jeudi 26 janvier 2017

Le vide, c'est pas rien !

Où l'on voit bien que le monde n'existe que par nos yeux et que seul le regard que nous portons sur les choses les fait devenir ce que nous pensons qu'elles sont.

Entendu lundi matin dans le train cette phrase à première vue un peu étrange, mais au fond peut-être pas si absurde : "Je m'attendais à être à côté de toi mais finalement, c'est toi qu'est à côté de moi..."

Reprenant, d'une certaine façon, le fil de ma réflexion sur l'interprétation, j'en arrive à considérer que cette simple phrase pose, en l'illustrant, un nouveau type de problème :  celui de la dualité; où "un + un" fait bien "deux" mais est aussi "un". En effet, cette phrase adressée par une personne à son voisin exprime bien deux points de vue, à priori distincts et qui pourtant n'en font qu'un. En effet, quelle que soit la manière de l'exprimer, les deux membres de la même phrase, reliés par la conjonction de coordination ont bien pour objet de décrire une seule et même situation abordée de deux points de vue différents mais pourtant en correspondance, par une seule et même personne. 

Est-ce la position adoptée - et donc la vision qui en découle - qui changerait la perception ? Une question d'angle seulement ? Vraiment ? Alors pourquoi cette petite phrase, si anodine, résonne-t-elle avec autant d'écho à mon oreille ? Tout serait-il relatif  ? 

Le monde tel que  nous le percevons c'est celui que nous voyons, entendons, sentons, goûtons, touchons; c'est à dire tel que nous l’enregistrons avec nos sens. A l’intérieur de notre Cortex se constituent les images correspondant à ce que nos sens ressentent et auxquelles nous associons des représentations mentales. Au fond, les choses n'auraient pas de nature propre, pas d'être en soi. S'introduit alors une forme d'acceptation de l'inexistence de toute essence, de la vacuité, du vide, du néant...

Mais quelle image nous faisons nous du vide ? Comment représenter ce que l'on décrit parfois comme "l'absence de matière dans une zone spatiale" ? Notion très difficile à définir, le vide est en physique communément admis comme ce qui reste quand on a tout enlevé; une absence de présence, une absence de matière, une absence de vie; parfois représenté en art par un cube aux surfaces transparentes, sans rien à l'intérieur.

pompe à vide
Le vide n'est vide que par ce qu'il nous apparaît comme tel. Nos sens ne peuvent percevoir par exemple que le vide interstellaire est en fait un mélange de gaz, de rayons et de poussières cosmiques. Sans même aller jusqu'à dire comme en physique quantique que le vide est plein, on peut simplement considérer que le vide n'est pas vide. Certains projets scientifiques ont même pour seul objectif de démontrer par l'expérimentation que, par la technique dite de claquage du vide, il serait possible, au moyen d'un laser de très grande puissance, de générer des particules élémentaires à partir du vide... Des petits riens issus du néant!

Autre forme de vide, le vide existentiel. Celui qui se caractérise par un sentiment d'ennui généralisé associé à un état dépressif créant une condition psychologique négative; un exil en soi, une absence. Ce grand vide qui fait peur, qui aspire, malgré soi, dans une sensation proche du vertige. Celui qui s'installe quand toute espérance semble avoir disparu. Pour illustrer une nouvelle fois le caractère relatif des choses je te dirai, cher lecteur, que, dans le même temps, certaines philosophies prônent en appui des techniques de méditation qu'elles recommandent, un usage positif et curatif du vide. Pour aller mieux, il conviendrait d'arriver à "faire le vide en soi". Le vide pour ne plus avoir peur de ne pas être rempli ? Se prouver qu'on existe en faisant le vide... Quel paradoxe! A moins que tout ce vide créé ne fournisse, au fond, l'opportunité d'un nouvel espace à remplir ?

Au fond, le vide c'est pas rien !


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