samedi 17 novembre 2018

Ne rien savoir

J’assistais l’autre jour à l’école militaire à un colloque de l’IHEDN consacré à la question du secret, et à ce qu’il en reste. Sur le secret, sa conservation, et l’incompréhension qui peut en naître en notre époque nourrie au sein de théories complotistes en tous genres relayées et amplifiées par un usage immodéré des « réseaux sociaux », gardons au cœur qu’un mystère peut garder son secret sans pour autant être caché. Ainsi par exemple, à l’instar du secret du sentiment amoureux, le secret du chemin initiatique (quel qu’il puisse être) ne se révèle, je le crois, que dans le cœur de l’initié. Si le curieux peut lire les rituels des sociétés dites secrètes qui s’étalent aujourd’hui sur le Web et permettent, en quelques clics, à celui qui cherche de trouver tout (et son contraire), le vrai secret du mystère de l’initiation réside sans doute dans le cœur de l’initié et, partant, il reste inaccessible au profane.

Comment mieux dire ce secret que le fait E.T.A. Hoffman dans son recueil de contes, au sujet du Don Giovanni de Mozart: « Seul le poète comprend le poète (...) seul l’esprit exalté dans la poésie, qui a reçu l’initiation au milieu du temple, peut comprendre ce que l’initié a exprimé dans son inspiration ». Et bien fol celui qui, au risque de l'étalage d'une érudition superficielle, pense, tel Pic de la Mirandole, percer les mystères par la simple accumulation du savoir. Car, comme le rappelle Hermann Hesse dans l’un de ses très beaux romans d’initiation, Siddharta : « Il n’est pas de pire ennemi du vrai savoir que de vouloir savoir à tout prix, d’apprendre »

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