Tu comprends, toi ?
Le « front républicain »
: Expression d’un idéal ou stratagème politicien ?
Rappelons nous. L’été dernier, le "front républicain" était brandi par les hoplites de la bien-pensance comme
le bouclier d’Athéna contre la percée des spartiates d’une extrême droite
présentée comme l’ennemi absolu. La démocratie était en danger ! La morale
républicaine était portée comme un étendard. Ceux qui, la veille encore, se
déchiraient à coups de slogans acérés et de tweets délétères, trouvaient subitement un "intérêt supérieur et partagé" à défendre les "valeurs communes" devant la "menace brune".
Quel miracle ! Mais que reste-t-il de tout ça aujourd’hui ?
Barnier arrive. Le gouvernement
tangue sur l’adoption du budget de la Sécurité Sociale, et avec, en sous-main,
le positionnement tactique et les postures grotesques de ceux qui pensent demain pouvoir porter les couleurs de leur coterie à la magistrature suprême, l’intérêt partisan bien
compris reprend ses droits. La question n’est plus de "barrer la route au
RN", mais de jouer de sa présence en force sur les bancs de l'assemblée, de l’utiliser pour mieux déstabiliser un pouvoir jugé
incompatible avec les intérêts, pourtant totalement divergents de ceux qui s’accordent
à jouer le chaos pour des raisons purement tactiques. Les idéaux ? Aux
orties. Le front républicain ? Jeté aux oubliettes. La morale politique ? Un
ornement qu’on ne sort que pour les grandes occasions, mais qu’on abandonne dans les
couloirs du Palais Bourbon à la moindre turbulence. L’intérêt du pays ? Quoi ?...
Le parti, d'abord, pour le pays on verra !
Peut-être faut-il lire tout cela
à travers le prisme de la philosophie stoïcienne. À la manière d’Epictète,
rappelons nous : "Il ne dépend pas de toi de changer le monde, mais
bien de comprendre ce qui dépend de toi." Traduction : la
politique ne serait qu’un échiquier où les règles
changeraient selon les coups et les intérêts de chacun.
Et pourquoi pas en rire ? La classe politique française, si souvent décriée pour ses défauts, est, pour moi, une
inépuisable source d’absurde émerveillement. Imaginez : à gauche, on se
lamente sur l’état du pays et on écrit les pages d’un discours de censure qui
dénonce l’influence des idées populistes sur le gouvernement tout en faisant, de fait, alliance avec
l’extrême droite ; à droite, on agite la menace de la gauche tout en faisant
des ronds de jambe au RN qui, lui-même, ne répugne pas à voter avec l’extrême-gauche
honnie… Ah ! qu’ils seront beaux et fiers tous ces élus LFI et RN qui, debout pour célébrer leur triste victoire, applaudiront et éructeront de concert à la chute du gouvernement !
Vive la Quatrième !
La prochaine fois qu’on te parlera
de "front républicain", d’alliance improbable ou de censure morale,
pose toi cette question simple : suis-je un citoyen, libre de ses choix, ou
l’acteur involontaire et servile d’une mauvaise pièce de théâtre ?
Pour ma part, je choisis de sourire…
et d’écrire.
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