Soirée d'été, il est un peu tard. Demain
nous quitterons la Corse. Un dernier verre avec Véronique, Seb, Zach et Wlad chez Tao, au cœur de la citadelle de
Calvi.
Soudain, alors que rien ne l'annonçait, nous allions vivre une séance de nostalgie rétro-futuriste à l'occasion d'un bœuf improvisé et inattendu d'Izia
et Jacques Higelin répondant à l'invite de Tao-By.
Alors que le grand Jacques attaque seul au
piano les premières notes de Banlieue
Boogie Blues, les paroles de la chanson me reviennent « Parti de rien...T'as toutes les chances d'arriver nulle
part »(*).
Jacques et Izia Higelin, boeuf chez Tao, août 2013 |
Alors je
suis de nouveau l'adolescent d’Antony, ce lycéen de 1ère B bleue à qui son
professeur d'économie, et professeur principal, promettait une
"brillante carrière"... Que pouvait-il bien en savoir? Et quel drôle d'oracle cet adulte fort de son statut a-il fait lourdement peser sur les épaules
du gamin de seize ans que j'étais.
Bien loin de ces propos définitifs (!), en ce soir d'été
2013, je suis bien. Les garçons me regardent, un peu étonnés par mon enthousiasme, surpris même que je connaisse ce chanteur, cet air, ces paroles qui ne leur évoquent rien. Tout me revient, les mots sont là, ils coulent et je
chante en chœur avec le chanteur. Je me paie même le luxe de souffler au vieil auteur-interprète
à la voix cassée des paroles que le Libecciu qui souffle sur la Balagne a du emporter au large, vers le continent, loin de sa mémoire. Si en écoutant son disque dans ma chambre de la rue du Nord j'avais pensé qu'un jour je pourrais chanter avec lui...
« Rien,
je ne veux rien...
Rien,
je n'attends rien du tout...
Et
qui sait… » (**)
(*) Banlieue Boogie Blues - Jacques
Higelin - No man's land - 1978; (**) Rien - Jacques Higelin - Alertez les
bébés - 1976
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