samedi 17 octobre 2009

Mangez, vous dis-je...

Conférence d'André Daguin devant le Club de la Table Française, mardi 13 octobre.

Avec sa gouaille et sa faconde toutes gasconnes, ce grand Chef nous rappelle que ce sont les Anglais qui ont littéralement "inventé" et popularisé le Bordeaux tel que nous le connaissons et l'apprécions aujourd'hui (le vin clairet), le Cognac, l'Armagnac.... Il faut rendre à César ce qui lui appartient, même si cela peut porter atteinte à notre orgueil national.

Tiens, cela me fait penser à l'un de mes vieux dadas: Et si les Anglais avaient gagné la guerre de Cent Ans... J'aime l'uchronie et imaginer ce que le monde aurait pu être si.... Un jour ou l'autre nous en reparlerons.

André Daguin donc, dans son propos introductif autour du rapport qu'il s'apprête à présenter devant le Conseil Économique, Social & Environnemental, nous rappelle qu'il a, en son temps, et avec quelques compères et complices, saisi le Très Saint Père d'une supplique. Il s'agissait, ni plus ni moins, d'intercéder auprès du Pape pour lui demander de retirer la gourmandise de la liste des péchés capitaux. Quelle belle idée ! J'y souscris immédiatement.

Comment s'accommoder, en effet, qu'en France - fille aînée de L’Église mais aussi nation de gourmands et de princes gastronomes - la gourmandise, véritable art national, soit promesse de damnation et garantie de rôtir aux éternelles flammes des bûchers de l'Enfer ? Quel beau combat que voilà ! Rejoignons donc ces valeureux mousquetaires pour dépénaliser le goût du bien manger. En effet, peut-on supporter plus longtemps que l'on doive culpabiliser, et, partant, faire la gueule chaque fois que l'on passe à table ? Lors même que le repas pris en commun devrait toujours être synonyme de convivialité et de plaisir partagé.

Alors, je sais bien que d'aucuns vont m'objecter qu'il ne faut pas confondre gourmandise et gastronomie, je leur répondrai que, pour ma part, j'ai toujours eu du mal à distinguer érotisme de pornographie.

Certes, les arts et les plaisirs de la table sont aujourd'hui voués aux gémonies par la Faculté.

On nous enseigne chaque jour que pour vivre plus longtemps, il conviendrait de moins manger et d'avoir une alimentation plus saine et mieux équilibrée. Mais comme me le disait un ami médecin à Vichy : "faire régime, faire attention, c'est à coup sûr ou presque gagner du temps de vie, mais que ce temps risque de nous paraître long et ennuyeux !" Lorsqu'on appliquera strictement les préceptes et enseignements de la saine diététique, on mourra enfin tous en bonne santé.

Et puis après tout, manger moins pourrait peut-être nous faire du bien; ne plus manger du tout, à coup sur, nous tuera !

Pour ma part, j'ai depuis longtemps fait le choix d'apprécier les bonnes choses et plus que jamais bon entonneur rabelaisien me sens. Mangez! Mangez, vous dis-je...

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