Tout à l’heure, alors que je prenais le volant de mon automobile, le voyant d'alarme de sous-gonflage de l'un des pneus s’est allumé. Rien de grave, me dis-je, juste une petite vérification et, en un coup de gonfleur, je pourrai tailler la route. Je prends alors la direction d'une station-"service" proche de mon domicile, sûr de trouver une borne de gonflage en libre-"service" (faut pas rêver ! Plus personne ne te propose de gonfler tes pneus, vérifier les niveaux ou laver ton pare-brise... Parlons en du "service" !). Mais j'ai beau chercher, rien ! Foin de gonfleur.
Je demande à un employé, un peu interloqué, seul présent sur site derrière la vitre blindée de sa cabine, et, dans l'hygiaphone, il me répond : « On n’en installe plus, monsieur, ce n’est pas rentable. » Pas rentable ? Gonfler les pneus de son véhicule après avoir rempli son réservoir ou rechargé ses batteries, un luxe ? Je repars en direction d'une deuxième station du même (très) grand réseau français, flambant neuve celle-ci, et étalant sous ses néons scintillants ses bornes de recharge électrique. Rebelote : pas de gonfleur. Après une nouvelle démarche auprès de la troisième station visitée (et tout ça, au beau milieu des encombrements de l'heure de pointe, évidemment...), je commence à m’agacer sérieusement. Trente minutes de route, trente minutes de temps perdu, trois stations-service, trois échecs. Je finis par comprendre que les bornes de gonflage sont devenues une espèce en voie de disparition. Décidément, les grands réseaux d'approvisionnement en énergie, à défaut d'en fournir, ne manquent pas d’air…
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, c’était un service basique, à disposition chez quasiment tous ceux qu'on appelait encore alors - ils n'étaient pas tous anciens flics, ni alcooliques, souviens toi de Coluche dans Tchao Pantin - des pompistes. On nous rabâche sans cesse l’importance de vérifier la pression des pneus, pour : économiser du carburant, réduire l’usure, éviter le risque d'éclatement, et même limiter les émissions de CO₂ ! Mais à quoi bon nous mettre en garde, si ces outils basiques et indispensables disparaissent ?
Résultat des courses, je suis reparti avec un voyant jaune au logotype inquiétant qui clignote toujours et une bonne dose d'agacement et de frustration. Comment en est-on arrivé là ? Dans une région comme la mienne, trouver une borne de gonflage est devenu un parcours du combattant (on me dit même qu'il existe désormais des applications d'aide à la recherche de stations de gonflage...). Les stations de distribution de carburant se transforment en mini supermarchés, on y trouve tout ce qu'on veut ou presque, mais les services essentiels à la bonne marche des véhicules automobiles, eux, disparaissent. Au nom de la rentabilité me dira-t-on, mais alors pourquoi ne pas mettre en place un système de stations de gonflage tarifée ? Plutôt que rien, je préfèrerais, de très loin, un service payant, mais garanti et accessible.
Feu mon père me disait, il y a près de trente ans, qu'un jour on en arriverait à vouloir nous vendre l'air qu'on respire. On en est pas encore là, mais il est désormais de plus en plus difficile de simplement trouver l'air comprimé nécessaire pour gonfler nos pneumatiques. Ça me gonfle ! Au propre comme au figuré. Si l’un ou l’autre des dirigeants de ces réseaux de vente de carburant me lit, voici un message simple : remettez des gonfleurs, ce n’est pas une option, c’est une nécessité.
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