mercredi 21 novembre 2018

Anamnèse

Notre route a croisé hier soir, à l'occasion d'une avant-première parisienne du très beau film de Eva Husson, Les filles du soleil, celle de Karl Zero et de son épouse Daisy d'Errata. Cette rencontre a provoqué chez moi une manière d'anamnèse et nombre de souvenirs de l'épopée de Jalons sont alors remontés que je croyais oubliés...

Comme je l'ai déjà ici même relaté, en juin 1984, au moment où la France catholique et bien pensante défilait derrière Mgr Lustiger pour la défense de l'école libre, et bien qu'en bon étudiant de la faculté de droit(e) d'Assas on m'eut sans doute alors attendu ailleurs, j'ai rallié, et l'ai même portée haut, la bannière des "éléments incontrôlés" du GIC Jalons. "Peponne t'es foutu, Don Camillo est dans la rue!", ou encore "oui, oui, oui... non, non, non!", tels étaient les slogans que nous reprenions en coeur derrière Basile de Koch, Frigide, Karl et toute la bande, au grand dam de quelques ouailles de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et de leurs coadjuteurs de la fraternité Saint Pie X, égarés près de notre - modeste - cohorte. Aucun de ces ensoutanés ne pouvait alors se douter qu'un jour viendrait où les paroisses appelleraient à rejoindre Frigide Barjot dans son combat pour la défense de la famille traditionnelle et catholique...

Mais revenons aux années 80. L'un de mes grands regrets fut - pour cause de méchante rhinopharyngite - de ne pas voir pu rejoindre la manif' organisée le 13 janvier 1985 contre le froid au métro glacière. D'autres y furent (moins nombreux d'ailleurs d'après les organisateurs que selon le décompte de la préfecture de Police ou ce que pourrait laisser à penser la relation toute en exagération journalistique que fit la grande presse d'alors de cette manifestation) et défilèrent sur le rageur et pourtant si évocateur slogan: "verglas assassin, Mitterrand complice!". Mais ayant eu à subir dans ma chair les conséquences pour ma sphère orl d'un refroidissement dû aux températures polaires qui régnaient alors sur l'hexagone, je n'en fus pas. Dommage.

Une autre fois, c'est sur la Seine, à bord d'une péniche, que mon souvenir ancre quelque part du côté du bois de Boulogne, que nous nous étions retrouvés pour y faire la fête, sous un prétexte futile - et en fallait-il un d'ailleurs ? - autour d'un récital donné par Eric Morena et son tubesque bateau bondissant. Quelqu'un d'entre-vous, chers lecteurs, s'en souviendrait-il ? Les trop rares flashes qui me reviennent de cette folle soirée sont encore trop alcoolisés pour que le souvenir puisse en être vraiment précis. Et la fin de la nuit passée rue du Bourg-l'Abbé, aux Bains-Douche, ne contribue sans doute en rien à en améliorer la remembrance.

Épique époque que celle qui fut jalonnée de parodies, de fêtes, d'insouciance. Bien loin du Kurdistan irakien et des courageuses soldates dont la très poignante histoire nous a, pour quelques heures, hier réunis et émus. Si loin...

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