lundi 6 mai 2019

Rien n'est vraiment désespéré


Sébastien craint tout particulièrement les prises de sang, alors ce matin je suis descendu avec lui jusqu'au laboratoire du bas de la rue.

Devant nous, dans la salle d’attente, se trouvait un couple de jeunes, visiblement d'origine chinoise, s’exprimant dans un français assez hasardeux. Ils accompagnaient ici leur enfant en bas âge. 

La secrétaire appelle le "petit Clovis". C’est lui ! Clovis ! Magnifique preuve de cette intégration dont on parle parfois, qu’on implore souvent, au nom d'une certaine fraternité et de la lutte contre le communautarisme et qui, en cet instant, s’exprime dans ce qu’elle peut avoir de meilleur. Donner à son enfant le prénom de ce roi franc dont l'historiographie républicaine du XIXème siècle a fait le premier des rois catholiques de tous les francs et le fondateur de la monarchie franque, n'est-ce pas un signe fort, presque un symbole, de l’expression concrète d’une volonté d’assimilation. Et tant pis pour la violence de l'épisode du vase de Soissons...

Au moment où la France a peur, du monde, de l'avenir, des voisins et surtout peur d'elle-même, ce beau et vieux prénom si français, entendu dans cette salle d'attente a eu sur moi un effet presque euphorisant. Rien de tel pour atténuer l'angoisse née des craintes de Seb. La prise de sang passée, oui la journée avait bien commencé.

En rentrant à la maison, je pensais encore à cette famille et me suis dit que, peut-être, rien n'était vraiment désespéré.

vendredi 1 février 2019

Rien n'est moins sûr

En bon pessimiste je pense qu’un jour nous allons tous mourir, l’optimiste préfère lui se contenter d'affirmer que, chaque jour, nous vivons. D'autre croient à la vie éternelle ou à la métempsychose. On peut aussi accepter notre condition de mortel, en faire une raison de vivre intensément tout en questionnant, chaque jour, la vie même.

Je laisse les gens les plus intelligents à l’assurance de leurs certitudes. J’envie ceux qui sont forts de leurs croyances. Ceux qui pensent que l’affirmation d’une conviction fait raison. Comme si une idée, par ce qu’elle est partagée par un grand nombre, était nécessairement bonne. Ce serait oublier un peu vite que la connerie s’épanouit d’abord dans la réduction au proche, au familier, au même... Ils croient qu’ils ont raison car ils font nombre, masse, foule. Folie ! Moi, je ne suis sûr de rien et il m’arrive plus souvent qu’à mon tour de douter. Enfin, ça dépend... 

"Je sais de quoi il retourne puisque je l’ai vécu. Mon opinion est la bonne puisque c’est la mienne. Elle est d’ailleurs confortée par une majorité de mes amis qui pensent comme moi." Personne n'est plus con qu’un convaincu, surtout d'avoir raison. Vaincu par sa (dé)raison ? Moi, il m’arrive de ne pas être d’accord avec moi-même, autant dire que souvent je ne partage même pas mon opinion. Alors celle d’un autre, pire encore, des autres...

Rien de tel, pourtant, pour prendre conscience de l'étendue de sa connerie que d’essayer de penser comme l’autre, c’est à dire quelqu’un qui n’est pas soi. Car la paresse nous incline assez spontanément à ne nous épanouir que dans ce qui vient conforter notre vision des choses et à écarter tout ce qui pourrait nous faire douter. Ils pensent comme moi, ils sont comme moi, nous avons donc raison. Rien n'est moins sûr. Et c'est la force du débat que de nous confronter parfois à nos erreurs, de nous faire douter et, partant, progresser. Encore faut-il pour cela accepter d'écouter, même l'inaudible, se taire pour mieux s'ouvrir et parfois même, entendre. Mieux vaut sans doute plus souvent questionner que toujors vouloir à tout prix répondre.

samedi 8 décembre 2018

8 décembre 2018

Samedi 8 décembre 2018, en la basilique Santa Cruz d'Oran les sept moines trappistes assassinés à Tibhirine au printemps 1996 ont été béatifiés par l'Eglise catholique.

Actualité heureuse pour ceux qui croient aux forces de l'esprit, mais d'abord horrible drame qui puise sa source dans la souffrance toute humaine d'une violence infligée jusqu'au martyre, j'associe cette information à un - très récent - moment agréable (il y en a peu, ces derniers temps...) avec maman qui a bien ri quand elle m'a raconté comment sa gériatre, lui parlant de l'inscription de sa propre fille au collège, lui avait dit sa "fierté" (sic!) de connaître la mère d'un "grand ancien de Sainte Marie" (re-sic!). Alors, nous sommes allés y regarder de plus près et, en effet, à l'article consacré à Sainte Marie d'Antony sur Wikipédia, parmi les quelques "personnalités" (re-re-sic!) citées, nous avons été surpris de voir figurer mon nom... En excellente compagnie, puisque entouré de  Jean Raspail et de Christian de Chergé. Et que pourrait-il bien y avoir de commun, mis à part d'avoir fréquenté le même établissement scolaire, entre un écrivain monarchiste et réactionnaire, au catholicisme très traditionnel, le prieur des moines de Tibhirine, ami de la paix ayant oeuvré sans relâche au dialogue islamo-chrétien, et, un républicain ayant essayé de servir son pays de façon bien modeste, cherchant anonyme, à la spiritualité toute laïque ?

Raspail aime la France, "sa" France, une France royaliste et conservatrice, celle de Jeanne d'Arc et des Bourbons. Il affirme toujours sa nostalgie d'un temps passé et, en popularisant la figure d'Antoine de Tounens, roi de Patagonie, c'est de la grandeur de la France dont il nous parle. N'étant pas monarchiste et certainement bien plus progressiste que cet écrivain de marine, hérault d'un monde ancien et disparu, j'apprécie pourtant, pour sa belle plume et son lyrisme emprunt de nostalgie, son oeuvre, et pas seulement son odyssée patagone.

Le père Christian de Chergé est mort non pas parce que prêtre mais parce que français. c'est en tout cas ce qui transparaît dans les communiqués de revendication attribués à l'époque de l'enlèvement au GIA. Français ayant fait le choix, par amour, d'aller vivre en Algérie, au coeur d'un pays qu'il connaissait depuis l'enfance et qu'il aimait au point - ce sont ses propres termes - "de donner sa vie pour lui". Mais s'il était français de nationalité, il était aussi moine et prêtre et voulait oeuvrer à une meilleure compréhension entre l'Islam et la Chrétienté. Il a notamment créé un groupe d'échanges et de prières avec des membres de la confrérie soufie Alawiya fondée par Sidi Ahmad Mustafa al-Alaoui (dont fut proche Frithjof Schuon, déjà cité ici pour ses travaux sur le soufisme, et qui entretenait une correspondance régulière avec René Guénon) orienté sur l'intériorité et un retour au divin excluant tout activisme religieux extérieur (et, par essence, tout fondamentalisme et tout recours à la violence). Peut-être faut-il aussi y trouver une raison supplémentaire à son assassinat ? Je me reconnais un peu, et très immodestement, dans cette recherche de transcendance qui m'a également conduit à lire Schuon et Guénon...

En ce qui me concerne, je me contente de croire - encore - à notre idéal laïc et républicain.

Si le réel n'est que par ce qu'il est impensable, ce que Paris et d'autres grandes villes de province ont connu aujourd'hui est malheureusement bien réel. Pour ceux qui en douteraient encore, s'en prendre aux symboles de la République et, au-delà, de la Nation, c'est s'en prendre à la République et à la Nation. S'en prendre à un haut-relief de Marianne comme ce fut le cas à l'arc de triomphe la semaine passée ou vouloir, par la force, entrer à l'Elysée, c'est bien s'en prendre à la République et aux valeurs qui la fondent, de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.


Quand j'entends sur les plateaux télé certains parler de "violence pacifique" (sic!) ou de "légitime violence" (!!!...), je suis simplement révolté. La première des libertés c'est la sécurité de nos concitoyens. Heureusement que nous avons des forces de l'ordre dont l'engagement républicain est lui, une réalité et qui ne transigent pas lorsque l'essentiel est en cause.

Placée au centre de la place de la Nation à Paris, Marianne c'est tout à la fois la mère patrie, la protectrice et la guerrière. N'en déplaise à ceux de Tarnac, aux comités invisbles et aux obsédés de tous bords de l'insurrection qui vient, à ceux qui pensent que toutes les raisons de faire la révolution sont réunies, heureusement le chaos ne l'a aujourd'hui pas emporté. Pour un républicain sincère, rien ne justifie de s'en prendre à Marianne, rien.

jeudi 29 novembre 2018

Rien sur rien

Fragments: ressource providentielle pour les écrivains ne sachant pas concevoir un livre entier. Pitigrilli (1962)


Je n'écris rien, c'est entendu. Mais, au fur et à mesure que je nourris ce blog, je vois les pages tourner, ce qui vaut sans doute mieux qu'essayer de les remplir. Et s'il apparaît comme une forme d'évidence, paraphrasant Cioran, qu'on ne peut rien écrire sur rien, il est tout aussi clair qu'on peut aisément publier sur des riens. Paradoxale magie de la dématérialisation, ou comment chercher à combler l'angoissant vide de l'existence en embourrant de petits riens un support fondamentalement virtuel. S'essayer à remplir le vide de riens, pour encore mieux appréhender la vanité de l'exercice d'écriture et repousser tout risque de se bouffir d'orgueil...

"La stérilité, docteur, peut-elle être héréditaire ?"

Rapportée récemment par un ami médecin, cette interrogation d'un patient n'a pas manqué de susciter chez moi un questionnement en forme d'écho. Dubitatif et amusé, au moins au début, par le caractère presque absurde de la question, en y réfléchissant davantage je me suis dit qu'à notre époque où les progrès de la science autorisent déjà des hommes techniquement stériles à se reproduire, on pouvait en effet légitimement la poser.

"Il est inélégant de reprocher à quelqu'un sa stérilité, quand elle est postulée, quand elle est son mode d'accomplissement, son rêve..."*

S'il en est, en tout cas, pour qui la question ne se pose certainement pas dans les mêmes termes, c'est ceux qui, soit qu'ils aient fait le choix de se retirer du monde et de se dépouiller des oripeaux de la vie en société, soit qu'ils aient revêtu l'habit, ont choisi le célibat et professent leur chasteté. Dans les couloirs du très catholique collège de mon enfance, on racontait à ce sujet une bien bonne blague que je te livre, cher lecteur, sans aucune arrière pensée moralisatrice. Au confessionnal, un paroissien s'adresse au curé : "pardonnez-moi mon père parce que j'ai pêché". Commentaire de l'abbé, en forme de réponse : "inutile d'être aussi formel mon fils. Appelle-moi papa..."

Rien sur rien. 

(*) Cioran - De l'inconvénient d'être né

mercredi 21 novembre 2018

Anamnèse

Notre route a croisé hier soir, à l'occasion d'une avant-première parisienne du très beau film de Eva Husson, Les filles du soleil, celle de Karl Zero et de son épouse Daisy d'Errata. Cette rencontre a provoqué chez moi une manière d'anamnèse et nombre de souvenirs de l'épopée de Jalons sont alors remontés que je croyais oubliés...

Comme je l'ai déjà ici même relaté, en juin 1984, au moment où la France catholique et bien pensante défilait derrière Mgr Lustiger pour la défense de l'école libre, et bien qu'en bon étudiant de la faculté de droit(e) d'Assas on m'eut sans doute alors attendu ailleurs, j'ai rallié, et l'ai même portée haut, la bannière des "éléments incontrôlés" du GIC Jalons. "Peponne t'es foutu, Don Camillo est dans la rue!", ou encore "oui, oui, oui... non, non, non!", tels étaient les slogans que nous reprenions en coeur derrière Basile de Koch, Frigide, Karl et toute la bande, au grand dam de quelques ouailles de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et de leurs coadjuteurs de la fraternité Saint Pie X, égarés près de notre - modeste - cohorte. Aucun de ces ensoutanés ne pouvait alors se douter qu'un jour viendrait où les paroisses appelleraient à rejoindre Frigide Barjot dans son combat pour la défense de la famille traditionnelle et catholique...

Mais revenons aux années 80. L'un de mes grands regrets fut - pour cause de méchante rhinopharyngite - de ne pas voir pu rejoindre la manif' organisée le 13 janvier 1985 contre le froid au métro glacière. D'autres y furent (moins nombreux d'ailleurs d'après les organisateurs que selon le décompte de la préfecture de Police ou ce que pourrait laisser à penser la relation toute en exagération journalistique que fit la grande presse d'alors de cette manifestation) et défilèrent sur le rageur et pourtant si évocateur slogan: "verglas assassin, Mitterrand complice!". Mais ayant eu à subir dans ma chair les conséquences pour ma sphère orl d'un refroidissement dû aux températures polaires qui régnaient alors sur l'hexagone, je n'en fus pas. Dommage.

Une autre fois, c'est sur la Seine, à bord d'une péniche, que mon souvenir ancre quelque part du côté du bois de Boulogne, que nous nous étions retrouvés pour y faire la fête, sous un prétexte futile - et en fallait-il un d'ailleurs ? - autour d'un récital donné par Eric Morena et son tubesque bateau bondissant. Quelqu'un d'entre-vous, chers lecteurs, s'en souviendrait-il ? Les trop rares flashes qui me reviennent de cette folle soirée sont encore trop alcoolisés pour que le souvenir puisse en être vraiment précis. Et la fin de la nuit passée rue du Bourg-l'Abbé, aux Bains-Douche, ne contribue sans doute en rien à en améliorer la remembrance.

Épique époque que celle qui fut jalonnée de parodies, de fêtes, d'insouciance. Bien loin du Kurdistan irakien et des courageuses soldates dont la très poignante histoire nous a, pour quelques heures, hier réunis et émus. Si loin...

samedi 17 novembre 2018

Ne rien savoir

J’assistais l’autre jour à l’école militaire à un colloque de l’IHEDN consacré à la question du secret, et à ce qu’il en reste. Sur le secret, sa conservation, et l’incompréhension qui peut en naître en notre époque nourrie au sein de théories complotistes en tous genres relayées et amplifiées par un usage immodéré des « réseaux sociaux », gardons au cœur qu’un mystère peut garder son secret sans pour autant être caché. Ainsi par exemple, à l’instar du secret du sentiment amoureux, le secret du chemin initiatique (quel qu’il puisse être) ne se révèle, je le crois, que dans le cœur de l’initié. Si le curieux peut lire les rituels des sociétés dites secrètes qui s’étalent aujourd’hui sur le Web et permettent, en quelques clics, à celui qui cherche de trouver tout (et son contraire), le vrai secret du mystère de l’initiation réside sans doute dans le cœur de l’initié et, partant, il reste inaccessible au profane.

Comment mieux dire ce secret que le fait E.T.A. Hoffman dans son recueil de contes, au sujet du Don Giovanni de Mozart: « Seul le poète comprend le poète (...) seul l’esprit exalté dans la poésie, qui a reçu l’initiation au milieu du temple, peut comprendre ce que l’initié a exprimé dans son inspiration ». Et bien fol celui qui, au risque de l'étalage d'une érudition superficielle, pense, tel Pic de la Mirandole, percer les mystères par la simple accumulation du savoir. Car, comme le rappelle Hermann Hesse dans l’un de ses très beaux romans d’initiation, Siddharta : « Il n’est pas de pire ennemi du vrai savoir que de vouloir savoir à tout prix, d’apprendre »

Rien à comprendre



13 novembre 2018. Rien ne sera plus jamais vraiment comme avant. Assis dans un Uber, je regarde, par la fenêtre Paris qui s’illumine. Les fêtes approchent, il y a du monde dans les rues, tout va bien. En apparence. Car je viens de m’apercevoir que, devant chaque terrasse de café, je suis submergé par une émotion que j’ai du mal à identifier. Et, tout soudain, je pense à ceux qui ont été fauchés par des balles assassines il y a 3 ans. Déjà...

Véronique voulait que je regarde les reportages qui ont accompagné à la télé le souvenir des attentats. Témoignages pour l’histoire, pour savoir, pour apprendre. Pas pu... Non, je ne souhaite pas en savoir davantage. Ni sur les bourreaux, ni sur leur mode opératoire, ni sur l’intervention héroïque des forces de l’ordre. Seules les victimes comptent. Les morts, bien sûr, mais aussi les blessés, marqués à jamais dans leur chair et dans leur âme, leurs familles et puis tous les autres, ceux qui ont assisté impuissants à toute cette horreur. Ceux pour qui, comme moi, la simple idée de passer devant le Bataclan, de flâner dans le quartier où j’ai longtemps habité, ou d’envisager même de remettre les pieds au stade de France est devenue compliquée… Non, je ne souhaite pas en savoir davantage. Et savoir quoi d’ailleurs ? Pourquoi ? Et s'il n'y avait tout simplement rien à comprendre. Car rien ne justifiera jamais cette folie meurtrière, rien jamais n'autorisera l'oubli. Rien... 




lundi 5 novembre 2018

Rien ne se crée

La référence permanente faite en ce moment à l’ancien monde ne me parait rien d’autre que la version contemporaine de la -  très artificielle - querelle des anciens et des modernes. La ligne de démarcation trace-t-elle vraiment une irréconciliable différence entre progrès et autorité ? En lisant ces jours derniers le roman de Camille Pascal* qui fait le récit des mois d’été chauds et tumultueux qui virent quatre monarques se succéder sur le trône de France, des trois glorieuses jusqu’au couronnement de Louis-Philippe égalité, je n’ai pu m’empêcher de faire un lien avec le très beau Guépard de Visconti. Toutes les révolutions se ressemblent en ce qu’elles s’annoncent toujours avec fracas dans l'ambitieux vent d'un progrès rompant avec le monde ancien, et, souvent se terminent par la modeste brise du conformisme et l'affirmation autoritaire du nouveau pouvoir d'enfants opportunistes. Rien ne se crée, tout se transforme et tout n'est finallement qu'affaire d'imitation, de répétition, de plagiat plus ou moins bien réussi. Le vrai - le seul - génie créatif est, heureusement, suffisamment rare pour qu'on s'en souvienne.

L’Histoire nous enseigne qu’il en est des révolutions comme de la marche du monde lui-même,  "pour que rien ne change, il faut que tout change" comme le dit dans une célèbre réplique un Tancrède exalté mais cynique à son oncle don Fabrizio Corbera, prince de Salina, au moment de partir rejoindre les tricolores du Risorgimento pour faire « sa » révolution.

Apparemment tout semble s’organiser toujours pour que rien ne change. Mais après tout est-ce un mal ? Quand les Orléans succèdent aux Bourbons, est-ce vraiment le succès du progrès contre la réaction, de la supposée audace des modernes au détriment de l'expérience des anciens ? Les prophètes des temps nouveaux l'emporteraient toujours sur les conservateurs d'un passé révolu. Enfin, jusqu'au jour où le temps a passé et que les jeunes cons sont simplement devenus plus vieux. Jusqu'au jour où les présomptueux qui pensaient avoir définitivement réglé le problème de la relation à leurs pères sont eux-mêmes confrontés au questionnement de leurs fils. Au crépuscule de l'ancien monde  répondra toujours l'aube radieuse d'un âge nouveau, dont l'éclat finira, lui-aussi, inéluctablement, par pâlir. Non, décidément, rien ne se crée...


(*) Camille Pascal - L'été des quatre rois - Plon, 2018