lundi 3 avril 2017

Petit avec des grandes oreilles.

Hier, j'ai déjeuné à Antony.

Qui se souvient de Bill Baxter ? A côté du célèbre prisme pyramidal du Floyd, j'avais punaisé une de leurs affiches au mur de ma chambre de lycéen. C'est pour te dire s'ils ont compté dans mon panthéon personnel.

Oh, je ne parle pas du trio pop/variet' qui passerait bientôt en boucle sur les radios FM de la deuxième partie des années 80 avec des morceaux comme "Embrasse-moi idiot" ou "Bienvenue à Paris". Non, quand je parle de Bill Baxter, j'évoque ce groupe post-punk de la banlieue sud qui, à l'époque, venait de signer chez Virgin, se produisait parfois au Gibus, plus souvent à la MJC des Blâgis ou à Massy et nous a légué un titre inoubliable (en tout cas, je m'en souviens...) : "Petit avec des grandes oreilles"!

Avant de les entendre, ce qui avait d’abord retenu mon attention adolescente c'était l'iconographie de leurs affiches. Me souriant de toute ses dents lorsque je le croisais sur mon deux-roues à proximité du lycée Lakanal de Sceaux, sur un poteau télégraphique entre la fac de pharmacie de Chatenay-Malabry et Verrières-le-Buisson ou sur un mur du tunnel qui passait à la Croix-de-Berny sous les lignes du RER B au niveau de la Cité Universitaire, ce Mickey à l'air vicelard promettait un "Rock efficace". C'était alors bien le cas.

Il me revient aussi les avoir, en cette époque épique du début des années 80, entendu jouer à Antony où ils donnaient un concert gratuit, pour Noël je crois. Un concert devant quelques dizaines de spectateurs, en extérieur, rue de l'Eglise, juste derrière Sainte Marie, à côté de ce bistrot où nous passions le plus clair de nos inter-cours à jouer au baby-foot ou à malmener un vieux flipper Gottlieb (il me semble que c'était un Royal Flush), remettant autant de fois que nécessaire cent balles dans le Juke-box pour entendre Téléphone, les Clash, Starshooter ou Police en boucle. Je suis passé récemment dans le coin. Le rade de quartier où nos profs de sports tuaient le plus clair de leur temps à jouer aux cartes en alternant, en fonction des heures, cafés, petits jaunes, calva et demi-pression, est devenu une trattoria chic...

Pourquoi, me diras-tu, évoquer le sort d'un groupe éphémère de la banlieue sud ? Sans doute parce que cet environnement était le mien, cette musique qui associait riffs de guitares et paroles chantées en français, celle de Bijou, Téléphone ou Bill Baxter, était celle que jouaient sinon nos amis, du moins leurs grands-frères. Ceux qui nous précédaient de quelques années et qui avaient connu le passage du rock progressif et planant des super-groupes du début des années 70 au punk sauvage et énergique de ces groupes météoriques de la fin de la décennie. Pour moi, le temps, s'étant comme comprimé, m'avait fait passé en quelques mois seulement d'un concert de Santana à celui des Undertones. Si, près de quarante ans plus tard, j'écoute toujours avec autant de plaisir les longs solos joués sur une Gibson du premier, j'avoue qu'à l'exception notable de leur "Teenage kicks", j'ai presque totalement oublié le rock énervé des seconds

Je vois toujours avec plaisir plusieurs amies et camarades de cette époque insouciante. On revient toujours aux valeurs sures...

"Dommage, dommage! Dommage, avec des grandes oreilles !"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire