 novembre 2009

Itinéraire ...


Alors que déjà s'estompe le délicieux souvenir de nos agapes musiraltiennes, il me vient une envie. J'aimerais écrire un texte que j'intitulerais avec un plaisir tout plagiaire "itinéraire d'un enfant raté" ou même "itinéraire d'un enfant taré"...

Fruit de l'union charnelle d'un voyageur à l'itinéraire un peu raté et d'une femme-enfant souvent paumée, mon personnage, plus gâté que ne le fut celui de Claude Lellouche incarné à l'écran par Bébel, pérégrinerait d'un bout à l'autre de sa tête et les récits de ses voyages intérieurs amuseraient les hommes, tant les émotions, puis les souvenirs qu'ils susciteraient seraient puissants et évocateurs. Il s’appellerait Horace, comme le poète latin. Et puis Horace c'est mieux qu'Octave, et d'ailleurs Octave c'est déjà pris (n'est-ce pas M. Beg ?) Il pourrait vivre du coté de Grasse, ou de la Grèce, allez savoir ? Près de la Méditerranée, c'est sur. Mais en lui tournant le dos. Car Horace serait malade en bateau (enfin, c'est ce qu'il penserait, n'ayant jamais eu l'occasion de naviguer...) et puis la simple vue de sa mère suffirait à lui donner mal au cœur.

Il ne saurait évidemment pas nager, ni bronzer non plus. Car pouvoir bronzer, çà n'est pas donné à tout le monde. Il faut, pour acquérir le hâle qui sied, de longues heures d'entrainement et de pratique, bref ! il faut du temps. Du temps, voila bien ce qui, depuis sa naissance, aurait le plus manqué à Horace. Du temps certes, mais lequel ? En effet, pour lui, pas de présent qui s'enfuit déjà, pas de passé, qui n'a jamais été, encore moins de futur, qui ne sera pas. Mais un plus-que-parfait, un temps de conjugaison nettement plus conforme à ce qu'il serait, lui le "plus que parfait", le bon à rien, un moins que rien, un enfant taré, l'égal d'un dieu.

Ô bien sur pas un dieu de l'Olympe, ni même un petit Orisha, non, encore moins un héros, mais parce qu'il serait un peu différent et qu'il tutoierait les étoiles et l'infini, Horace serait bien plus qu'un simple mortel. Le zéro de l'infini. Un dieu simple qui porterait des chaussettes de tennis blanches en coton, vous savez celles qui tire-bouchonnent sur les chevilles, sous un pantalon trop court de flanelle grise lustré sur les cuisses et tout froissé derrière les genoux. Et puis Horace adorerait pousser les caddies au supermarché, rêver sur la musique de Robert Wyatt, boire du Chianti mélangé à du Schweppes tiède et manger de la saucisse de foie de veau accompagnée de frites grasses baignant dans une mauvaise mayonnaise en tube et du ketchup. Il prendrait un soin méticuleux et sauvage à laisser toujours de belles et grosses taches sur son tricot de corps, qui n'aurait jamais été vraiment blanc.

Horace aurait un chien nommé Web avec lequel il entretiendrait chaque matin, et le soir aussi les jours de pleine lune, de longues conversations philosophiques, ou des débats passionnés sur les résultats des matchs de football entre la France et toutes les autres équipes, l'effondrement financier d'un mirage économique construit sur du sable, ou même les vraies raisons de la libération de Roman Polanski des geôles helvètes...

Et parce que notre coriace Horace serait un être doué de déraison, il pourrait divaguer tout à loisir, en ne rendant de comptes qu'à lui-même, c'est à dire à personne... 

Il y en aurait eu des choses à raconter sur la vie de mon zéro. J'aurais aimé écrire ces lignes, ami lecteur, et pourtant, je ne le ferai pas...

1 commentaire:

  1. Un livre peut être le fil rouge d’une vie.
    Le héros évolue en fonction de tes expériences, vit sa vie, en même temps que la tienne. Et puis un jour le livre est terminé, mais ta vie continue. Sera-t-il publié ? Quelle importance ? Chiche ??

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