lundi 5 octobre 2009

Scripta volant....

Tantôt, en achetant la 1ère édition du Monde, je me suis taché les doigts d'une encre pas encore tout à fait sèche. Cette simple scène, banale, et presque quotidienne, m'a conduit à la réflexion suivante que je te livre sans prendre même le temps de la mettre en forme...

Je me souviens qu'en cours de latin un vieux professeur Marianiste nous enseignait que si les paroles s'envolent, les écrits, eux, étaient faits pour rester. Mais au risque de passer à l'heure de la dématérialisation (que ce mot est laid!) pour un "asinus", je suis interrogatif. En effet, qu'on évoque un papyrus, des tablettes d'argile, un parchemin, ou même une simple feuille de papier, il m'apparait que la valeur évocatrice de ces documents tient tout autant par le contenu des textes qu'ils supportent que par la valeur intrinsèque des supports eux-mêmes. Ce qui fait la valeur de l'écrit n'est-ce pas au moins autant le support que le texte lui-même?

Avec Internet, l'écrit n'est il pas conduit irrémédiablement à perdre de sa substance ? Et dès lors, privés de la consistance que contribue à leur apporter la matière qui les porte, nos textes ne sont-ils pas menacés de s'envoler comme les "verba" latines ? Encore un paradoxe me diras-tu puisque c'est précisément la nature immatérielle de la toile qui nous permet d'échanger en un temps record et te donnera peut-être l'occasion, cher lecteur, de lire, presque immédiatement, à Sydney, à Paris, à Buenos-Aires comme à Oslo ce billet qui vient d'être posté à Paris. Mais c'est bien sa nature électronique qui fait que j'ai le sentiment qu'il m'échappe.

Certes, volens nolens, le monde change et nombreux sont ceux qui prédisent que sous peu la galaxie Bill Gates aura pris la place de celle que nous avait léguée Gutenberg. Pour ma part, je crois encore à la vertu de l'écrit, le beau, celui des tirages rares, des tirages de tête dont l'encre s'étale sur un beau papier verger. Je souhaite que cette forme d'édition traditionnelle puisse encore avoir de beaux jours devant elle car rien ne remplacera jamais à mes yeux la sensualité du papier japon qui crisse sous les doigts ni les taches d'encre laissées par les pages du journal qui sort des rotatives.

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