vendredi 10 février 2017

Rien à foutre....

L'un de mes amis, et néanmoins un temps patron, m'a un jour dit : "Il faut que tu apprennes à imposer davantage ton point de vue. Ton problème, c'est que tu es trop bien élevé !"...

Encore faudrait-il pour y arriver lever les doutes qui ne me quittent jamais. Ce besoin de toujours peser pour et contre, de dialectiser, de n'être que très rarement catégorique ; de, tout simplement, garder un esprit critique. J'ai souvent considéré que de cet esprit critique pouvait naître le désir de transformation, celui de changement qui permet la mise en mouvement, l'évolution, le progrès.

Comment donc peuvent bien faire ceux qui ne confessent aucun doute, aucune angoisse, que rien ne semble jamais pouvoir arrêter ? Ceux dont aucune norme, même intériorisée, ne paraît venir organiser le rapport à l'autre en canalisant leurs pulsions; ceux dont l'aptitude à vivre avec les autres n'est régie par aucune règle, encadrée par aucune barrière bornant les limites à la toute-puissance de l'enfant qui toujours les anime - limites pourtant indispensables à l'équilibre affectif et psychique -.

A force de séances plus ou moins silencieuses, plus ou moins animées, tôt le matin comme tard le soir, dans un cabinet froid et un peu sombre, j'ai fini par accepter, à l'écoute du récit libre de mon quotidien - de ce discours agissant permettant de passer de la pensée silencieuse à la verbalisation - que mon moteur personnel devait en grande part résider dans mes angoisses. Une manière, au-delà de la potentielle expression d'un certain déséquilibre, de principe existentiel ? Les angoissantes questions nées de la confrontation au réel des interdis intimes ne me paraissent pas seulement culpabilisantes, pas uniquement castratrices et destructrices. Au contraire, elles peuvent sans doute tout aussi bien fournir la base à un travail de construction personnelle. Car, au fond, pour initier le mouvement, ne-convient-il pas d'abord d'accepter de rompre l'équilibre ? De faire un pas de côté. Même au risque d'une certaine déstabilisation, voir même, de la chute.

C'est drôle comme certains n'en ont rien à foutre. De rien...

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