jeudi 10 mai 2018

Rien. Jamais plus

Combien de fois ai-je été tenté de prononcer ces quelques mots : "Je le promets. Rien. Jamais plus..." Aurait-il convenu de feindre d'y croire ? Et pourquoi ?

Avec l'expérience, en toutes choses, les serments d'abstinence et les annonces de renoncement me paraissent aussi vains que les assurances d'éternelle fidélité...

Ce blog ne prétend à d'autre utilité que celle d'être. Combien de fois me suis-je déjà dit, comme sous la forme d'une promesse à moi-même : "encore un dernier texte et j'arrête" ! Pourtant, comme ces super héros de Marvel qui, malgré les blessures, la fatigue, le doute et l'ingratitude des hommes, chaque fois se relèvent, je continue et à l'instar d'Ovide "je poursuis opiniâtrement une inutile étude"; et ma petite entreprise, exclusivement inspirée par une manière de fantaisie à l'ambition d'être résolument improductive, continue d'emprunter les chemins les moins utilitaristes, en posant autant de questions auxquelles le plus souvent je ne cherche pas à apporter la moindre réponse. Renoncement.

Certains affirment que la sérénité résiderait dans l'absence de doute, je crois à l'inverse que rien n'est plus dangereux pour l'humanité que les certitudes inébranlables et les dogmes qui interdisent toute remise en cause. Seul celui qui accepte le questionnement, même s'il révèle une part d'humanité, une fragilité qui peut être évidemment source d'angoisse, celui-là seul témoigne de l'utilité de l'inutile.

Nietzsche a-t-il pensé son gai savoir en termes utilitaristes ? "Celui qui renonce", nous enseigne-t-il, "aspire à un monde supérieur, il veut poursuivre son vol plus haut et plus loin que tous les hommes de l'affirmation"*.

La lutte contre la barbarie du quotidien qui menace l'existence même de la civilisation et, plus généralement, toute quête de transcendance supposent d'abord l'apprentissage d'une manière de futilité, de vanité des choses, l’acceptation de notre propre finitude. La condition indispensable pour tracer la voie qui mène à l'élévation impose d'approcher de l'inutile. Encore faut-il accepter de vivre avec le vide et savoir composer avec des riens. Savoir renoncer pour mieux accéder aux profondeurs par superficialité ?

En guise de conclusion du jour, je citerai Théophile Gauthier : "ce qui est utile pour l'un ne l'est pas pour l'autre". Tout est dit. Ou rien. C'est selon...

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