dimanche 18 mars 2018

Rien n'est plus fragile que l'éternité

Comme pour nous rappeler que l'univers nous a été livré sans mode d'emploi, que le cosmos n'est décidément pas à notre échelle et que rien ne permet aux mortels que nous sommes de l'appréhender dans sa totalité, cette semaine Stephen Hawking est mort.

Trous noirs, trous de ver, état pur quantique, état mélangé ou inflation cosmique, l'univers lui-même et son "big bang" originel sont pour moi autant de concepts et de théories aux contours extrêmement complexes qui sont bien au-delà de ma capacité d'entendement. Seuls quelques-uns d'entre nous peuvent s'en approcher et nous livrer des clés d'interprétation. Le génial physicien était de ceux là. 

Son écriture, en ce qu'elle rend plus réel un univers inaccessible, est une manière de faire en sorte que le monde ne soit pas là pour rien. Bien qu'affirmant que personne n'a créé l'univers ni ne dirige nos destins, il invite cependant l'intelligence à considérer le non-manifesté qui se trouve juste au-delà de notre regard.

Stephen Hawking a notamment théorisé le concept de « temps imaginaire ». En expliquant que le temps se déplacerait  dans l'espace comme une autre direction, dans un univers sans bordure, il tente de se débarrasser du point de vue philosophique de la question qu'est celle de la création de l'univers, qui serait, selon lui, né de rien. Au fond, écrire c'est essayer, face à l'inconnu, à ce grand mystère de la création, de laisser une empreinte de pas dans le sable d'une plage humide que la première vague venue recouvrira et dont ne subsistera pas même une trace. Rien! 

Même si, pour les physiciens du début du vingtième siècle, le temps était relatif, que le silence est long, au début du vingt-et-unième, entre deux textes, deux pages d'écriture, deux rages d'écrire que rien ne calme sauf la tentative d'ordonnancement, pour leur donner sens, de quelques signes sur une page blanche. 

Au-delà de son caractère récréatif, la rédaction de ce blog s'impose à moi à l'image d'une forme de rituel cyclique de re-création, tant il est vrai que si le monde n'a d'autre existence que le regard que nous portons sur lui, c'est dans l'écriture qu'il prend forme et si, comme le dit la chanson, le bonheur n'attend pas, la meilleure façon de lutter contre le malheur réside alors sans doute dans l'acceptation que rien n'est plus fragile que l'éternité, que tout est éphémère et que la vérité réside peut-être dans l'acceptation que la vie ne vaut que par la douceur même des petits riens de l'existence.

"Le bonheur n'existe pas... 
...c'est juste le malheur qui fait une pause."

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