mercredi 11 avril 2018

Toujours aller plus loin ?

Depuis la prime enfance, on nous a enseigné qu'en toutes circonstances il fallait, dans ses rapports humains, savoir garder la mesure et, pour ne pas dépasser les limites auxquelles la politesse nous oblige, prendre garde de ne jamais trop forcer le trait ou d'exagérer, au risque d'aller trop loin.  

Bref ! Qu'il fallait savoir se retenir d'abuser, de trop tirer sur la corde ! Jamais ne dépasser  les bornes ! Et surtout pas " pousser mémé dans les orties"...

Mais à force de retenue, n'ai-je au fond pas été souvent empêché ? N'ai-je pas moi-même érigé et consolidé des obstacles pour mieux observer les règles de la bienséance, dressé les murailles du savoir-vivre qui me paraissaient infranchissables et qui, comme autant d'écrans et de voiles, ont rendu plus long, plus dure et parfois même totalement impraticable la route ?

J'en suis alors arrivé au moment où je m'interroge sur le sens de ces barrières qui m'ont, trop souvent, empêché d'aller voir au-delà des limites que je m'imposais, de cheminer plus avant, de progresser, et même peut-être, sur certains points, tout simplement de mûrir.

Certaines portes - pas toutes ! - sont bonnes à enfoncer, certaines certitudes - ou absences de certitudes - à bousculer et l'évolution est une course contre le temps qui doit savoir s'affranchir des haies de l'habitude et du conformisme.

Mais si la liberté seule autorise la transgression des règles et permet d'entrevoir une voie vers la vérité, il ne saurait pourtant être question dans mon esprit de renverser tous les totems, de fouler aux pieds tous les tabous ni même d'interdire d'interdire. Pour avancer sur le chemin de la recherche de la vérité, encore faut-il accepter une forme d'ordonnancement et le respect de certains usages, une manière d'othopraxie qui rend seule possible la vie en société.

Car si la transgression libère, seule une progression harmonieuse et ordonnancée permet d'approcher de la connaissance de sa singularité. Et, alors que le joli mois de mai s'annonce, et, avec lui les "célébrations" en tous genres du cinquantenaire de 68, je continue à croire que tout ne se vaut pas et que, comme aurait pu le dire un mien ami poète et grand amateur des aventures du commissaire San-Antonio, si la transgression autorise presque tout, on ne saurait - dans le seul dessein de toujours aller plus loin - pour autant "sucer Gégé dans les orgies" ! (petit clin d’œil à la filmographie - ô combien ! - jouissivement transgressive de Bertrand Blier).

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