mardi 14 février 2017

Ne rien prendre tout à fait au sérieux.

Après avoir vu La La Land, je suis tenté de nuancer un peu le propos de mon précédent post (qui a suscité une - petite - amorce de débat parmi les lecteurs). Si j'ai trouvé les premières minutes du film un peu déroutantes tant le rythme me paraissait lent - et tant le décalage est grand avec le paysage cinématographique contemporain en général - rarement oeuvre de fiction, pourtant décrite par certains critiques comme une bluette sans grand intérêt, ne m'aura au final autant ému... 
En rompant avec la tradition - pour ne pas dire, le canon - d'un bonheur écrit d'avance, l'absence de "happy end" de la comédie musicale de Damien Chazelle m'a particulièrement touché. Certainement, parce qu'en évoquant des amours impossibles et l'amertume comme les désillusions que portent en eux les métiers de la scène, l'auteur fait écho, tout en usant des clichés et des artifices d'un Hollywood mythifié, à la philosophie d'une vie fragile, empreinte de mélancolie et d'un romantisme au ton pessimiste qui me parait assez juste au fond. 

L'existence heureuse est à mes yeux - tu l'auras compris - une forme d'oxymore, ou comme l'aurait écrit Schopenhauer une véritable "contradiction dans les termes".  Lorsque l'on est comme moi sans grande illusion, angoissé pour tout et par rien, le seul moyen pour s'en sortir - et c'est précisément le bémol que je souhaitais apporter à mon précédent envoi - est de ne rien prendre tout à fait au sérieux et, partant, d'exprimer par là même un refus de l'acceptation simple et résignée du tragique. N'est-ce pas après tout ce que nous suggère aussi ce film ? Une comédie dramatique qui aborde les difficultés d'être, de réaliser ses rêves, d'aimer, d'avancer, seul ou à deux,  mais qui le fait avec le sourire, sous une forme légère et musicale; une manière de mélancolie joyeuse. Un regard un rien burlesque et l'ironie pour mieux affronter l'affreuse laideur du monde.

Peut-être ai-je parfois pâti de cette philosophie de vie, mais c'est aussi, sans aucun doute possible, ce qui m'aura plus d'une fois permis de mieux supporter le tragique du quotidien en me débarrassant - comme aurait pu l'écrire Freud - de l'oppression trop lourde que fait peser sur moi la vie. Paradoxe me diras-tu car comment se dire angoissé et, dans le même temps, prendre le recul qui permet de relativiser les causes probables de ce tourment ? Peut-être parce que j'ai réalisé que le malheur était désespérément sérieux et qu'user de détachement et parfois même d'ironie a pour effet de pouvoir conserver toujours au cœur une forme d'espérance. L'ironie pour continuer à sourire ; sourire pour espérer, même d'un sourire triste car, comme le dit mon pote Maxime, "s'il existe quelque chose de plus triste qu'un sourire triste, c'est bien la tristesse de ne plus savoir sourire".

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