mardi 24 septembre 2024

A n'y rien comprendre

"Rien n'est vide ; car le vide n'est rien et ce qui n'est rien ne peut être"

Mélissos de Samos


A la tête des ministères, les instants de transmission entre deux locataires, ces "entre-deux", sont - à tord ! - parfois considérés comme des moments de grand vide. As tu, cher lecteur, comme moi, déjà fait l'expérience d'un "entre-deux" un peu curieux ? C'est en quelque sorte l'étrange ressenti que j'ai éprouvé hier matin à l'occasion des passations de pouvoir entre membres sortants et nouveaux entrants de notre Gouvernement. Plus que tout, j'ai eu l'impression d'un "entre-soi" qui ressemblait à s'y méprendre à un "entre-riens" ? Pourtant, comme nous l'ont enseigné les anciens, rien n'est vide. A n'y rien comprendre...

dimanche 15 septembre 2024

Rien ne change

Après avoir dû forcer un peu pour fermer la porte de la chambre d’un des garçons, alors que j’y réalisais quelques menus travaux de bricolage, impossible de la rouvrir. Me voilà coincé pendant quelques heures, sans pouvoir en sortir… Courte mais désagréable expérience de l’enfermement.

Je me suis, ami lecteur, alors surpris à gamberger. C’est dingue toutes les conneries auxquelles on peut penser dans ces cas là…

L’incendie d’abord ! Et si le feu se déclarait, lors même que je ne peux pas sortir. Que ferais je ?
Passer par l’un des Velux et grimper, sans glisser, au faîte du toit pour redescendre, côté jardin, via la terrasse de notre chambre ? Faisable, mais n’est pas Sylvain Tesson qui veut et je n’ai guère de goût pour l’escalade urbaine.

Appeler les pompiers et attendre qu’ils défoncent la porte à grands coups de hache ? 

Une livraison, que j’attends et que je ne pourrai réceptionner. Appeler le livreur pour lui demander de décaler sa venue ?

La femme de ménage qui va venir et à qui je ne pourrai pas ouvrir la maison. La prévenir, au risque du grand ridicule de lui narrer mes mésaventures ?

Un besoin naturel qui, au fil du temps s'est fait de plus en plus pressant. Chercher si une bouteille vide traîne dans la chambre ?

Bref ! Je laisse mon esprit divaguer et j’attends, comme sœur Anne, le retour de Wladimir qui, je l’espère, saura me délivrer d’un coup d’épaule puissant et salvateur. Trois heures ont passé et je l’entends de l’autre côté de la porte. Enfin, je vais sortir. Du moins le croyais je...
Car ce n’est pas l’étroitesse du chambranle qui maintenait la porte fermée. C’était - hélas ! - la serrure qui avait rendu l’âme et le pêne qui restait désespérément bloqué dans le trou de serrure et maintenait la porte close. Aucune autre possibilité à ce stade que de casser. À coups de pieds qu’il l’a fait ! Que dire de l’état de la porte et du chambranle... Banale fait divers domestique, sans autre conséquence que quelques travaux de réparation à prévoir.

Tiens, cher lecteur, en parlant de fait divers, je ne résiste pas à l'envie de te relater la petite anecdote suivante :

« Ce qui s’est passé hier passe après d’autres affaires qui se sont passées avant ».

Jolie phrase sous forme d’introduction pour ne strictement rien dire sur un fait divers, sinon banalement évoquer le temps qui passe, en ouverture d’un JT ce soir, dans la bouche d’un « grand » professionnel, « star » sur une chaîne info.

Décidément, rien ne change…

mercredi 4 septembre 2024

ça ne comptera pas pour rien

Alors que la France s'apprête à découvrir le visage de son prochain Premier ministre, la classe politico-médiatique dans son ensemble est en ébullition. Les spéculations vont bon train, les attentes sont immenses et les débats intenses. Les Français, lassés par une succession de crises et grandement désabusés par les postures théâtrales et trop prévisibles qu'offre la grande scène des jeux politiciens, espèrent enfin un leader capable de guider le pays avec sagesse et fermeté. 

Un dirigeant avisé ne se contente pas de suivre son propre instinct. Il sait s'entourer de conseillers compétents et prête attention à tous. Le futur Premier ministre devra incarner cette capacité d'écoute et démontrer, par la gouvernance qu’il mettra en œuvre, que la France est un pays aux multiples voix, et que chacune mérite d'être prise en considération. c'est l'une des caractéristiques du leader de prendre conseil et de savoir écouter. Libre à lui ensuite de décider.

Mais le rôle du Premier ministre ne saurait se limiter à écouter les conseils et les avis de chacun. Il doit faire preuve de discernement pour choisir les solutions les plus adaptées aux difficultés du pays. Cette tâche est d'autant plus ardue que les défis sont nombreux : garantir le pouvoir d'achat, et notamment des plus humbles, assurer la pérennité de notre système de retraites, relancer l’économie en affirmant la valeur du travail, rétablir les finances publiques, garantir la sécurité de tous et celle de la Nation et poursuivre la necessaire transition écologique.

Le prochain chef du gouvernement devra naviguer dans un environnement politique complexe, où les tensions sociales sont exacerbées et des mouvements sociaux de plus en plus fréquents. La crise de la construction et du logement, par exemple, est un sujet brûlant qui requiert une action rapide et efficace.

La réforme des retraites est un autre dossier épineux. Le vieillissement de la population française met à rude épreuve le système de protection sociale, et des réformes sont indispensables pour garantir sa pérennité. Pourtant, toute modification est susceptible de déclencher des manifestations et des grèves, comme cela a été le cas à maintes reprises par le passé. Le futur Premier ministre devra faire preuve de pédagogie et de diplomatie pour maintenir notre modèle de retraite sans fracturer davantage la société.

Sur le front écologique, la France a pris des engagements ambitieux dans le cadre des accords de Paris, mais la mise en œuvre de ces engagements reste un défi de taille. La transition vers une économie plus verte nécessite des investissements massifs et une réorientation des politiques industrielles et agricoles. Le futur Premier ministre devra faire preuve d'une vision claire et d'une détermination sans faille pour mettre en œuvre les mesures nécessaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la protection de la biodiversité, tout en garantissant les conditions de la croissance économique durable et créatrice de richesse et d'emplois dont la France a besoin.

Un enjeu central et transversal à toutes ces problématiques est la question de la dette publique. La France est aujourd'hui confrontée à une dette qui dépasse 110 % de son PIB, un niveau qui limite considérablement les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. La gestion de cette dette s’apparente à un exercice d'équilibriste : il faut concilier la nécessité de stimuler la croissance économique, qui peut nécessiter des investissements publics, tout en assurant la viabilité à long terme des finances publiques, sans trop augmenter une pression fiscale malheureusement déjà trop lourde pour beaucoup. Le futur Premier ministre devra trouver des solutions pour réduire le déficit budgétaire et maîtriser la dette sans compromettre les grands équilibres de notre modèle social.

Les citoyens français attendent de leurs dirigeants qu'il soient capables de comprendre leurs préoccupations tout en ayant le courage de prendre des décisions difficiles. Cette dualité, entre empathie et fermeté, est essentielle pour regagner la confiance d'une population souvent désabusée, en perte de repères et de confiance en l'avenir. Le nouveau Premier ministre devra, au-delà de la question des conditions du travail parlementaire dans une chambre à la composition unique sous la Cinquième République, instaurer un dialogue constant avec les différentes composantes de la société civile, des syndicats aux associations, en passant par les entreprises et les collectivités locales.

Enfin, sur la scène internationale, le futur Premier ministre devra, aux côtés du Président de la République, renforcer la position de la France au sein de l'Union européenne et sur la scène mondiale. Les crises internationales, qu'elles soient sanitaires, économiques ou géopolitiques, nécessitent une coordination étroite avec les partenaires européens et internationaux. La France, en tant que puissance influente, a un rôle crucial à jouer dans la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable à travers le monde.

En somme, le prochain chef du gouvernement sera confronté à une mission titanesque. Il devra faire preuve d'écoute active et de détermination réfléchie pour naviguer à travers les défis complexes et multidimensionnels qui se profilent à l'horizon à l’effet de conduire la Nation vers un avenir plus serein et prometteur, répondant aux attentes fortes exprimées dans les urnes par nos citoyens et respectueux des valeurs républicaines de liberté, égalité et fraternité dans le respect et la défense scrupuleuse des principes de laïcité, ça ne comptera pas pour rien.

vendredi 26 juillet 2024

Quand rien ne va

 Lorsque le monde semble s’effondrer autour de nous, qu’on traverse une période difficile, marquée par le stress, l’anxiété, le burn-out ou encore la dépression, et que chaque fibre de notre être crie son malaise, les normes sociales nous encouragent à feindre le bonheur et nous nous découvrons un talent inné pour le théâtre, les masques et la comédie. Car, dans notre société emprunte de psychologie positive, dire qu'on va mal, ça n'est pas bien. Il est alors fascinant de constater à quel point nombreux sont ceux qui, en proie à la douleur et au désespoir, excellent dans l’art de la dissimulation. La "positive attitude" et son injonction au bonheur, exacerbée par une certaine littérature du développement personnel et de trop nombreux influenceurs qui sévissent sur les réseaux sociaux, nous poussent toujours davantage à n'afficher que la meilleure version de nous-même.


Avouons le, il y a quelque chose de profondément rassurant pour l'autre dans le fait de lui faire accroire que tout va bien et ce phénomène n’est pas nouveau. Dans l’Antiquité, les philosophes stoïciens prônaient déjà une certaine impassibilité face aux vicissitudes de l’existence. Cependant, ce que nous observons aujourd’hui va au-delà du stoïcisme ; c’est une véritable performance qu'on attend de chacun, une attitude où l'on ne doit laisser entrevoir aucune faille. Mais si faire semblant que tout va bien est une forme de résistance, un moyen de défense qui permet de défier l’adversité avec élégance et dignité, que c'est aussi un moyen de ne pas alarmer notre entourage, de ne pas troubler l’harmonie sociale par l'expression de nos tourments intérieurs, c'est aussi, à moyen terme, la plus sure voie vers l'inévitable, car sourire pour maintenir une façade, c’est se tromper soi-même et faire semblant d'aller bien peut s'avérer dangereux pour notre santé mentale. Ce comportement peut conduire, en nous mentant à nous même, à mettre sous cloche nos vraies émotions. Sourire pour maintenir une « masque » ne fait que retarder des conséquences néfastes pour notre équilibre psychologique. Ainsi, cette comédie de façade a ses limites. Elle est une double lame : d’un côté, elle nous protège, et de l’autre, elle peut nous isoler. Car faire semblant peut parfois nous enfermer dans un mensonge solitaire, où, pensant à tort que tout va bien et que nous naviguons sans encombre dans les affres de l'existence, personne ne vient offrir une main secourable.

Paradoxalement, si on peut jouer le bonheur, on ne fait jamais semblant d’aller mal. Pourquoi ? Parce que la douleur authentique, la véritable souffrance, ne se joue pas. Elle est brute, viscérale, indomptable. Quand nous sommes réellement au plus bas, notre corps et notre esprit trahissent cette réalité sans que nous puissions y opposer de masque. Les pleurs, la fatigue, les regards éteints sont autant de révélateurs impitoyables de notre état d'âme. 

En fin de compte, la question se pose : pourquoi ce besoin de comédie ? Peut-être est-ce une preuve de notre optimisme indomptable. Peut-être croyons nous, même inconsciemment, que faire semblant que tout va bien finira par rendre cette illusion réelle, qu'arborer un sourire suffira à nous rendre heureux. Rien n'est plus faux.

Alors, la prochaine fois que vous apercevez ce sourire brillant sur un visage ami, souvenez vous que derrière chaque éclat de rire peut se cacher un soupir étouffé. 

Quand rien ne va, on ne fait jamais semblant d'aller mal, en revanche on peut faire semblant que tout va bien !

mardi 18 juin 2024

Rien n'est moins sur

Aujourd'hui je te propose, cher lecteur, une lecture mythologique des élections législatives en revisitant les thèses développées par Joseph Campbell dans "Le Héros aux mille et un visages". Cette œuvre, en explorant les archétypes mythologiques, éclaire la dynamique des récits humains et, par analogie, nous permet de comprendre les forces à l'œuvre dans le théâtre politique qui se joue sous nos yeux. Campbell propose le concept de monomythe, ou ce qu'il appelle le "voyage du héros", une structure narrative universelle qui traverse toutes les cultures. Ce modèle décrit le parcours du héros à travers trois phases principales : le départ, l'initiation et le retour. En transposant ce schéma à la situation politique actuelle en France, les élections législatives peuvent être vues comme une étape cruciale dans notre quête héroïque collective.

Le Départ : L'Appel de l'Aventure

Le départ du héros débute par un appel de l'aventure, souvent provoqué par une crise ou une situation insoutenable. Cet appel s'est manifesté à l'occasion du récent scrutin européen par l'expression d'une angoisse et d'un mécontentement face aux questions sécuritaires et identitaires, à celles liées au pouvoir d'achat, aux tensions sociales et, dans une moindre mesure, aux crises environnementales, entraînant un vote hostile à la majorité présidentielle. Ce résultat inédit a conduit le Président de la République à prendre la décision très soudaine et inattendue de dissoudre l’Assemblée nationale, créant, de facto, une situation de crise. Les élections convoquées en conséquence peuvent constituer une réponse à cet appel, une occasion pour les citoyens de chercher des solutions et de choisir des élus qu'ils penseront davantage capables de répondre à leurs attentes.

Comme dans le monomythe, cet appel est parfois accueilli avec réticence. Les électeurs peuvent légitimement éprouver de la lassitude ou du scepticisme envers le personnel et les promesses politiques, reflétant ainsi l'hésitation initiale du héros face aux choix qui s'offrent à lui pour son voyage. Cependant, la nécessité de changement finit par prédominer, poussant les électeurs, comme semblent l'anticiper les sondages, à s'engager davantage dans le processus électoral.

L'Initiation : Les Épreuves et la Transformation

Une fois le héros en route, il doit surmonter une série d'épreuves qui le transforment. Pour les citoyens comme pour les candidats aux élections législatives, ces épreuves se traduisent par des débats intenses, des campagnes électorales exigeantes, un engagement inconditionnel, des controverses et des confrontations idéologiques. Chaque alliance de circonstance, chaque parti politique, chaque candidat, cherche à prouver sa valeur et à convaincre les électeurs de la justesse de sa cause et de ses propositions.

Cette phase est marquée par des rapprochements et des trahisons, des adoubements et des bannissements, des succès et des échecs. Les épreuves politiques sont autant d'opportunités de transformation, non seulement pour les candidats eux-mêmes, mais aussi pour la société dans son ensemble. Les débats publics, les manifestations et les discussions sur les réseaux sociaux contribuent à une prise de conscience collective et à une redéfinition des priorités nationales.

Arrêtons nous un instant sur la montée en puissance des partis qui défendent les thèses les plus extrémistes. L'extrême gauche, représentée par un Nouveau Front Populaire largement animé par la France Insoumise et l'extrême droite, incarnée par le Rassemblement National et ses vassaux, souhaitent chacun s'approprier le rôle du héros salvateur. La France Insoumise, en mettant l'accent sur la justice sociale et l'écologie radicale, appelle à une transformation révolutionnaire de la société. Lors que le Rassemblement National, en focalisant sur les questions identitaires et sécuritaires, propose un repli sur soi aux influences réactionnaires. Ces deux approches représentent des visions diamétralement opposées du futur de la France, chacune prétendant détenir la bonne et unique solution aux problèmes actuels. Cependant, leur extrémisme peut être analysé comme une version déformée du voyage héroïque, où le héros se perd au risque même de périr de ses propres excès.

Le Retour : La Réintégration et le Renouveau

Le retour du héros, après avoir triomphé des épreuves, marque la phase finale du monomythe proposé par Campbell. Dans le contexte des élections législatives, ce retour se manifestera par l'émergence d'une nouvelle majorité au sein de l'Assemblée nationale. Les députés de la majorité qui sortira - ou pas -  des urnes seront investis de la mission de transformer les idéaux et les aspirations exprimés pendant la campagne en réalités concrètes et tangibles pour les français. Quelque soit leur camp, les candidats emportent dans cette campagne une promesse de renouveau et de changement.

Cependant, comme le retour du héros peut parfois être complexe et semé d'embûches, les nouveaux élus devront naviguer dans un paysage politique de plus en plus fragmenté et polarisé comme il l'a rarement été sous la 5ème République. La tâche qui les attend est ardue : restaurer la confiance du peuple, mettre en œuvre des politiques efficaces, tout en garantissant la sérénité des débats parlementaires et en assurant la pérennité de nos institutions. Seul leur succès ou leur échec déterminera si le cycle du héros se conclut en apportant un renouveau durable, en tout cas jusqu'à ce que recommence la quête à l'occasion d'un nouveau rendez-vous électoral et démocratique.

Les Archétypes Politiques et la Psyché Collective

Au-delà du schéma du monomythe, Campbell explore également les archétypes qui peuplent les récits mythologiques. Dans le paysage politique français, ces archétypes se manifestent à travers les différentes figures publiques et les rôles qu'elles incarnent. Le leader charismatique, le conseiller, le réformateur audacieux, le traitre et même l'antagoniste cynique sont des personnages qui résonnent avec des archétypes profondément ancrés dans l'inconscient collectif.

Le Rejet des Extrêmes : Une Lecture Critique

Refusant, à titre personnel, le choix de l'extrémisme, j'observe que ces deux voies incarnent des versions caricaturales de certains archétypes héroïques. La France Insoumise tente de se poser en champion du peuple opprimé, utilisant un discours messianique pour mobiliser les masses. Cette quête peut aisément se transformer en tyrannie de la vertu, où toute opposition est considérée comme une trahison, à l'image des anathèmes et des insultes jetés à la figure de ceux des insoumis qui, bien que n'ayant pas été réinvestis, on choisit de maintenir leurs candidatures. À l'autre extrémité, le Rassemblement National se présente comme le défenseur de la nation menacée, adoptant une posture symbolique de guerrier contre des menaces le plus souvent fantasmées. Cette narration peut sombrer dans un autoritarisme xénophobe, où la peur de l'autre justifie des politiques discriminatoires et régressives.

A l'issue des législatives de 2022, les deux extrêmes ont montré leurs limites. Les manifestations violentes et les discours incendiaires de La France Insoumise ont souvent aliéné des électeurs modérés, jusqu'à l'émergence d'une candidature sociale-démocrate incarnée par la liste conduite par Raphael Glucksmann aux élections européennes. De même, les positions radicales du Rassemblement National ont jusqu'à la récente prise de position, heureusement très isolée, d'Eric Ciotti, limité sa capacité à trouver des partenaires pour former des alliances durables.

Le Héros Collectif : Une Voie Médiane

A l'heure du choix, le peuple français est appelé à devenir le véritable héros de cette quête politique. Ce héros collectif, incarné par une société civile active et engagée, peut, je le crois, naviguer sans sombrer dans les écueils de l'extrémisme. La nouvelle Assemblée nationale qui sera issue des Législatives peut fournir un espace politique inédit sous notre République où le dialogue et le compromis seront, on peut le souhaiter, davantage valorisés. Les partis modérés pourront, autour de la majorité présidentielle, s'ils le veulent vraiment, et sans arrière pensée de moyen terme, contribuer à l'émergence de solutions pragmatiques et concrètes. Ils peuvent représenter des figures de médiation, essentielles dans le monomythe, qui aident le héros à trouver un équilibre entre ses pulsions les plus extrêmes.

En revisitant cette campagne pour les élections législatives à travers le prisme du monomythe et des archétypes de Joseph Campbell, apparaît, au cœur de la politique contemporaine, une dimension mythologique et universelle. Ce regard original souligne l'importance des récits et des symboles dans la formation de notre réalité sociale et politique. Les élections ne sont plus seulement des événements civiques, mais des moments de quête héroïque collective où chaque citoyen est invité à participer à la construction d'un futur commun.

Souhaitons que le rejet des extrêmes ouvre la voie à une voie de dialogue et de compromis permettant de transformer les défis présents en opportunités de renouveau et de progrès. En tant que héros collectifs, nous avons la capacité, par notre bulletin de vote, de façonner le destin du pays.

La situation politique actuelle, à la veille des élections législatives, peut être vue comme une étape cruciale dans le voyage héroïque du peuple français, un voyage qui aspire à transformer les défis présents en opportunités de renouveau et de progrès. Ce processus, nourri par une participation active et une réflexion critique, peut aboutir à un renouveau démocratique où les aspirations collectives trouveront enfin une expression authentique et durable même si, dans la situation d'extrême polarisation que nous vivons  aujourd'hui, rien n'est malheureusement moins sur...

dimanche 16 juin 2024

Rien ne justifie le choix de l'extrémisme

Dans le calme de cette matinée pluvieuse, alors que les premières lueurs du jour percent difficilement les nuages lourds de menaces qui assombrissent le ciel de France, je réfléchis sur notre époque troublée. Je me dis, ami lecteur, que, face aux tempêtes de l’histoire, il est essentiel de savoir garder le cap, de rester ancré dans les valeurs sur lesquelles notre pays s'est bâti. 

Au coeur de mes réflexions, une phrase prononcée par Jacques Chirac en forme de testament politique, lointaine mais pourtant d'une terrible actualité, me revient : "Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre. Dans notre histoire, l'extrémisme a déjà failli nous conduire à l'abîme. C'est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit. Tout dans l'âme de la France dit non à l'extrémisme. Le vrai combat de la France, le beau combat de la France, c'est celui de l'unité, c'est celui de la cohésion. Oui, nos valeurs ont un sens !" Ces mots résonnent comme un avertissement. Un incendie ne se combat pas avec un lance-flammes. Les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche, n'emportent avec eux que la promesse du feu dévastateur de forces qui, au lieu de bâtir, ne cherchent qu’à détruire. On voudrait nous faire accroire que l'alternative, faite de cendres et de braises, ne se résumerait plus désormais qu'au choix entre, d’un côté, une alliance improbable où se côtoient toutes les nuances de gris d’une droite extrême dure et identitaire, jouant sur les peurs, les haines et les divisions de notre société, et, de l’autre, un front de gauche de circonstance, où l’on retrouve des figures d'un passé que l'on croyait heureusement révolu et les jeunes représentants des mouvements les plus radicaux, une fusion explosive où se mêlent social-démocratie et chaos annoncé par les tenants du communautarisme, du wokisme et de la révolution permanente, chacun prêchant sa vérité avec la ferveur de ceux qui ne voient plus le monde qu'au prisme de leur idéologie. Je ne le crois pas.

La phrase de Jacques Chirac nous rappelle que la véritable grandeur d’une nation ne réside pas seulement dans la puissance de ses armes ou dans la justesse de ses lois, mais dans sa capacité à se préserver des extrêmes, à maintenir l’équilibre entre les forces opposées et à croire en son destin.

La France, cette vieille dame au visage marqué par les siècles, la patrie des lumières et des droits de l'homme, mérite mieux qu'un choix mortifère entre réaction et révolution. Elle mérite une voie qui, au-delà des passions et de l'affrontement, cherchera toujours l'édification d'un avenir commun et partagé, dans l'harmonie des différences, à l'effet de créer une société où chaque individu, chaque génération, chaque voix, trouvera sa place. Nous devons rester fidèles à cette idée de la République, non comme un simple mot, mais comme une réalité vivante, une force qui, dans son essence, incarne aux yeux des nations les valeurs d'un humanisme à la française, celui qui, en rappelant avec clarté le principe de laïcité, s'incarne dans les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. 

Loin des tumultes de l'actualité, je contemple le vaste horizon de l’histoire humaine. Là, dans ce théâtre de la confrontation des idées, je me reconnais dans ceux qui ont cherché à trouver un juste milieu, une voie qui transcende les extrêmes, qui élève l’homme au-dessus de ses instincts les plus bas. C’est dans cette quête que réside la véritable grandeur d’un peuple, dans sa capacité à se dépasser, à trouver une harmonie entre ses désirs et ses principes, ses aspirations et la confrontation à la dure réalité du monde. 

Dans quinze jours, il faudra voter. Alors, en ce moment charnière où les choix se dessinent avec une douloureuse clarté, rappelons nous que la première force d’une nation c'est sa sagesse, sa capacité à rester unie dans la diversité, à lutter contre les tentatives délétères du repli sur soi et du communautarisme, et, à défendre ses valeurs avec courage et conviction. Entre des nationalistes qui attisent la haine de l'autre et des mondialistes mus, pour certains, par la détestation de la patrie, il y a une place pour ceux qui aiment la France et croient à l'universalisme de son message. A l'heure où nombreux sont ceux qui, parmi les plus jeunes, doutent du système démocratique (selon un récent sondage, près de la moitié des 18/24 ans ne considèrent pas comme "très important" de vivre dans un pays gouverné démocratiquement!*...), c'est le sens même du combat pour la République, laïque, une et indivisible, que, même si j'ai conscience qu'il est désormais en partie utopique, j'appelle aujourd'hui de mes vœux. N'en déplaise à ceux qui, sur les réseaux ou ailleurs, évoquent à son propos de "vieilles soupes...", en 1995 j'ai pleinement adhéré au discours prémonitoire sur la fracture sociale et la menace qu'elle faisait porter sur l'unité nationale. Chiraquien j'ai été, Chiraquien je reste, parce que c’est dans cette fidélité à nos idéaux républicains et démocratiques que se trouve la véritable essence de notre être commun. Ensemble, portons haut les couleurs de la raison et de l’unité, pour que cette France que nous aimons tant, demeure, aux yeux du monde qui nous regarde, l'un des phares qui montre un chemin possible d'unité et de concorde dans la tempête cruelle et terrible des passions humaines. Rien ne justifie le choix de l'extrémisme et du renoncement à nos idéaux démocratiques. Rien.

(*) Enquête publiée le 3 février 2022 par les sociologues Olivier Galland et Marc Lazar pour le compte de l’Institut Montaigne.

jeudi 6 juin 2024

Rien oublier

Chaque année, le 6 juin, les regards du monde se tournent vers les plages de Normandie. Les vagues de la Manche qui lèchent doucement le sable, en ce matin d'un été encore timide et hésitant, ignorent tout du sang et des larmes versés ici il y a huit décennies. En effet, ce même rivage, ces mêmes plages, ces mêmes dunes de sable blond qui regardent vers le large et le lointain occident furent, Il y a quatre-vingts ans, le théâtre tragique d’un événement qui a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale : le débarquement des troupes alliées en Normandie.


L'histoire humaine est une mosaïque complexe de moments glorieux et de tragédies qui nous paraissent parfois insurmontables. Si nous sommes capables de la regarder avec une certaine sérénité, c’est parce que, comme le dit l'adage populaire, le temps fait son œuvre, et qu'il a le pouvoir de cicatriser même les plaies les plus profondes. Il est cependant des événements que nous ne devrons jamais laisser se diluer dans les brumes de l’oubli. Le D-Day en est un.

Le 6 juin 1944, à l'aube, les forces alliées ont lancé l'une des opérations militaires les plus déterminantes de la guerre et l'une des plus audacieuses de toute l'histoire humaine. Des milliers de jeunes hommes, venus de très loin et pour la plupart à peine sortis de l'adolescence, ont été jetés dans le tumulte et le chaos des combats, sur les plages aux noms désormais gravés dans l'histoire : Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Ces noms résonnent aujourd'hui, non pas comme des souvenirs lointains, mais comme des échos d'un sacrifice immense, au service de notre liberté.

L’histoire humaine est tragique, non pas parce qu'elle est ponctuée de malheurs, mais parce que ces épreuves sont souvent le produit de nos propres actions. Les guerres, les génocides, les massacres ne sont pas des calamités naturelles. Ils sont le résultat de décisions humaines, de haines cultivées, d'incompréhensions encouragées et de peurs irrationnelles. Le D-Day, malgré son aspect héroïque, est le fruit de l'une des périodes les plus sombres de l'humanité : la Seconde Guerre mondiale. Une époque où l'intolérance et la barbarie avaient atteint des sommets heureusement depuis jamais égalés.

En ce jour de commémoration, il est essentiel de se rappeler que le débarquement de Normandie n’a pas seulement été une victoire militaire. C’était une réponse à l’oppression, une lueur d’espoir dans un monde plongé dans les ténèbres. Ce 6 juin marqua le début de la fin pour une idéologie qui prônait la suprématie raciale et la destruction de tout ce qui ne correspondait pas à son abjecte idéologie.

Les histoires individuelles de ceux qui ont participé à cet événement historique sont autant de témoignages poignants de courage et de sacrifice. Imaginez un instant un jeune homme de vingt ans, traversant la Manche, ne sachant pas ce qui l'attendait sur cette côte inconnue et hostile et conscient du risque bien réel qu'il pourrait ne jamais revenir. Chaque soldat, chaque marin, chaque aviateur portait sur ses épaules non seulement le poids de son équipement, mais aussi celui d'une angoisse intime mêlée à l’espoir collectif qu'il concrétisait alors pour des millions de personnes opprimées à travers l’Europe.

Il est tentant - et tu le sais, cher lecteur, je suis assez sensible à cette émotion - de regarder le passé avec une certaine nostalgie. On peut aussi se dire que nous avons su en tier les leçons. Pourtant, l'histoire nous rappelle chaque jour, avec une tragique obstination, les parts d'ombre de l'humanité et la propension des hommes à toujours répéter les mêmes erreurs. Les conflits armés, les discriminations, l'oppression et les injustices persistent. Le devoir de mémoire, que nous accomplissons en ce jour, est bien plus qu’un hommage aux héros d’hier. C’est un appel à la vigilance et à l’action concrète pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.

Ne jamais oublier signifie aussi reconnaître les signes avant-coureurs des drames et des catastrophes. Le monde d'aujourd'hui, avec ses avancées technologiques et des frontières toujours repoussées, n'est pas à l'abri de graves dérives. Les discours de haine, les nationalismes exacerbés, les tentations autoritaires et les promesses prométhéennes d'un post humanisme non maîtrisé sont autant de menaces que nous devons affronter avec la même détermination que celle des soldats qui débarquèrent en Normandie.

En célébrant le quatre-vingtième anniversaire du D-Day, nous honorons non seulement la mémoire de ceux qui ont combattu, mais nous réaffirmons aussi notre engagement à défendre les valeurs de liberté, de justice et de paix. Chaque croix blanche, chaque monument érigé sur ces plages, chaque vétéran honoré en ce jour est un rappel silencieux mais puissant de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous sommes unis par une cause juste.

Aujourd'hui, nous nous souvenons des sacrifices consentis, des vies perdues, des rêves brisés. Mais nous nous souvenons aussi des victoires, de la résilience, de l’espoir renaissant. L'histoire humaine est tragique, certes, mais elle est aussi ponctuée d'actes de bravoure et de moments de rédemption. L'histoire humaine est tragique, rien ne saurait nous en prémunir. Mais l'espérance ! En ce jour anniversaire du débarquement de Normandie, pour que vive l'espérance, il convient de ne rien oublier. Jamais !

mardi 7 mai 2024

Ne rien regretter

Dans les méandres de la pensée, l'essence se fragmente en éclats évanescents qui, peu à peu, disparaissent, tels des brumes irisées dans la lueur éthérée de l'absence. Le sens, comme un papillon éphémère, voltige entre les voiles diaphanes de l'illusion, échappant à toute tentative de capture dans les filets inconsistants du non-être. Mais qu'est-ce donc que le sens, sinon une énigme, une question sans réponse, entre toute-présence et néant.

Dissimulé entre blanc et noir, entre Yin et Yang, entre immanence et transcendance, dans les hiatus et les replis de l'existence, le sens se joue des velléités désespérées de notre entendement. Les mots eux-mêmes se dérobent dans le chaos du non-sens, laissant derrière eux un vide abyssal, une béance saugrenue. Les philosophes, dans leur quête éperdue de vérité, sont comme des somnambules égarés dans les méandres de la pensée, cherchant à percer les mystères en s'aidant d'outils aussi émoussés que leur propre raison. Le langage lui-même devient un piège, un dédale sans issue où les mots se perdent et s'entremêlent dans une farandole sans queue ni tête, se dissolvent en volutes insaisissables, s'entrelaçant dans une chorégraphie qui semble parfois même échapper à toute logique. Chaque syllabe, chaque phonème, chaque mot paraissent comme émerger d'un rêve effacé, s'évaporant sans plus laisser de trace. La signification, cette chimère insaisissable, se dérobe alors à toute tentative d'appréhension, laissant l'âme errante du cherchant dans un dédale de non-sens et d'oubli. 

Et que dire de la sensation, cette pulsation éphémère qui parcourt l'essence de l'être ? Elle se dissipe tel un souffle fugace, se perdant dans les circonvolutions labyrinthiques de l'illusion sensorielle, échappant à toute tentative de captation. La sensation nous attrape et nous relâche dans un tourbillon d'émotions discordantes. Elle oscille entre présence et absence, une étreinte fugace qui s'évanouit dès qu'on tente de la saisir. Est-elle le reflet voilé de la réalité, ou bien une hallucination fugitive née de l'interstice entre l'être et le néant ?

Dans le chaos de la vie, peut-être est-il temps, cher lecteur, de tirer le rideau, de renoncer à toute prétention de compréhension, et de se laisser emporter par le flux tourmenté de l'existence. Dans ce monde dénué de sens, je t'invite à lâcher prise, à t'abandonner à la douce folie de l'absurde, et à accepter de vivre au rythme effréné de l'incertitude. Peut-être est-il temps de reconnaître que le sens, s'il existe, n'est peut être qu'une illusion fugace, un mirage dans le désert sans fin de notre ignorance transcendante.

La quête absolue de vérité fait de nous les naufragés d'un océan d'illusions, cherchant désespérément un rivage stable, un havre d'ancrage dans un monde en perpétuel mouvement. Chaque pensée, chaque idée, semble s'évanouir dans les brumes de l'oubli, laissant derrière elle un vide béant de sens. Et pourtant, nous continuons à chercher, à espérer, à rêver d'un avenir où le sens émergera enfin de l'obscurité. Mais peut-être que, loin d'être un but, la quête du sens nous invite plutôt à un voyage sans fin qui donnera paradoxalement sens à notre existence même. Peut-être que c'est dans la recherche elle-même que réside la véritable essence du sens, dans le mouvement incessant de la pensée, dans la danse perpétuelle entre conscience et inconscience. Face à l'énigme de la vie, peut-être apprendrons nous que la vraie sagesse réside dans la capacité à ne pas chercher à tout saisir, mais simplement à savourer chaque instant avec le sourire ironique et narquois de celui qui sait qu'il ne sait rien, pour ne rien regretter,.