jeudi 4 mai 2023

Un peu de tout, beaucoup de rien

Ordo Ab Chao ?

L’effet papillon est une métaphore qui fut formulée pour la première fois par le météorologue Edward Lorenz et qui peut être résumée par la question suivante : " Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ". L'effet papillon est matérialisé par une chaîne d'événements, sans lien apparent, qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivant. 

Et s’il en était de même pour nos vies et, au-delà, pour l’humanité elle-même. Chaque instant porte inscrit en lui sa mortelle part d’incertitude. Comme l’a, avec tant de justesse, énoncé Paul Ricoeur : " Toute mort, même la plus attendue, intervient dans la vie comme une interruption ". Heureusement, les actes de chaque être humain entraînent une chaîne de conséquences imprévisibles qui traversent les siècles et les civilisations, bien au-delà de leur propre disparition.

Chacun de nos actes nourrit le flux que certains appellent le cours du monde. En prendre conscience c’est lutter contre l’illusion de la continuité et accepter la finitude de notre existence terrestre, tout en réalisant que tout n’est que mouvement et que chacun de nos gestes, la moindre de nos actions, contribuent à l’édification du monde sensible. Nous vivons au cœur d’un univers vibratoire, d’une énergie sans cesse mouvante qui se transforme en une multitude de faits et d’actions non nécessairement liés les uns aux autres et qui portent en eux-mêmes leur propre signification.

La vie n’est qu’une construction chaotique et nous n’avons de cesse d’essayer de donner l’apparence de l’ordre à un tumulte fait d’un peu de tout et beaucoup de rien. Un chaos que, parce que nous sommes perpétuellement en quête de sens, nous essayons pourtant d’ordonner tant, plus encore que le vide, la possibilité même du néant, la matière qui se dérobe, le non-sens et l’absence de logique sont pour nous, dans la relation intime que chacun entretient au monde, la source continue d’une angoisse métaphysique que seule la mort vient pénétrer. Citons une fois encore Paul Ricoeur : " La vie, du moins au stade humain, est un paquet de tendances dont les visées ne sont ni claires ni concordantes ; il faut une situation de catastrophe pour que, soudain, sous la menace de l’indéterminé absolu — ma mort —, ma vie se détermine comme le tout de ce qui est menacé ".

La vie : Un peu de tout et beaucoup de rien...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire