jeudi 20 avril 2017

Faire quelque chose de rien.

Lendemain d'un nouvel et odieux attentat. Il fait beau sur Paris. 

Et, tout soudain, cette clarté retrouvée apparaît plus que jamais porteuse d'espérance. Cette lumière, celle-là même que les ténèbres n'ont pas réussi à saisir, agit comme par magie contre les idées noires et contribue à changer notre vision du monde.

Plus nous élargissons notre pensée en tentant de l'organiser et de lui donner une cohérence, plus nos questionnements ouvrent des failles qui se manifestent, presque malgré nous parfois, par une forme de poésie ou d'irrationnel qui la rendent encore plus immaîtrisable. La poésie s'immisce dans les brèches et la magie emprunte les chemins de traverse d'une pensée qui se voudrait pourtant rationnelle. Peut-être cette approche moins discursive constitue-t-elle d'ailleurs, au-delà de tout apprentissage et de la simple accumulation du savoir dans le cadre d'une réflexion exclusivement cartésienne, une manière de voie d'accès à la Connaissance, cette pleine conscience de la présence au monde et de la présence du monde.

Poésie et magie sont souvent de la partie pour ceux qui, comme moi, acceptent une forme de transcendance dégagée de toute religiosité, c'est à dire une recherche spirituelle qui, au-delà du seul tracé de la perspective de la relation entre l’être humain et le divin, fait tout simplement référence à la quête de sens. Je fais en effet mienne l'idée, dans la suite de l'école pythagoricienne, que l'intelligence, pénétrée par le rayon d'une inspiration transcendantale, "remplit l'entendement d'une lumière assez vive pour dissiper toutes les illusions des sens, exalter l'âme et la dégager de la matière"

Ce que nous dit cette phrase c'est que le simple fait de porter un regard différent sur les choses permet de lutter contre l'angoisse existentielle, ce "dévoilement du néant" cher à Heidegger. C'est cet autre éclairage, cette "mise en lumière" que nous autorise parfois ce "pas-de-côté" poétique qui permet d'abandonner la seule analyse rationnelle qui nous confronte au vide, cette terrible confrontation qui par elle-même est anxiogène, pour revenir au simple étonnement, voir même à l'émerveillement;
ou, comme l'écrivit le cordonnier et théosophe Jakob Boehme dans ses Questions sur l’âme en 1682, la si belle idée que :
« C’est la source de la lumière, la magie qui fait quelque chose de rien ».

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