dimanche 16 juin 2024

Rien ne justifie le choix de l'extrémisme

Dans le calme de cette matinée pluvieuse, alors que les premières lueurs du jour percent difficilement les nuages lourds de menaces qui assombrissent le ciel de France, je réfléchis sur notre époque troublée. Je me dis, ami lecteur, que, face aux tempêtes de l’histoire, il est essentiel de savoir garder le cap, de rester ancré dans les valeurs sur lesquelles notre pays s'est bâti. 

Au coeur de mes réflexions, une phrase prononcée par Jacques Chirac en forme de testament politique, lointaine mais pourtant d'une terrible actualité, me revient : "Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre. Dans notre histoire, l'extrémisme a déjà failli nous conduire à l'abîme. C'est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit. Tout dans l'âme de la France dit non à l'extrémisme. Le vrai combat de la France, le beau combat de la France, c'est celui de l'unité, c'est celui de la cohésion. Oui, nos valeurs ont un sens !" Ces mots résonnent comme un avertissement. Un incendie ne se combat pas avec un lance-flammes. Les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche, n'emportent avec eux que la promesse du feu dévastateur de forces qui, au lieu de bâtir, ne cherchent qu’à détruire. On voudrait nous faire accroire que l'alternative, faite de cendres et de braises, ne se résumerait plus désormais qu'au choix entre, d’un côté, une alliance improbable où se côtoient toutes les nuances de gris d’une droite extrême dure et identitaire, jouant sur les peurs, les haines et les divisions de notre société, et, de l’autre, un front de gauche de circonstance, où l’on retrouve des figures d'un passé que l'on croyait heureusement révolu et les jeunes représentants des mouvements les plus radicaux, une fusion explosive où se mêlent social-démocratie et chaos annoncé par les tenants du communautarisme, du wokisme et de la révolution permanente, chacun prêchant sa vérité avec la ferveur de ceux qui ne voient plus le monde qu'au prisme de leur idéologie. Je ne le crois pas.

La phrase de Jacques Chirac nous rappelle que la véritable grandeur d’une nation ne réside pas seulement dans la puissance de ses armes ou dans la justesse de ses lois, mais dans sa capacité à se préserver des extrêmes, à maintenir l’équilibre entre les forces opposées et à croire en son destin.

La France, cette vieille dame au visage marqué par les siècles, la patrie des lumières et des droits de l'homme, mérite mieux qu'un choix mortifère entre réaction et révolution. Elle mérite une voie qui, au-delà des passions et de l'affrontement, cherchera toujours l'édification d'un avenir commun et partagé, dans l'harmonie des différences, à l'effet de créer une société où chaque individu, chaque génération, chaque voix, trouvera sa place. Nous devons rester fidèles à cette idée de la République, non comme un simple mot, mais comme une réalité vivante, une force qui, dans son essence, incarne aux yeux des nations les valeurs d'un humanisme à la française, celui qui, en rappelant avec clarté le principe de laïcité, s'incarne dans les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. 

Loin des tumultes de l'actualité, je contemple le vaste horizon de l’histoire humaine. Là, dans ce théâtre de la confrontation des idées, je me reconnais dans ceux qui ont cherché à trouver un juste milieu, une voie qui transcende les extrêmes, qui élève l’homme au-dessus de ses instincts les plus bas. C’est dans cette quête que réside la véritable grandeur d’un peuple, dans sa capacité à se dépasser, à trouver une harmonie entre ses désirs et ses principes, ses aspirations et la confrontation à la dure réalité du monde. 

Dans quinze jours, il faudra voter. Alors, en ce moment charnière où les choix se dessinent avec une douloureuse clarté, rappelons nous que la première force d’une nation c'est sa sagesse, sa capacité à rester unie dans la diversité, à lutter contre les tentatives délétères du repli sur soi et du communautarisme, et, à défendre ses valeurs avec courage et conviction. Entre des nationalistes qui attisent la haine de l'autre et des mondialistes mus, pour certains, par la détestation de la patrie, il y a une place pour ceux qui aiment la France et croient à l'universalisme de son message. A l'heure où nombreux sont ceux qui, parmi les plus jeunes, doutent du système démocratique (selon un récent sondage, près de la moitié des 18/24 ans ne considèrent pas comme "très important" de vivre dans un pays gouverné démocratiquement!*...), c'est le sens même du combat pour la République, laïque, une et indivisible, que, même si j'ai conscience qu'il est désormais en partie utopique, j'appelle aujourd'hui de mes vœux. N'en déplaise à ceux qui, sur les réseaux ou ailleurs, évoquent à son propos de "vieilles soupes...", en 1995 j'ai pleinement adhéré au discours prémonitoire sur la fracture sociale et la menace qu'elle faisait porter sur l'unité nationale. Chiraquien j'ai été, Chiraquien je reste, parce que c’est dans cette fidélité à nos idéaux républicains et démocratiques que se trouve la véritable essence de notre être commun. Ensemble, portons haut les couleurs de la raison et de l’unité, pour que cette France que nous aimons tant, demeure, aux yeux du monde qui nous regarde, l'un des phares qui montre un chemin possible d'unité et de concorde dans la tempête cruelle et terrible des passions humaines. Rien ne justifie le choix de l'extrémisme et du renoncement à nos idéaux démocratiques. Rien.

(*) Enquête publiée le 3 février 2022 par les sociologues Olivier Galland et Marc Lazar pour le compte de l’Institut Montaigne.

jeudi 6 juin 2024

Rien oublier

Chaque année, le 6 juin, les regards du monde se tournent vers les plages de Normandie. Les vagues de la Manche qui lèchent doucement le sable, en ce matin d'un été encore timide et hésitant, ignorent tout du sang et des larmes versés ici il y a huit décennies. En effet, ce même rivage, ces mêmes plages, ces mêmes dunes de sable blond qui regardent vers le large et le lointain occident furent, Il y a quatre-vingts ans, le théâtre tragique d’un événement qui a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale : le débarquement des troupes alliées en Normandie.


L'histoire humaine est une mosaïque complexe de moments glorieux et de tragédies qui nous paraissent parfois insurmontables. Si nous sommes capables de la regarder avec une certaine sérénité, c’est parce que, comme le dit l'adage populaire, le temps fait son œuvre, et qu'il a le pouvoir de cicatriser même les plaies les plus profondes. Il est cependant des événements que nous ne devrons jamais laisser se diluer dans les brumes de l’oubli. Le D-Day en est un.

Le 6 juin 1944, à l'aube, les forces alliées ont lancé l'une des opérations militaires les plus déterminantes de la guerre et l'une des plus audacieuses de toute l'histoire humaine. Des milliers de jeunes hommes, venus de très loin et pour la plupart à peine sortis de l'adolescence, ont été jetés dans le tumulte et le chaos des combats, sur les plages aux noms désormais gravés dans l'histoire : Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Ces noms résonnent aujourd'hui, non pas comme des souvenirs lointains, mais comme des échos d'un sacrifice immense, au service de notre liberté.

L’histoire humaine est tragique, non pas parce qu'elle est ponctuée de malheurs, mais parce que ces épreuves sont souvent le produit de nos propres actions. Les guerres, les génocides, les massacres ne sont pas des calamités naturelles. Ils sont le résultat de décisions humaines, de haines cultivées, d'incompréhensions encouragées et de peurs irrationnelles. Le D-Day, malgré son aspect héroïque, est le fruit de l'une des périodes les plus sombres de l'humanité : la Seconde Guerre mondiale. Une époque où l'intolérance et la barbarie avaient atteint des sommets heureusement depuis jamais égalés.

En ce jour de commémoration, il est essentiel de se rappeler que le débarquement de Normandie n’a pas seulement été une victoire militaire. C’était une réponse à l’oppression, une lueur d’espoir dans un monde plongé dans les ténèbres. Ce 6 juin marqua le début de la fin pour une idéologie qui prônait la suprématie raciale et la destruction de tout ce qui ne correspondait pas à son abjecte idéologie.

Les histoires individuelles de ceux qui ont participé à cet événement historique sont autant de témoignages poignants de courage et de sacrifice. Imaginez un instant un jeune homme de vingt ans, traversant la Manche, ne sachant pas ce qui l'attendait sur cette côte inconnue et hostile et conscient du risque bien réel qu'il pourrait ne jamais revenir. Chaque soldat, chaque marin, chaque aviateur portait sur ses épaules non seulement le poids de son équipement, mais aussi celui d'une angoisse intime mêlée à l’espoir collectif qu'il concrétisait alors pour des millions de personnes opprimées à travers l’Europe.

Il est tentant - et tu le sais, cher lecteur, je suis assez sensible à cette émotion - de regarder le passé avec une certaine nostalgie. On peut aussi se dire que nous avons su en tier les leçons. Pourtant, l'histoire nous rappelle chaque jour, avec une tragique obstination, les parts d'ombre de l'humanité et la propension des hommes à toujours répéter les mêmes erreurs. Les conflits armés, les discriminations, l'oppression et les injustices persistent. Le devoir de mémoire, que nous accomplissons en ce jour, est bien plus qu’un hommage aux héros d’hier. C’est un appel à la vigilance et à l’action concrète pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.

Ne jamais oublier signifie aussi reconnaître les signes avant-coureurs des drames et des catastrophes. Le monde d'aujourd'hui, avec ses avancées technologiques et des frontières toujours repoussées, n'est pas à l'abri de graves dérives. Les discours de haine, les nationalismes exacerbés, les tentations autoritaires et les promesses prométhéennes d'un post humanisme non maîtrisé sont autant de menaces que nous devons affronter avec la même détermination que celle des soldats qui débarquèrent en Normandie.

En célébrant le quatre-vingtième anniversaire du D-Day, nous honorons non seulement la mémoire de ceux qui ont combattu, mais nous réaffirmons aussi notre engagement à défendre les valeurs de liberté, de justice et de paix. Chaque croix blanche, chaque monument érigé sur ces plages, chaque vétéran honoré en ce jour est un rappel silencieux mais puissant de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous sommes unis par une cause juste.

Aujourd'hui, nous nous souvenons des sacrifices consentis, des vies perdues, des rêves brisés. Mais nous nous souvenons aussi des victoires, de la résilience, de l’espoir renaissant. L'histoire humaine est tragique, certes, mais elle est aussi ponctuée d'actes de bravoure et de moments de rédemption. L'histoire humaine est tragique, rien ne saurait nous en prémunir. Mais l'espérance ! En ce jour anniversaire du débarquement de Normandie, pour que vive l'espérance, il convient de ne rien oublier. Jamais !

mardi 7 mai 2024

Ne rien regretter

Dans les méandres de la pensée, l'essence se fragmente en éclats évanescents qui, peu à peu, disparaissent, tels des brumes irisées dans la lueur éthérée de l'absence. Le sens, comme un papillon éphémère, voltige entre les voiles diaphanes de l'illusion, échappant à toute tentative de capture dans les filets inconsistants du non-être. Mais qu'est-ce donc que le sens, sinon une énigme, une question sans réponse, entre toute-présence et néant.

Dissimulé entre blanc et noir, entre Yin et Yang, entre immanence et transcendance, dans les hiatus et les replis de l'existence, le sens se joue des velléités désespérées de notre entendement. Les mots eux-mêmes se dérobent dans le chaos du non-sens, laissant derrière eux un vide abyssal, une béance saugrenue. Les philosophes, dans leur quête éperdue de vérité, sont comme des somnambules égarés dans les méandres de la pensée, cherchant à percer les mystères en s'aidant d'outils aussi émoussés que leur propre raison. Le langage lui-même devient un piège, un dédale sans issue où les mots se perdent et s'entremêlent dans une farandole sans queue ni tête, se dissolvent en volutes insaisissables, s'entrelaçant dans une chorégraphie qui semble parfois même échapper à toute logique. Chaque syllabe, chaque phonème, chaque mot paraissent comme émerger d'un rêve effacé, s'évaporant sans plus laisser de trace. La signification, cette chimère insaisissable, se dérobe alors à toute tentative d'appréhension, laissant l'âme errante du cherchant dans un dédale de non-sens et d'oubli. 

Et que dire de la sensation, cette pulsation éphémère qui parcourt l'essence de l'être ? Elle se dissipe tel un souffle fugace, se perdant dans les circonvolutions labyrinthiques de l'illusion sensorielle, échappant à toute tentative de captation. La sensation nous attrape et nous relâche dans un tourbillon d'émotions discordantes. Elle oscille entre présence et absence, une étreinte fugace qui s'évanouit dès qu'on tente de la saisir. Est-elle le reflet voilé de la réalité, ou bien une hallucination fugitive née de l'interstice entre l'être et le néant ?

Dans le chaos de la vie, peut-être est-il temps, cher lecteur, de tirer le rideau, de renoncer à toute prétention de compréhension, et de se laisser emporter par le flux tourmenté de l'existence. Dans ce monde dénué de sens, je t'invite à lâcher prise, à t'abandonner à la douce folie de l'absurde, et à accepter de vivre au rythme effréné de l'incertitude. Peut-être est-il temps de reconnaître que le sens, s'il existe, n'est peut être qu'une illusion fugace, un mirage dans le désert sans fin de notre ignorance transcendante.

La quête absolue de vérité fait de nous les naufragés d'un océan d'illusions, cherchant désespérément un rivage stable, un havre d'ancrage dans un monde en perpétuel mouvement. Chaque pensée, chaque idée, semble s'évanouir dans les brumes de l'oubli, laissant derrière elle un vide béant de sens. Et pourtant, nous continuons à chercher, à espérer, à rêver d'un avenir où le sens émergera enfin de l'obscurité. Mais peut-être que, loin d'être un but, la quête du sens nous invite plutôt à un voyage sans fin qui donnera paradoxalement sens à notre existence même. Peut-être que c'est dans la recherche elle-même que réside la véritable essence du sens, dans le mouvement incessant de la pensée, dans la danse perpétuelle entre conscience et inconscience. Face à l'énigme de la vie, peut-être apprendrons nous que la vraie sagesse réside dans la capacité à ne pas chercher à tout saisir, mais simplement à savourer chaque instant avec le sourire ironique et narquois de celui qui sait qu'il ne sait rien, pour ne rien regretter,.

lundi 8 avril 2024

Rien ne va s'arrêter

" Au-delà de cette voûte étoilée, qu'y a-t-il ? De nouveaux cieux étoilés. Soit ! Et au-delà ? L'esprit humain, poussé par une force invisible ne cessera jamais de se demander : Qu'y a-t-il au-delà ? Veut-il s'arrêter soit dans le temps, soit dans l'espace ? Comme le point où il s'arrête n'est qu'une grandeur finie, plus grande seulement que toutes celles qui l'ont précédée, à peine commence-t-il à l'envisager que revient l'implacable question et toujours, sans qu'il puisse faire taire le cri de sa curiosité." 
Louis Pasteur


Dans le flux chaotique de l’univers, seule une - rassurante tout autant qu'angoissante - certitude demeure : rien ne va s'arrêter. C'est une idée à la fois simple et profonde que je souhaite explorer avec toi, cher lecteur, inspiré par les enseignements de l'ésotérisme gnostique, la pensée de Carl Gustav Jung et celle d'Emmanuel Levinas.

La pensée gnostique, ésotérique, ancienne et mystérieuse, offre une perspective fascinante sur la nature de la réalité qui façonne l'ordre de l'univers. Selon les gnostiques, le monde matériel est le champ de bataille d'une lutte éternelle entre le bien et le mal, les forces de la lumière et de l'obscurité. C'est un flux incessant d'énergies en perpétuel mouvement au sein duquel les âmes sont piégées dans un cycle de naissance, de mort et de renaissance. Chaque pensée, chaque action, chaque relation à la nature ou à l'autre contribuent ainsi à l'évolution de notre être et de l'univers tout entier. C'est dans ce tohu-bohu que nous trouvons la promesse de transcender nos limites et de nous élever vers des horizons plus vastes. Dans cette vision, le chaos est omniprésent, mais il est aussi porteur de potentiel : c'est dans le tumulte de cette lutte cosmique que les âmes peuvent se libérer et retrouver leur véritable essence divine.

Les travaux de Carl Gustav Jung sur l'inconscient collectif et les archétypes résonnent avec cette vision gnostique d'un cosmos imprégné de symboles et de motifs universels. Dans ce réservoir primordial, rien n'est figé ; tout est en constante transformation, reflétant les luttes, les défaites et les victoires internes à l'âme humaine. Dans son exploration des profondeurs de l'esprit humain, Jung met en lumière les forces invisibles qui façonnent nos pensées, nos émotions et nos comportements. Dans cette perspective, rien n'est statique ; tout est mouvement, en constante transformation.

Emmanuel Levinas, quant à lui, nous invite à transcender notre individualité pour reconnaître l'étincelle de présence divine en chaque être humain. Dans sa philosophie de l'altérité, il souligne l'importance de regarder au-delà de nous-mêmes et de reconnaître l'autre dans sa pleine différence. En nous exhortant à reconnaître l'Autre en nous-mêmes, il nous rappelle que notre existence est intrinsèquement liée à celle des autres. Ainsi, lorsque nous parlons de la continuité inéluctable de la vie, nous évoquons également le lien profond qui nous relie les uns aux autres, ainsi qu'à quelque chose de plus grand que nous-mêmes, ce lien intime entre notre existence individuelle et la transcendance.

Dans notre vie quotidienne, la perspective gnostique d’un chaos permanent nous rappelle que chaque expérience est une occasion de croissance spirituelle, un pas de plus vers la connaissance de soi et de l'univers. Même dans les moments les plus sombres, nous pouvons trouver une parcelle de lumière. Mais cette idée peut aussi être source d'angoisse, car elle souligne le caractère éphémère de notre existence terrestre. Si rien ne s'arrête, où est la permanence, l'immanence dans ce tourbillon incessant de changement ? La sagesse gnostique nous enseigne à chercher le salut dans la connaissance de soi et dans la connexion avec la parcelle de divin qui est au plus profond de chacun de nous. En reconnaissant que rien ne va s'arrêter, nous sommes invités à embrasser et à vivre pleinement, ici et maintenant, notre rôle dans le grand drame cosmique. Chaque pensée, chaque action, chaque relation contribue à l'évolution de notre être et, partant, de l'univers tout entier. C'est dans cette danse éternelle que nous trouvons la promesse de transcender nos limites et de nous élever vers des horizons plus vastes.

Dans ce contexte, la pensée d'Emmanuel Levinas prend une dimension particulière. En nous exhortant à reconnaître l'autre en nous-même, il nous rappelle que nos existences sont intrinsèquement liées. Dans cette vision, la continuité de la vie est indissociable de notre capacité à nous ouvrir aux autres et à reconnaître leur humanité. C'est dans la relation avec autrui que nous trouvons la possibilité de transcender notre individualité et de nous connecter à quelque chose de plus grand que nous. De leur côté, les enseignements de Carl Gustav Jung sur l'inconscient collectif et les archétypes soulignent l'importance de reconnaître les motifs universels qui sous-tendent nos expériences individuelles. Dans cette perspective, rien n'est jamais figé ; tout est en mouvement, en perpétuelle évolution. Chaque rencontre, chaque expérience nouvelle, est une occasion d'explorer les profondeurs de notre propre psyché et de nous connecter à l'essence même de l'humanité.

Dans notre quête de sens et de compréhension, ces différentes perspectives se rejoignent pour nous rappeler que rien n'est jamais immuable, que l'univers est énergie et mouvement et qu'il n'y a ni commencement ni fin. Et c'est dans cette dynamique perpétuelle que résident à la fois notre plus grande liberté et notre plus grande responsabilité. C’est au coeur de ce tohu-bohu que nous trouverons la promesse de mieux nous connaître nous-même et qu’émergera la possibilité même d’une forme de transcendance. Du chaos peut-être alors l'ordre pourra renaître...

mercredi 27 mars 2024

Rien, et encore moins

"Il y a deux tragédies dans la vie : l'une est de ne pas satisfaire son désir et l'autre de le satisfaire."
Oscar Wilde


Que désire l'homme qui n'a rien vécu ? Rien, et encore moins. Car, selon Freud, on ne pourrait désirer que ce qu'on a connu.

Dans les méandres de l'âme humaine, existe-t-il, cher lecteur, quête plus profonde que celle de désirer ce que l'on n'a jamais entrevu ni pénétré ? Un tel questionnement plonge au cœur même de notre essence, explorant les profondeurs de notre être et de nos aspirations les plus intimes. Alors, que peut bien désirer celui qui n'a rien vécu ?

On peut trouver un début d'explication dans l'œuvre de Freud. En effet, le père de la Psychanalyse avance que le désir est intrinsèquement lié à l'expérience. Selon lui, nous ne pouvons aspirer à quelque chose que nous n'avons pas déjà connu, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Comment l'homme qui n'a rien vécu pourrait-il alors désirer ce qu'il n'a pas encore expérimenté ? Cette assertion soulève à mes yeux une multitude de questionnements. Sommes nous réellement condamnés à désirer uniquement ce qui nous est déjà connu ? N'est-ce pas le propre de l'homme que de pouvoir imaginer, rêver, fantasmer et en concevoir des désirs nouveaux, étrangers à son expérience ? Si seul le vécu est le fondement du désir, alors que dire des aspirations qui paraissent surgir de nulle part, des rêves qui semblent émerger de l'obscurité de l'inconnu ? Force de l'inconscient me répondront sans doute certains... Mais peut-être l'homme qui n'a rien vécu soupire-t-il simplement à l'idée de vivre et son désir n'est autre que l'expression d'une pulsion de vie. Son désir pourrait alors être purement symbolique, un appel fantasmé à l'existence elle-même, à la découverte et à l'exploration de sa propre terra incognita. C'est alors peut-être dans la vacuité de son existence que résiderait un potentiel infini, celui d'une toile vierge sur laquelle il pourrait donner vie à ses chimères.

Il est également possible qu'au fond nous n'aspirions qu'à l'idée d'expérience. Notre désir ne serait que le lointain écho d'une curiosité, d'une soif d'aventure qui transcenderait les limites du connu. Le cœur des hommes, vierge de tout passé, pourrait battre au rythme de l'anticipation, de l'excitation procurée par l'immensité de ce qui reste encore à découvrir. Dans le vide apparent de son existence, l'homme qui n'a rien vécu pourrait chercher la plénitude, une forme de satisfaction qui échappe à ceux qui ont déjà tout connu. Son désir répondant alors à une quête de sens, une recherche de quelque chose de plus grand que lui-même, quelque chose qui lui donne enfin un sentiment d'accomplissement, comme un désir d'éternité.

L'homme qui n'a rien vécu n'est, je le crois, pas condamné au néant d'une vaine existence. Son désir, aussi insaisissable soit-il, est une invitation libre à explorer les profondeurs de son être et à embrasser l'inconnu.

Tu as le droit, cher lecteur, de ne pas finir ce texte, de le relire ou même de le laisser de côté et de passer à autre chose, avant d'y revenir plus tard. Rien ne l'interdit. Dans cette liberté de choix réside une singulière beauté. Tout comme l'homme qui n'a rien vécu, tu peux explorer les territoires de la connaissance à ton propre rythme, selon tes propres désirs. L'expérience de la lecture, tout comme celle de la vie, est une aventure personnelle, façonnée par tes envies et tes aspirations. Nul besoin de suivre un chemin préétabli pour découvrir de nouveaux horizons, tu es libre de t'arrêter, de revenir sur tes pas ou même de faire un pas de coté pour - qui sait ? - mieux avancer.

mercredi 6 mars 2024

Rien sans corps

"Nous habitons notre corps, bien avant de le penser." 
Albert Camus

Sommes nous dans notre corps ou sommes nous notre corps ?  La question de notre existence en tant que corps ou entité indépendante de celui-ci est une question philosophique complexe qui a alimenté les débats depuis des siècles et est aujourd'hui particulièrement mise en lumière par les interrogations de notre époque sur la sexualité et l'identité de genre. 

Notre corps est d'abord un véhicule, un capteur sensoriel à travers lequel nous expérimentons le monde. Il est l'instrument par lequel nous ressentons, agissons et interagissons avec notre environnement. Sans notre corps, notre existence dans le monde physique serait impossible. Nous sommes ancrés dans le monde grâce à notre corps qui contribue à notre connaissance de la réalité, et, notre identité est largement façonnée par l'expérience sensorielle et cognitive inscrite dans nos cellules.

L’idée que nous ne serions rien sans notre corps suggère une interdépendance fondamentale entre notre être et notre enveloppe corporelle mais l'affirmation que nous ne serions qu’un corps mérite certainement d'être nuancée tant la construction de notre identité transcende également ces limites physique. De nombreuses traditions philosophiques et religieuses suggèrent en effet l'existence d'une dimension plus profonde de l'être, parfois appelée âme, souffle vital, esprit ou conscience. Cette dimension transcende notre simple enveloppe charnelle et est souvent considérée comme immatérielle et éternelle.

Ainsi, bien que notre corps soit indubitablement essentiel à notre existence dans le monde matériel, notre identité va bien au-delà de notre simple anatomie. La conscience, la pensée et la subjectivité définissent notre être au-delà de la simple enveloppe corporelle. Ainsi, nous résidons dans notre corps en tant qu'entités conscientes, mais notre essence s'étend au-delà de ses frontières matérielles, explorant les profondeurs de l'existence au-delà de la chair et des os. Etres spirituels, nous sommes des créatures complexes, mêlant nos expériences sensorielles et cognitives à des perceptions plus intangibles et souvent inconscientes. La dualité entre le corps et l'esprit ne cesse d'inspirer la réflexion philosophique, invitant chacun à explorer la nature profonde de son être et à se questionner sur le sens même de l'existence humaine.

La complexité de l'identité corporelle s'étend bien au-delà de la simple enveloppe physique, évoluant dans une mosaïque d'influences psychologiques, sociales, culturelles et temporelles. L'affirmation chère à certains et aujourd’hui largement répandue selon laquelle "rien ne définit l'identité d'un corps" nous invite à une exploration métaphysique de la nature de notre être, défiant les catégorisations rigides et soulignant la profondeur de notre existence incarnée.

Le corps, loin d'être une entité biologique isolée, devient une manifestation où se déploient les expériences existentielles, les interrelations sociales et les récits culturels. L'identité corporelle se modèle ainsi par des forces psychologiques, façonnant la manière dont nous nous percevons, intégrons les expériences vécues et naviguons dans notre propre réalité physique. Les normes esthétiques, les idéaux de beauté et les pressions de la société participent de la construction de l'image que nous souhaitons donner de nous-mêmes.

La dimension sociale joue un rôle essentiel dans cette construction. Les relations interpersonnelles, les dynamiques familiales et les liens communautaires contribuent à la définition de notre identité corporelle. Les normes culturelles et les attentes sociales exercent une influence subtile mais puissante, créant un écheveau complexe de significations et de rôles attribués au corps dans divers contextes.

L'identité corporelle est, de surcroît, indissociable de la temporalité. Tout au long de la vie, le corps subit des métamorphoses, de la naissance à la vieillesse, chacune de ces phases s'accompagnant de modifications physiques, psychologiques et émotionnelles. Les moments marquants de l'existence, tels que la maladie, la maternité ou des événements traumatiques, tant psychiques que physiques, laissent des empreintes profondes sur la manière dont nous interagissons avec notre propre corporéité.

Si, dans ce contexte, l'affirmation selon laquelle "rien ne définit l'identité d'un corps" peut être la source d’une réflexion approfondie sur la fluidité et la transcendance des catégorisations préconçues, prenons conscience qu'elle peut aussi encourager certains, en repoussant la part la plus la plus irrépressible dans le social que constitue notre sexe, à considérer l'identité corporelle non pas comme une entité statique, mais comme une réalité fluide, en constante évolution, défiant ainsi les contraintes conventionnelles.

Au-delà de la question du genre, je t'invite, cher lecteur, à élargir la focale au thème du transhumanisme. Les avancées technologiques et médicales contemporaines, telles que les transplantations d'organes, la bio ingénierie, les prothèses connectées tout autant que les altérations corporelles volontaires (tatouages, scarifications, implants...) ouvrent la porte à un fascinant questionnement philosophique. Comment ces modifications somatiques influent elles sur la continuité de l'identité ? Peut-on redéfinir notre essence à travers des interfaces technologiques ou des modifications de notre représentation physique ? Ces interrogations transcendent les frontières traditionnelles de la métaphysique, incitant à explorer la coévolution de la technologie et de l'identité humaine.

Nous sommes tout à la fois notre corps et bien plus que lui. Toute réflexion élargie sur l'identité corporelle invite à une observation plus profonde de notre existence. Et, si elle souligne sans doute la nécessité d'embrasser une vision plus nuancée et inclusive de l'identité, prête, comme l’a écrit la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle dans son livre, Eloge du risque*, à accueillir l'émergence d'une réalité corporelle aux contours redéfinis où, d’un corps qu’il a - un corps ressenti, perçu - l’individu pourrait demain (se) faire le corps qu’il est - un corps voulu et désiré -, véritable " espace en devenir d’un sujet lui-même à venir", prenons cependant garde au risque existentiel pour notre Humanité que, dans un fol élan démiurgique soutenu par une idéologie individualiste radicale et déconstructiviste, certains ne parviennent un jour à mettre en œuvre leur délirant projet de décréation du monde pour pouvoir "mieux" le recréer. Car quand, demain, les évolutions de la morale et les progrès de la science auront repoussés les limites de tous les possibles, rendant probable l'autocréation de soi et une totale désincarnation, sans même évoquer la théorie de la "désincorporation" chère à mon ami Claude, le risque est lui bien réel que notre humanité ne soit un jour plus réduite qu'à rien, ni avec ni sans corps.


(*) Anne Dufourmantelle - Eloge du risque - Editions Rivages & Payot 2011

dimanche 11 février 2024

Ne rien commencer

"Il prévoit toujours la fin, pour ne rien commencer." Elias Canetti


La contemplation de notre finitude, l'ombre inévitable qui plane sur l'existence de chaque être humain, peut être une source de réflexion philosophique mais aussi d'angoisse existentielle. Lorsqu'on réalise que la mort est inéluctable et qu'elle aura raison de tous ceux que l'on aime, un sentiment d'abattement peut s'emparer de l'âme, remettant en question le sens, s'il en est un, de notre existence.

Elias Canetti, dans son "Livre contre la mort" aborde ceux à qui, avec une forme d'aquoibonisme, la perspective constante de la fin donne un motif suffisant pour éviter de jamais commencer. Comme une manière de se soustraire à la vulnérabilité inhérente à la vie en refusant de s'engager pleinement dans les expériences et les relations. Si une telle posture peut être une réaction compréhensible à la peur de la perte, surtout dès lors qu'elle est inévitable, elle soulève également la question fondamentale de savoir si l'évitement de la vie apporte une réponse valable face à la réalité de la mort.

Le paradoxe de la vie et de la mort nous confronte à un dilemme existentiel. D'un côté, il y a la beauté, éphémère, inégalable, de l'existence humaine, faite, certes, de hauts et de bas, mais surtout de moments précieux et de liens qui transcendent le temps. De l'autre, il y a le fatidique d'une fin inévitable, synonyme de la cessation de toute expérience, qui nous attend tous. Comment concilier ces deux réalités apparemment inaccordables ?

Peut-être une forme de clé réside-t-elle dans la façon dont nous choisissons de vivre malgré la connaissance de notre inéluctable finitude, ou même dans la façon dont nous choisissons, pour mieux vivre, de l'accepter pleinement. Plutôt que de succomber à la tentation de l'immobilisme, qu'est-ce qui nous retient d'embrasser la vie avec une intensité renouvelée ? 

La pensée de Canetti, bien que souvent sombre et, à première vue, pessimiste, emporte surtout une invitation à la résilience. En reconnaissant la fin inévitable, nous sommes confrontés à un défi existentiel qui ne demande qu'à être relevé. Plutôt que de céder à la résignation, nous pouvons choisir de donner un sens à notre existence, de créer les conditions d'un héritage qui transcende notre propre passage sur la terre.

La peur de la mort peut être paralysante, mais elle peut aussi être le catalyseur d'une vie pleinement vécue. C'est dans la conscience aiguë de leur propre mortalité que certains trouvent la motivation pour saisir chaque occasion, chérir chaque relation, et que d'autres trouvent la ressource pour s'engager et œuvrer à un monde meilleur. La conscience de la fin peut devenir le moteur de la créativité, de la compassion et du désir de laisser une empreinte positive sur le monde.

La mort, il est vrai, emporte tout ce que nous aimons, mais cela ne doit pas obscurcir la lumière de l'amour et du sens que nous pouvons apporter à nos vies et à celles des autres. En créant des liens profonds, en partageant des expériences significatives, nous tissons une toile d'émotions et de souvenirs qui survivront à notre propre disparition.

La sagesse réside peut être dans l'équilibre délicat entre la conscience de notre propre finitude et un engagement total et sans retenue dans la vie. Accepter la réalité de la mort ne signifie certainement pas renoncer à la joie de vivre, mais plutôt la vivre avec une conscience encore plus aiguë de la fragilité de nos existences. C'est dans sa vulnérabilité que réside la beauté véritable de la vie, et c'est en acceptant que nous sommes vulnérables que nous pouvons transcender la peur de la mort.

Ainsi, même confrontés à la certitude de notre fin, plutôt que ne jamais rien commencer, nous pouvons, au contraire, choisir de créer, d'initier, d'aimer, de nous lancer et de vivre pleinement. La mort est peut être la seule réalité de la vie, mais c'est aussi la force motrice qui donne à chaque moment son intensité et à chaque relation sa profondeur. Dans cette danse délicate entre la naissance et le trépas, il y a la possibilité de trouver un sens qui permettra à chacun de transcender les limites de son éphémère existence.

vendredi 2 février 2024

Rien ne l'interdit

"Tout est équilibre dans ce monde, au-dedans de nous-même comme au-dehors."
Pierre Loti*

Enième reportage catastrophiste sur la sécheresse qui frappe l'Espagne. Cette fois c'est la province de Catalogne qui en fournit le cadre. Une nouvelle opportunité, sur fond d'église surgie des eaux d'un lac asséché, pour nous resservir, avec une angoissante gourmandise, les prévisions apocalyptiques du Giec. Je zappe. Et là, sur telle autre chaîne info, pas mieux ! Sur fond de crise sociale agricole est évoqué avec mélancolie le "glorieux" passé, pas si lointain, d'une France alors encore largement rurale et agraire...

S'appuyant sur le concept de matérialisme historique, les Marxistes voulaient "Du passé, faire table rase!", les Punks, eux, dans une forme de nihilisme anarchiste poussé à l'extrême, hurlaient de façon prophétique, "No Future!". Et si, au-delà des idéologies et de leurs slogans, on pouvait faire le choix de vivre l'instant présent ?

Trop souvent, la nostalgie du passé nous rend mélancolique. Certains s'attardent sur les souvenirs, souvent embellis par le prisme du temps et des reconstructions inconscientes, au risque de se perdre dans les méandres d'une époque révolue et parfois fantasmée. Cette rétrospection constante peut devenir une ancre qui nous retient, nous empêchant d'avancer pleinement dans le présent.

D'un autre côté, il y a ceux d'entre nous qui, anxieux face à un futur incertain, tentent de décrypter l'avenir, de scruter les signes du temps à la recherche d'indices pour anticiper ce qui nous attend, au risque même de conjecturer - Nostradamus millénaristes des temps modernes - un possible effondrement global, une manière de chronique du futur, cette collapsologie à la mode chez certains. Cette quête de certitudes pour ce qui reste à venir, et, par essence, insaisissable peut engendrer une certaine solastalgie, cette forme de détresse liée à un sentiment de perte par anticipation causée par des changements extrapolés tout autant que craints. C'est particulièrement vrai dans le domaine environnemental. En cherchant à prévoir l'avenir, nous nous exposons à l'anxiété de l'inconnu, à la peur de ce qui reste largement imprévisible.

Alors plutôt que de s'enliser dans les sables mouvants du passé ou de se perdre dans les brumes de l'avenir, pourquoi ne pas simplement choisir de vivre pleinement, les deux pieds bien posés sur le sol, en conscience le moment présent ? Pas question bien sûr de nier l'importance du passé ou de négliger la nécessité de la prospective pour essayer, au mieux, de préparer l'avenir, mais plutôt de trouver un équilibre harmonieux entre ces temporalités.

Vivre dans le présent, c'est s'abandonner à l'instant, saisir chaque opportunité d'apprécier la vie dans sa plénitude. C'est être conscient de notre existence, ici et maintenant, au sein de l'univers, reconnaissant de l'extraordinaire simplicité d'être. C'est offrir un terrain fertile pour la croissance personnelle, la découverte de soi et des autres. C'est dans l'instant présent que se tissent les liens authentiques avec nos proches, que naissent les émotions qui seront à la source de souvenirs impérissables. En s'immergeant dans le moment présent, on peut découvrir des trésors insoupçonnés au cœur de l'ordinaire, transcendant la routine quotidienne.

Vivre dans le présent ne signifie pas ignorer les leçons du passé ni renoncer à préparer l'avenir. Au contraire, c'est intégrer ces dimensions temporelles dans notre expérience présente. Les erreurs du passé deviennent des opportunités d'apprentissage, les réussites des points d'appui, et, l'anticipation se fait avec sérénité, sans que l'anxiété d'un futur, par définition inconnu, ne paralyse nos actions.

En tenant, de façon équilibrée, à même distance nostalgie comme solastalgie, en choisissant de vivre consciemment dans le présent, nous pouvons goûter à la plénitude de l'existence. C'est un acte de résilience face aux tumultes de la vie, une affirmation de notre capacité à trouver la paix intérieure indépendamment des tourments nés de l'évocation du passé ou des inquiétudes de l'avenir. Alors, pourquoi ne pas simplement choisir de vivre et de s'abandonner à jouir pleinement du présent, ici et maintenant ?  C'est dans cette simplicité que réside peut-être la clé d'une certaine forme de sérénité. Tout est une question d'équilibre. On peut y croire. Rien ne l'interdit.