jeudi 19 mars 2020

Rien de plus

Là, dehors, juste devant le portail de la maison, plus rien ne bouge, ou c'est tout comme.

La circulation est désormais presque interrompue. Nous sommes tous "confinés".

De temps à autre, un véhicule passe, discrètement, sans faire de bruit. Comme si son conducteur prenait scrupuleusement garde à se faire le plus silencieux possible pour ne pas déranger les gazouillis des oiseaux que l'arrivée du printemps enchante. Plus de klaxons intempestifs ni de freins hurlants à l'approche du stop du coin de la rue ; plus de pétarades des pots de détente de deux-roues trafiqués ni de "musique" imposée aux oreilles de tous par une sono trop puissante crachant ses décibels par les fenêtres entrouvertes de 4X4 allemands aux moteurs surgonflés ; moins de bruit, plus de silence. Moins de vie !

Les voisins d'en-face sont partis. Le petit jardin public qui jouxte la maison est fermé. Dans la rue, c'est un peu comme si, seuls les ouvriers du chantier voisin continuaient - mais pour combien de temps encore ? - à travailler. Alors que, pas plus tard que la semaine passée, souvent je pestais contre le bruit de leur ouvrage, je guette aujourd'hui, chaque matin, l'écho de leur présence. C'est étrange comme un dialogue dont juste quelques bribes nous parviennent, le simple son d'un coup de marteau ou le chant d'une scie sur une planche peuvent faire existence...

Ailleurs, le grondement sourd qui rythme le quotidien des habitants de la ville s'en est, lui aussi, allé. Seules les sirènes puissantes des ambulances et des camions de pompiers brisent le calme imposé quand ils s'annoncent, du plus loin qu'on puisse les entendre. Il faudra s'y habituer. 

Allant furtivement et d'un pas pressé, de rares piétons se rendant à la pharmacie ou chez le boulanger, ou plutôt leurs silhouettes, évoquent encore, en passant, la vie qui va. Des ombres, ou presque. Une évocation. Rien de plus.

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