vendredi 17 février 2023

Rien ne dure

"La vraie connaissance est de connaître l'étendue de son ignorance." Confucius


Si les mots "savoir" et "connaissance" sont souvent utilisés de manière interchangeable, leurs significations sont pourtant bien différentes. Le savoir s'acquiert et peut être transmis alors que la connaissance m'apparait, elle, comme le fruit d'un long processus d'apprentissage individuel.

Le savoir peut être défini comme une compréhension ou une information acquise à un instant donné et issue d'un enseignement et de l'expérience d'une pratique. Parce qu’il est en général basé sur des faits concrets, il peut être considéré comme relativement fiable mais il dure jusqu'à ce que l'état des connaissances en la matière évolue et n'infirme le soir ce que l'on pensait encore le matin immuable. Ainsi,  le savoir qu'on peut définir comme une manière d'expertise acquise dans un certain domaine est le fruit de la formation intiale suivie et de l'expérience. Il est souvent l'un des fondements d'une certaine légitimité à prendre la parole.

La connaissance est un terme plus large qui s’inscrit dans une forme de mouvement, un processus d'élaboration personnelle continu qui englobe le savoir en lui adjoignant également une dimension de compréhension et d'identification des interactions et des relations entre les différents éléments qui en sont constitutifs. La connaissance peut également être considérée comme une combinaison dynamique et évolutive entre savoir, compréhension et capacité, pour un individu, à mettre à profit cette réflexion pour résoudre des problèmes ou prendre des décisions. Plus que le savoir acquis, la capacité à toujours s'adapter aux modifications de l'environnement n'est rendue possible que par la connaissance. Elle conforte la légitimité de celui que la position qu'il occupe conduit à devoir prendre des décisions.

On dit parfois que le savant est celui qui maîtrise parfaitement et dans ses moindres aspects un savoir par essence limité. Mais, le sachant, n'est-il pas celui qui a, au fil du temps, acquis une forme de connaissance aux contours beaucoup plus larges ?

Si l'on considère le savant comme un individu qui a accumulé une grande quantité de savoir et d'expertise dans un domaine donné, il est possible qu'il sache suffisament de choses pour légitimer sa prise de parole dans ce domaine. Cependant, personne ne peut prétendre savoir absolument tout sur un sujet, même celui qui est perçu comme « sachant ». La connaissance est en constante évolution, et il y a toujours des découvertes à faire et des choses à apprendre.

A l'occasion de la pandémie mondiale, on a assisté pendant des mois au défilé cathodique quotidien de scientifiques devenus, pour certains, les chroniqueurs attitrés des chaînes d'information permanente. Depuis bientôt une année et le début de l’invasion russe en Ukraine, ils ont disparu, presque du jour au lendemain, pour laisser leur place encore chaude sur les plateaux à des officiers généraux, réservistes ou en retraite, qui, chaque jour, commentent l’actualité de la guerre et les manoeuvres des assaillants comme des défenseurs. Les treillis ont supplanté les blouses blanches.

Mais de quoi cette surabondance d’experts est-elle le nom ? Une foi inébranlable dans la parole de celui qui est censé savoir ?

Si tout peut, un instant, sembler vrai, la seule réalité c'est que rien ne dure. La connaissance humaine est, au regard d'un Univers infini qui ne cesse de s'étendre, par nature, limitée. Il y aura toujours des mystères et des incertitudes à explorer. A l’instar de l’horizon, on pourrait dire que plus on croit s’en approcher, plus la connaissance nous échappe. Ce que l'on croit savoir et que l'on pense fiable et durable n'est souvent qu'éphémère. Non, vraiment, rien ne dure.

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